![]() |
![]() |
|
![]() |
Chic, des vacances à Palavas-les-Flots !
"Whouaf !
Et oui, me revoilà. C'est moi le chien qui a oublié son nom. Mais si, vous savez, celui que les stupides deux-pattes qui me servent de maîtres nomment PAF (et ça m'énerve toujours autant).
Je sais, il y avait longtemps que je ne vous avais pas senti le cul mais je dois dire que rien de passionnant ne s'est produit depuis la dernière fois.
Mais là, il y a du nouveau. Déjà, il y a quelques jours, les deux-pattes de mon foyer étaient vraiment très énervés. Mon maître criait encore plus que d'habitude, mais pas sur moi et ça c'est bien. Ils étaient tous en train de chercher partout, de sortir plein de trucs, à croire qu'ils voulaient à tout prix trouver ma planque pour les os. Ils sont vraiment stupides. Je n'ai pas de planque à os, ici. Dans le jardin de mon ancienne maîtresse, oui, j'en avais une mais ici, où pourrais-je creuser, hein ? Mais le manège a continué un certain temps : la maîtresse et les deux petits sortaient pleins de trucs des gros trous dans le mur, le maître criait un grand coup en se tenant la tête, ils remettaient une partie des trucs dans les trous ... et en ressortaient d'autres, et ça recommençait. J'ai fini par comprendre qu'ils s'apprêtaient à quitter le foyer. Ca m'a réjouit un moment car lorsqu'ils quittent le foyer, je vais en général chez la maîtresse de Jean-Médor et ça c'est bien. Mais voyant qu'ils sortaient beaucoup plus de trucs que d'habitude, j'ai réalisé qu'ils comptaient quitter le foyer pour longtemps, voire pour toujours (ce serait bien car c'est un mauvais foyer, petit et sans jardin). Ca signifiait aussi une chose : il ne serait plus question d'aller chez Jean-Médor donc j'allais devoir entrer dans la niche mobile, dans l'endroit sans coussin où il fait noir. Rien que d'y penser, j'ai failli vomir.
Pendant ce temps, ils ne pensaient pas à moi, ce qui n'est pas
plus mal, mais au bout d'un moment, je me suis dit qu'ils allaient peut-être
m'oublier, et là, ça m'a mis un peu mal à l'aise.
Alors j'ai fait comme eux : je suis allé chercher mes affaires pour
les mettre dans le couloir. Oh, je n'ai pas grand chose : mon coussin,
ma gamelle, ma laisse et ma balle (qui était à la petite
mais depuis le jour où je l'ai attrapée au vol, mâchouillée
un peu et bavé dessus, la petite n'en veut plus). Voyant ça,
ma maîtresse s'est arrêtée un moment pour me regarder
avec un air gentil. Elle a dit un truc du style :
- Regarde, comme il est intelligent, il a compris que nous partons
!
- Mais non, c'est juste de l'instinct. C'est qu'une bête, après
tout. En plus ce chien a été élevé par ta mère
donc il est idiot.
- Tu pourrais respecter sa mémoire, sale con. Alors il a crié,
elle a pleuré, la petite en a fait autant par solidarité,
le morveux qui ricanait s'est pris une baffe et je suis allé me
planquer dans un coin pour ne pas prendre un coup de pied. La routine,
quoi...
Le lendemain, ils ont fourré tous les trucs dans deux niches mobiles. Il y avait celle que je connaissais, qui pue et qui me rend malade, et une autre juste derrière, blanche et plus grande. Comme l'endroit sans coussin où il fait noir était plein à craquer, ils m'ont fait rentrer seul dans la grande niche blanche et ont dû s'entasser tous dans la petite. Ils sont vraiment stupides. Je me suis demandé si la grande niche allait au même endroit que la petite mais ça a commencé à bouger et j'ai vite été trop malade pour m'inquiéter.
