PROMETHEE

La ferme ! C’est le comble

A l’occasion de la réalisation de travaux de couverture, l’entrepreneur remarqua la présence inquiétante d’un trou béant dans le mur juste sous une des extrémités de l’entrait bas. Afin de reboucher la maçonnerie, il entreprit de soulever la poutre au moyen d’un étai métallique. C’est lors de cette manœuvre que la pièce de charpente céda à l’autre extrémité, provoquant le basculement de la ferme de quelques dizaines de centimètres et une émotion de plus grande amplitude.

La partie du bois qui avait lâché, mal protégée par la maçonnerie de la façade, avait été endommagée par l’eau de pluie. Cependant, l’existence d’un entrait retroussé avait limité les dégâts. Afin de consolider la ferme, deux pannes de sapin, posées sur les murs gouttereaux, prirent en sandwich les jambes de forces auxquelles elles furent boulonnées.

Cette réparation de "fortune " n’était pas une "riche " idée. Aussi, c’est avec satisfaction que nous avons vu mis en œuvre, à l'automne 1998, un procédé plus discret et plus judicieux. Il ne subsiste de l’ancienne réfection que la partie comprise entre les jambes de force et les rampants.

Pour la rénovation de la couverture, intervenue au cours de l’été 1994, nous avions choisi un matériau associant chevron, isolant et plaque de placoplâtre. La mise en œuvre de ce matériau impliquait une charpente absolument plane. Les vieilles poutres de chêne furent alors remplacées par des pannes en sapin.

Il ne subsiste donc de l’ancienne charpente que la fameuse ferme triangulée. Afin de souligner sa portée et mettre en évidence ce qu’elle renferme, elle a fait l’objet de soins attentifs : confection d’une cheville en acacia destinée à raffermir un contreventement, brossage à l’huile de coude et passage à huile de lin. Cette opération a ravivé la teinte du bois et fait apparaître son lignage, ce trait particulier évoquant les anciens qui l’ont conçue puis élevée.

Afin d’achever sa mise en valeur, les rampants et des pannes qu’elle supporte ont été traités dans des tons clairs et éclairés par une douzaine de spots très basse tension.

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La ferme triangulée

La ferme triangulée

La ferme triangulée fait appel à l’aptitude spécifique du matériau : le travail à la traction. Le poids des toitures supporté par la charpente du comble a tendance à déverser les murs et interdit donc l’accroissement de la pente des rampants, pourtant favorable à une meilleure évacuation des eaux.

La ferme triangulée permet d’éliminer ces inconvénients, car elle lie solidement les points bas des pièces obliques qui supporte le poids de la couverture.

La ferme triangulée est un ensemble indéformable composé de trois éléments principaux : deux arbalétriers obliques reliés par l’entrait, éventuellement greffés sur un poinçon vertical dont la base s’assemble au milieu de l’entrait pour l’empêcher de fléchir sous son propre poids.

La ferme élémentaire nécessitait l’adjonction d’autres organes permettant d’assurer, dans les combles de grandes dimensions, la parfaite rigidité des pièces principales : divers composants apparaissent, notamment les faux entraits, les contreventements reliant le poinçon au faîtage, les liens et aisseliers renforçant la jonction de deux éléments connexes.

Dans le cas des fermes à entrait retroussé et arbalétrier interrompu, l’entrait est supporté par deux jambes de force qui s’encastrent à la base dans les poutres du plancher. Des blochets relient les sablières aux jambes de force. Les aisseliers triangulent la jambe de force et l’entrait, permettant la reprise des forces exercées sur les arbalétriers.

De la même façon que l’entrait retroussé relie à leur base les arbalétriers, l’entrait bas (désigné sous le nom de plancher dans l’illustration) maintient en place les jambes de force. Son rôle consiste à empêcher arbalétriers et jambes de force de s’écarter vers l’extérieur du bâtiment. Il tire d’un côté comme de l’autre, c’est pourquoi il est parfois appelé tirant.

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