système organisé et organisant
 
 
Perspective "quantique" de la cognition
 
Avec Bessire (2000, 2005), spécialiste de gestion-comptabilité s’inscrivant dans une certaine lignée productrice de connexions entre Économie et Psychologie (i.e. Simon, Kahneman & Tversky, Kaplan…), nous trouvons, fondée sur une théorie trialectique d’inspiration morinienne (travail initié par Nifle, 1986 ; cité par Bessire, 2000), une modélisation du monde des entreprises et des règles et relations qui les ordonnent.
 
Selon Bessire, le pilotage d’une organisation implique une pluralité d’acteurs, mobilisant chacun, des systèmes de valeurs différents. Chacun intervient à sa manière dans le pilotage de l’organisation et une prise en compte insuffisante de cette pluralité des points de vue, conduit inévitablement à en réduire l’efficience et l’efficacité (i.e. problème de la convergence des buts). Tout comme l’évaluation avec laquelle il est lié, le pilotage de l’entreprise se caractérise par un questionnement en termes de signification et d’interprétation des actions menées. Il suppose toujours un minimum d’appropriation par les acteurs impliqués, et un minimum de consensus sur les finalités poursuivies, les stratégies mises en œuvre et les objectifs retenus. L’entreprise répondant ainsi, au schéma systémique de la trialectique, il est tout fait possible de l'inscrire dans ce paradigme de la logique du tiers inclus et, le cas échéant, de l’enrichir en retour.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Au sein de la triade de l’organisation, la première dialectique (1=2) représente la dialectique émotionnelle et sensible des relations, la seconde (4=6), la dialectique formelle et mentale des représentations, la troisième (3=5), corporelle et factuelle des opérations. Cette triade met en évidence le fait que les acteurs sont à la fois : déterminés par les contraintes de l’organisation au sein de laquelle ils œuvrent, ainsi que par les représentations sociales et culturelles qu’ils en ont ; et déterminants, car ce double conditionnement laisse apparaître des marges de jeu où la liberté des acteurs peut se manifester.
 
Ainsi, la trialectique se trouve-t-elle au cœur de la dynamique de l’organisation, mettant en évidence son caractère à la fois déterminé et déterminant. L’acteur est perçu comme tributaire d’un champ de contraintes qui vient limiter plus ou moins fortement sa marge de jeu, mais il n’est jamais totalement mécaniquement déterminé par ce champ car il dispose toujours d’une capacité d’initiative susceptible de faire émerger de la nouveauté. Que l’on se place au niveau de l’opérateur, ou à celui de l’entreprise, tous deux sont déterminés par leur enveloppe d’activité. L’organisation se comprend comme un construit humain, c.-à-d. par les Hommes qui la constituent et la reconstituent, à travers leurs actions et interactions, toujours guidés par un projet, sinon celui de l’organisation, à tout le moins celui des acteurs œuvrant, même malgré eux, ensemble.

Olivier Penelaud