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L'opinion publique et les médias*.

(éducation civique pages 72 et 73)

L'état d'esprit majoritaire dans une population est appelée opinion publique. L'opinion publique est ainsi constituée par les jugements que portent les citoyens sur les questions d'actualité. D'où deux questions : quelle valeur représente cette opinion ? Comment connaître cette opinion ?

Les médias et la formation de l'opinion publique.

La valeur du jugement va dépendre du niveau de connaissance dont dispose le citoyen sur un sujet donné. Le rôle des médias devrait donc être de fournir aux citoyens des informations fiables et diversifiées pour que les citoyens puissent formuler un jugement raisonné et argumenté. Dans le cas contraire, en l'absence d'informations, l'opinion sera déterminée par l'émotion, la rumeur, et pourra être facilement manipulée*. Les médias influent sur notre façon de penser en présentant les informations selon une orientation qui vise à souvent démontrer quelque chose (on peut faire dire des tas de choses différentes à une même image ou à un même événement). Les journalistes ont donc un pouvoir important. Certains évoquent
La pluralité des sources d'information est ainsi une garantie de la démocratie.
La liberté de la presse et des médias est inscrite dans l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme de 1789 "La libre communication des pensées est un des droits les plus précieux de l'homme; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la loi." Les limites de la liberté d'expression sont fixées par la loi du ler juillet 1881 sur la liberté de la presse. Cette loi protège les citoyens contre les abus (diffamation, violation de la vie privée par exemple) D'autre part les journalistes disposent de codes déontologiques et, pour la plupart, ils s'y tiennent. (voir texte 1) Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), créé en 1989, veille au respect de ces règles par les chaînes de radios et de télévision.

Mais les journalistes ne sont pas toujours indépendants; Ils peuvent être, parfois, influencés par l'appât de l'argent, ou bien subir les pressions de l'entreprise qui les emploie ou bien celle de partis politiques.
Les journaux, les chaînes de radio et de télévision, sont le plus souvent devenus la propriété de grands groupes financiers ou industriels. Exemple le groupe Vivendi (ex CGE) Hachette-Lagardère. Les médias sont soumis aux lois du marché (part d'Audimat pour les télévisions, importance de la diffusion pour les journaux) et sont dépendants de la publicité pour leur financement. (Texte 2)
Pour attirer un plus large public, certains médias n'hésitent pas à publier les informations ou les images les plus spectaculaires. Ils se lancent dans la chasse aux scoops, allant, dans certains cas, jusqu'à les forger de toutes pièces.

En France, comme dans les autres pays développés, ce ne sont plus la censure ou la répression qui menacent le droit à l'information. En fait, la presse perd peu à peu de son indépendance financière au profit de grands groupes de communication. Ces liens avec le monde des affaires, associés à la fascination qu'éprouvent parfois les journalistes pour les milieux politiques, font redouter à certains observateurs une manipulation de l'information plus dangereuse car plus difficile à déceler. La presse peut-elle continuer à jouer son rôle si elle n'est plus réellement indépendante ?

Connaître l'opinion publique : les sondages.

Politiques, décideurs économiques cherchent à connaître, les goûts, les attentes ou les réactions de la population pour mieux déterminer leurs choix. Pour connaître l'opinion publique, des sondages sont organisés par des organismes privés spécialisés (IFOP, CSA, SOFRES, etc.) Un nombre minimal de personnes (échantillon représentatif) sont sélectionnés dans les différentes catégories de la population. Un questionnaire précis leur est soumis, puis les réponses sont ensuite comptées.
Le débat :
La fiabilité des sondages, malgré la réglementation qui les encadre, est incertaine et elle dépend du nombre de personnes interrogées, du type de questions posées et de la manière dont elles sont posées. (voir texte 3)
D'autre part la publication des résultats d'un sondage n'a t--il pas un effet en retour sur l'opinion publique elle-même ?

définitions :

* Manipuler : amener une personne ou un groupe à faire ou dire ce que l'on veut.
* Média. (pluriel : médias) Vient de l'anglo-latin mass media : "moyen de communication de masse". Désigne l'ensemble de la presse écrite et audiovisuelle de grande diffusion.
* Déontologie : qui est en accord avec la morale. Ensemble des règles et des devoirs professionnels d'un corps de métier.



