L'état d'esprit majoritaire dans une population est appelée
opinion publique. L'opinion publique est ainsi constituée
par les jugements que portent les citoyens sur les questions d'actualité.
D'où deux questions : quelle valeur représente cette opinion
? Comment connaître cette opinion ?
Les médias et la formation de l'opinion publique.
La valeur du jugement va dépendre du niveau de connaissance dont
dispose le citoyen sur un sujet donné. Le rôle des médias
devrait donc être de fournir aux citoyens des informations fiables
et diversifiées pour que les citoyens puissent formuler un jugement
raisonné et argumenté. Dans le cas contraire, en l'absence
d'informations, l'opinion sera déterminée par l'émotion,
la rumeur, et pourra être facilement manipulée*. Les médias
influent sur notre façon de penser en présentant les informations
selon une orientation qui vise à souvent démontrer quelque
chose (on peut faire dire des tas de choses différentes à
une même image ou à un même événement).
Les journalistes ont donc un pouvoir important. Certains évoquent
La pluralité des sources d'information est ainsi une garantie de
la démocratie.
La liberté de la presse et des médias est inscrite dans l'article
11 de la Déclaration des droits de l'homme de 1789 "La libre
communication des pensées est un des droits les plus précieux
de l'homme; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement,
sauf à répondre de l'abus de cette liberté, dans les
cas déterminés par la loi." Les limites de la liberté
d'expression sont fixées par la loi du ler juillet 1881 sur la liberté
de la presse. Cette loi protège les citoyens contre les abus (diffamation,
violation de la vie privée par exemple) D'autre part les journalistes
disposent de codes déontologiques et, pour la plupart, ils s'y tiennent.
(voir texte 1) Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), créé
en 1989, veille au respect de ces règles par les chaînes de
radios et de télévision.
Mais les journalistes ne sont pas toujours indépendants; Ils peuvent
être, parfois, influencés par l'appât de l'argent, ou
bien subir les pressions de l'entreprise qui les emploie ou bien celle de
partis politiques.
Les journaux, les chaînes de radio et de télévision,
sont le plus souvent devenus la propriété de grands groupes
financiers ou industriels. Exemple le groupe Vivendi (ex CGE) Hachette-Lagardère.
Les médias sont soumis aux lois du marché (part d'Audimat
pour les télévisions, importance de la diffusion pour les
journaux) et sont dépendants de la publicité pour leur financement.
(Texte 2)
Pour attirer un plus large public, certains médias n'hésitent
pas à publier les informations ou les images les plus spectaculaires.
Ils se lancent dans la chasse aux scoops, allant, dans certains cas, jusqu'à
les forger de toutes pièces.
En France, comme dans les autres pays développés, ce ne sont
plus la censure ou la répression qui menacent le droit à l'information.
En fait, la presse perd peu à peu de son indépendance financière
au profit de grands groupes de communication. Ces liens avec le monde des
affaires, associés à la fascination qu'éprouvent parfois
les journalistes pour les milieux politiques, font redouter à certains
observateurs une manipulation de l'information plus dangereuse car plus
difficile à déceler. La presse peut-elle continuer à
jouer son rôle si elle n'est plus réellement indépendante
?
Connaître l'opinion publique : les sondages.
Politiques, décideurs économiques cherchent à connaître,
les goûts, les attentes ou les réactions de la population pour
mieux déterminer leurs choix. Pour connaître l'opinion publique,
des sondages sont organisés par des organismes privés spécialisés
(IFOP, CSA, SOFRES, etc.) Un nombre minimal de personnes (échantillon
représentatif) sont sélectionnés dans les différentes
catégories de la population. Un questionnaire précis leur
est soumis, puis les réponses sont ensuite comptées.
Le débat :
La fiabilité des sondages, malgré la réglementation
qui les encadre, est incertaine et elle dépend du nombre de personnes
interrogées, du type de questions posées et de la manière
dont elles sont posées. (voir texte 3)
D'autre part la publication des résultats d'un sondage n'a t--il
pas un effet en retour sur l'opinion publique elle-même ?
définitions :
* Manipuler : amener une personne ou un groupe à faire ou dire ce
que l'on veut.
* Média. (pluriel : médias) Vient de l'anglo-latin mass media
: "moyen de communication de masse". Désigne l'ensemble
de la presse écrite et audiovisuelle de grande diffusion.
