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La vie extraordinairement ordinaire d'Elisabeth-Gertrude Larmagauche, infirmière (10)
Résumé des épisodes précédents :
Au commencement, dieu créa le ciel et la terre, etc... (1)
Chapitre dix : Le coup de Pétoncle.
Sa vengeance enfin accomplie, au delà même, de toute espérance,
Élisabeth-Gertrude Larmagauche put enfin consacrer la majeure partie
de Montand, pardon, du sien, à tenter de réaliser le rêve
de sa vie: se faire pénétrer le pilou-pilou par le zigouigoui
de Pétoncle Leerdamer.
Or, voici ce qu'il arriva.
Ce matin là, Élisabeth-Gertrude Larmagauche était en retard. Elle qui, d'habitude, aimait prendre son temps pour s'habiller, se maquiller, se pomponner, elle se contenta de passer rapidement une jupe plissée bleu marine, une paire de socquettes et un tee-shirt blancs. Puis elle enfila une paire de mocassins plats. Pour courir plus vite.
A peine était-elle arrivée à l'hôpital que
soeur Marie-Ulla de la Penetracion, l'infirmière en chef, lui sauta
sur le poil ce qui, mais ceux qui ont suivi le savent déjà,
était un juste retour des choses.
"Vite, vite !" lui dit elle sans ambages, "Le professeur Leerdamer
opère ce matin. Il faut immédiatement préparer la
salle d'opérations !".
Pa(encore)niquée, Élisabeth-Gertrude fila vers la salle
d'op et s'activa derechef à préparer les outils du chirurgien.
Elle aligna les scalpels, les cramps, les massettes et les burins, fit
le plein de la tronçonneuse (une Husquvarna 345 Air Injection) et
affûta le disque de la débroussailleuse.
C'est alors qu'elle remarqua une ampoule grillée dans la lampe
ultra moderne qui éclairait la table d'opération. Répugnant
à faire appel à ce gros cochon d'Alain-Roger Bidonoy, elle
décida de changer l'ampoule elle-même.
* * *
Dans son bureau jouxtant sa salle de consultations, le célèbre et très médiatique professeur Pétoncle Leerdamer ne décolère pas (taxifolia) (2). Il devait opérer d'une tumeur au cerveau un adjudant-chef d'infanterie, et il manquait cruellement d'expérience en matière de microchirurgie. Pour couronner le tout, c'était justement aujourd'hui que cette connasse d'infirmière (comment s'appelle-t-elle, déjà ?) se permettait d'arriver en retard. Sans faire ni une ni deux, ce qui eut été ridicule, il fila vers la salle d'op. En ouvrant la porte, il eut la vision infernale de l'infirmière à quatre pattes sur la table d'opération, une ampoule à la main. La jupe relevée d'Élisabeth-Gertrude laissait apercevoir une fine culotte de nylon blanc. En une fraction de seconde, Pétoncle vit défiler la plus belle période de son enfance. Dans son esprit embrumé, il revit des images de break Volvo, de vélos noirs, de jupes plissées et de culottes blanche. Sa colère tomba d'un coup, et une érection proportionnelle à la décrue de son ire tendit brusquement son pantalon.
* * *
Tout autour du mirador qui offrait une vue imprenable sur la salle d'opérations,
les étudiants de la faculté de médecine de Juvisy
sur Orge (Essonne) commençaient à s'agglutiner. Il s'agissait
d'un groupe d'un cinquantaine de carabins triés sur le volet, les
seuls autorisés à assister à cette intervention hors
du commun.
Pour l'instant, seule une infirmière s'activait dans la salle
d'op, et les carabins regardaient distraitement cette femme au physique
plutôt avenant. L'intérêt des mâles monta d'un
cran lorsqu'elle grimpa sur la table pour changer une ampoule. La scène
devint passionnante lorsque le professeur Leerdamer entra dans la salle.
La joie des carabins était à son comble lorsque, baissant
son pantalon, le professeur grimpa sur la table derrière l'infirmière
pour lui faire subir les derniers outrages. Cette dernière, ayant
reconnu son patron, semblait d'ailleurs ravie de l'intermède.
Suant, soufflant, rougeoyant, Pétoncle s'escrimait derrière Élisabeth-Gertrude. La sueur collait ses cheveux blondasses sur son front. Il avait remarqué les étudiant agglutinés aux vitres du mirador, et cet ajout au coté pervers de l'affaire ne lui déplaisait pas. La jouissance ne fut pas longue à venir. Il éructa un "gorferdom" digne d'un charretier néerlandais, sauta de la table, remonta son pantalon et fila derechef vers les toilettes pour y nettoyer l'objet du délit, alors que l'infirmière remontant sa culotte, le couvait (l'objet du délit, bien sur) d'un regard reconnaissant. Durant l'opération, qui d'ailleurs, mais on s'en fout un peu, fut un réel succès, Élisabeth-Gertrude gratifiait son patron de regards enamourés que celui-ci ignorait de main de maître.
Dans les jours qui suivirent, l'attitude de Pétoncle Leerdamer envers Élisabeth-Gertrude redevint telle qu'elle avait toujours été. Si notre héroïne en concevait une certaine amertume, le souvenir qu'elle conservait de cet instant magique où son héros au long « bec » l'avait emmanchée un bon coup, outre qu'il lui faisait penser à une fable de Lafontaine(3), suffisait à la combler d'un bonheur intense et inoxydable. Elle se demandait toutefois pourquoi, quand elle croisait des étudiants dans les couloirs de l'hôpital, ceux-ci se mettaient à parler entre eux à voix basse, riant sous cape.
La fin du mois arriva sans qu'Élisabeth-Gertrude ne vit débarquer les Anglais. Ce qui passerait pour une bonne nouvelle pour les Français du quatorzième siècle et pour les Ardéchois d'aujourd'hui inquiétait beaucoup la fille unique et préférée de feu Léon-Olivier Larmagauche. Une visite chez son gynécologue fut suivie d'une analyse sanguine dont le résulta la força à se rendre à l'évidence : Élisabeth-Gertrude Larmagauche était enceinte.
(à suivre si vous le voulez bien...)
(1) Si vous croyez à ces conneries, faites le vous-même,
le résumé. Les autres, reprenez celui du chapitre 6. Si vous
croyez à ces conneries, faites le vous-même, le résumé.
Les autres, reprenez celui du chapitre 6.
(2) Les érudits qui fréquentent ces contrées malsaines
auront sans doute remarqué que j'emploie ici le présent alors
que le récit est situé au passé. Je tiens à
préciser que je l'ai fait dans le seul but de placer une astuce
que, d'ailleurs, seuls les mêmes érudits auront comprise.
Il voudront bien m'en excuser. Une faute de style contre un calembour végétalo-maritime,
le marché me semble moins truqué que celui des lycées
d'Île de France.
(3) Note aux francophones non français et aux Français
incultes : Lafontaine fut le premier adepte du "copier/coller" : il a tout
piqué à Esope.