Etude de textes

Texte 1 : la Charte de Munich (1970)

Ou Charte de déontologie* de la presse régionale

Les devoirs essentiels du journaliste dans la recherche, la rédaction et le commentaire de l'information sont :

1. Respecter la vérité, quelles qu'en puissent être les conséquences pour lui-même. [...]
2. Défendre la liberté de l'information. [...]
3. Publier seulement les informations dont l'origine est connue. [...]
4. Ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations. [...]
5. S'obliger à respecter la vie privée des personnes. [...]
6. Rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte. [...]
7. Garder le secret professionnel et ne pas divulguer la source d'informations confidentielles.
8. S'interdire le plagiat, la calomnie, la diffamation et les accusations sans fondement. [...]
9. Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui de publicitaire ou de propagandiste. [...]
10. Refuser toute pression. [...]

1/ A partir de ce texte, essayez de définir le mot " déontologie ".
2/ Quelle garantie cette charte offre-t-elle aux citoyens ?

Texte 2 : Le travail du journaliste ... vu par un journaliste


Pour le journaliste Serge Halimi " ( ... ) coincé entre le propriétaire du journal, son rédacteur en chef, son audimat, sa concurrence et ses complicités croisées, le journaliste n'a plus guère d'autonomie. ( ... ) Révérence face au pouvoir, prudence devant l'argent : assurément, cette double dépendance de la presse française crée déjà les conditions d'un pluralisme rabougri. "
Serge Halimi
Les nouveaux chiens de garde, Liber, 1997.

- Quels sont selon le journaliste Serge Halimi, les obstacles à un fonctionnement efficace des médias en règle générale ?

Texte 3 : la fiabilité des sondages et les élections présidentielles de 1995


Pour les élections présidentielles de 1995, un sondage IFOP du 9 octobre 1994 évaluant les chances d'éventuels candidats prévoyait les résultats suivants au 2nd tour : Jacques Delors, 51%; Edouard Balladur, 49%.

résultats des élections en % des suffrages exprimés

1er tour 23 avril 1995 : Lionel Jospin 23,3 %; Jacques Chirac 20,84 %; E. Balladur 18,58 %
2nd tour 7 mai 1995 : Lionel Jospin 47,36 %; Jacques Chirac 52,64 %


1. D'après le sondage d'octobre 1994, qui aurait été élu président de la République ?
2. D'après le résultat des élections, qui a été élu? Où se situent les personnes placées en tête des sondages d'octobre ?



dessin de Plantu paru dans 'Le Monde" 13 janviert 2002

lire une critique récente des sondages pour les élections présidentielles de 2002

un exemple de l'influence de la formulation des questions sur les réponses


Audimat et service public.

"(...)Et, partout, au coeur des rédactions, à résister de manière presque invisible à la pression de l'audience, donc des annonceurs, à l'arbitraire d'un rédacteur en chef sur le choix d'un sujet, à la démagogie, au sensationnalisme.

Certaines émissions ont marché, d'autres moins. Et c'est à l'obsession de l'audience que doit maintenant répondre le service public. Le débat Jean-Marie Messier-José Bové a fait un score médiocre : fallait-il y renoncer, sous prétexte qu'en face, Zidane rencontrait Figo et que France-Portugal fit un score de match du Mundial ? Car l'audience, c'est souvent ça : le hasard d'une programmation, qui va déterminer des succès ou des échecs sans grand rapport avec les qualités ou les défauts intrinsèques de l'émission. L'émission sur la torture en Algérie était face à un "Combien ça coûte ?" où était réunie toute la bande de "La vérité si je mens". On pourrait en sourire : deux regards sur l'Afrique du Nord, en quelque sorte. "La vérité si je mens" contre "La vérité si je meurs": qui croyez-vous qui l'emporta ? !

Entre les deux tours des municipales, la chaîne déprogramma "CQFD" pour laisser place à des débats régionaux organisés par la rédaction. L'audience de la soirée a été catastrophique : est-ce pour autant qu'ils n'avaient pas leur légitimité ? On pourrait multiplier les exemples à l'infini.

Cette question est essentielle pour le service public : il y joue sa raison d'être. (...)"

Michel Field animateur et producteur de télévision ("ce qui fait débat" et "Prise directe") Le Monde 4 mai 2001


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