* Déontologie : qui est en accord avec la morale. Ensemble des règles
et des devoirs professionnels d'un corps de métier.
Etude de textes
Texte 1 : la Charte de Munich (1970)
Ou Charte de déontologie* de la presse régionale
Les devoirs essentiels du journaliste dans la recherche, la rédaction
et le commentaire de l'information sont :
1. Respecter la vérité, quelles qu'en puissent être
les conséquences pour lui-même. [...]
2. Défendre la liberté de l'information. [...]
3. Publier seulement les informations dont l'origine est connue. [...]
4. Ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations.
[...]
5. S'obliger à respecter la vie privée des personnes. [...]
6. Rectifier toute information publiée qui se révèle
inexacte. [...]
7. Garder le secret professionnel et ne pas divulguer la source d'informations
confidentielles.
8. S'interdire le plagiat, la calomnie, la diffamation et les accusations
sans fondement. [...]
9. Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui de publicitaire
ou de propagandiste. [...]
10. Refuser toute pression. [...]
1/ A partir de ce texte, essayez de définir le mot " déontologie
".
2/ Quelle garantie cette charte offre-t-elle aux citoyens ?
Texte 2 : Le travail du journaliste ... vu par un journaliste
Pour le journaliste Serge Halimi " ( ... ) coincé entre le propriétaire
du journal, son rédacteur en chef, son audimat, sa concurrence et
ses complicités croisées, le journaliste n'a plus guère
d'autonomie. ( ... ) Révérence face au pouvoir, prudence devant
l'argent : assurément, cette double dépendance de la presse
française crée déjà les conditions d'un pluralisme
rabougri. "
Serge Halimi
Les nouveaux chiens de garde, Liber, 1997.
- Quels sont selon le journaliste Serge Halimi, les obstacles à
un fonctionnement efficace des médias en règle générale
?
Texte 3 : la fiabilité des sondages et les élections présidentielles
de 1995
Pour les élections présidentielles de 1995, un sondage IFOP
du 9 octobre 1994 évaluant les chances d'éventuels candidats
prévoyait les résultats suivants au 2nd tour : Jacques Delors,
51%; Edouard Balladur, 49%.
résultats des élections en % des suffrages exprimés
1er tour 23 avril 1995 : Lionel Jospin 23,3 %; Jacques Chirac 20,84 %;
E. Balladur 18,58 %
2nd tour 7 mai 1995 : Lionel Jospin 47,36 %; Jacques Chirac 52,64 %
1. D'après le sondage d'octobre 1994, qui aurait été
élu président de la République ?
2. D'après le résultat des élections, qui a été
élu? Où se situent les personnes placées en tête
des sondages d'octobre ?
dessin de Plantu paru dans 'Le Monde" 13 janviert 2002
"(...)Et, partout, au coeur des rédactions, à résister
de manière presque invisible à la pression de l'audience,
donc des annonceurs, à l'arbitraire d'un rédacteur en chef
sur le choix d'un sujet, à la démagogie, au sensationnalisme.
Certaines émissions ont marché, d'autres moins. Et c'est à
l'obsession de l'audience que doit maintenant répondre le service
public. Le débat Jean-Marie Messier-José Bové a fait
un score médiocre : fallait-il y renoncer, sous prétexte
qu'en face, Zidane rencontrait Figo et que France-Portugal fit un score
de match du Mundial ? Car l'audience, c'est souvent ça :
le hasard d'une programmation, qui va déterminer des succès
ou des échecs sans grand rapport avec les qualités ou les
défauts intrinsèques de l'émission. L'émission
sur la torture en Algérie était face à un "Combien
ça coûte ?" où était réunie
toute la bande de "La vérité si je mens". On
pourrait en sourire : deux regards sur l'Afrique du Nord, en quelque
sorte. "La vérité si je mens" contre "La vérité
si je meurs": qui croyez-vous qui l'emporta ? !
Entre les deux tours des municipales, la chaîne déprogramma
"CQFD" pour laisser place à des débats régionaux
organisés par la rédaction. L'audience de la soirée
a été catastrophique : est-ce pour autant qu'ils n'avaient
pas leur légitimité ? On pourrait multiplier les exemples
à l'infini.
Cette question est essentielle pour le service public : il y joue sa
raison d'être. (...)"
Michel Field animateur et producteur de télévision ("ce
qui fait débat" et "Prise directe") Le Monde 4
mai 2001