Il faisait chaud, j'avais soif, j'ai vomi. Du coup, lorsque la niche s'est arrêtée, j'ai pris une trempe mais j'ai pu boire. C'était un endroit bizarre avec plein de niches mobiles. Après, je me suis barré pour courir un peu et aller pisser. J'ai senti le cul de Henri-Sultan, un bâtard triste qui traînait dans le secteur. Il m'a raconté que ses maîtres l'avaient oublié ici et qu'il ne savait pas quoi faire. En plus, il avait faim. Je lui ai dit de se bouger le cul et de retourner dans son foyer s'il veut éviter de se faire prendre dans un filet et mettre en cage (c'est un bruit qui cours chez nous). « A ton instinct, tu dois te fier, jeune Henri-Sultan » ai-je dit. Je sais, c'est un peu creux mais visiblement, ça l'a motivé. Il a reniflé l'air, puis il est parti en trottinant dans une direction, un peu au hasard. J'espère qu'il trouvera mais de toute façon, je ne pouvais pas grand chose de plus pour lui. Du coup, quand le maître m'a appelé, j'ai rappliqué ventre à terre.
Et ça a continué. J'ai un perdu le peu de notion du temps dont je dispose (je ne suis qu'un chien, après tout), mais nous avons fini par nous arrêter définitivement dans un drôle d'endroit avec des arbres que je ne connaissais pas, un bruit de fond inquiétant et une odeur bizarre dans l'air. Ensuite, le maître a rangé ses niches mobiles dans un petit espace au milieu de plein d'autres. Ensuite, aidé de la maîtresse et des petits, il a installé des piquets sur le côté de la grande niche mobile blanche et les a recouvert d'une grande toile marron avec des fleurs. Ca avait l'air compliqué car il a beaucoup crié. Les deux-pattes sont vraiment des spécialistes pour faire des choses très difficiles dont on ne comprend pas l'intérêt une fois faites. Enfin, il a fabriqué une petite niche en toile. J'étais ému en pensant que c'était pour moi mais le jeune morveux a investi les lieux dès qu'elle fut prête. Et la vie à commencé à s'organiser dans ce foyer beaucoup plus petit que le précédent. Le gros avantage pour moi, c'est que je n'ai plus besoin de demander la permission de sortir, je suis dans le jardin en permanence.
Pas loin, il y a un endroit surprenant au bord de l'eau. Il y a deux terres différentes. La première est molle et sèche, et c'est très bien pour gratter et creuser (un peu comme le petit endroit à la base de loisir où les bébés deux-pattes jouent, sauf qu'on n'a pas le droit d'aller y gratter). La seconde est plus dure et mouillée, et c'est très bien pour courir vite et déraper. Je ne comprend pas bien car normalement, c'est lorsqu'elle est mouillée que la terre est molle. Cette terre a plein de minuscules grains et peu d'odeur. Mais le truc le plus inquiétant, c'est quand même l'eau. A la base régionale de loisir de Juvisy, il y a aussi de l'eau mais je peux en faire le tour, lorsque je me promène avec Jean-Médor et sa maîtresse. Ici, ça a l'air beaucoup plus grand. Cette eau n'est pas terrible parce qu'on ne peut pas la boire (elle a un goût affreux qui donne encore plus soif et pour de l'eau, c'est pas normal). En plus, elle bouge beaucoup. Une fois, alors que je me trempais les pattes, l'eau a fabriqué une grosse bosse qui m'est tombée dessus. Ca m'a retourné dans tous les sens, je ne savais plus où était le haut et le bas, et je me suis retrouvé sur le dos en agitant les pattes avec de l'eau et des grains partout, même dans les yeux et la bouche. C'est très désagréable et je crois que cette eau est cruelle, ce qui explique peut-être pourquoi le maître semble bien l'aimer. Lorsque ça m'est arrivé, le maître faisait encore ce drôle de bruit de gorge qui fait s'agiter ses épaules. Bref, ce fut un moment difficile pour ma dignité de chien de race. Depuis, je suis méfiant et j'arrive à éviter les bosses d'eau. A part ça, c'est une bonne eau pour nager. Et puis de temps en temps, sans que je sache pourquoi, l'eau s'en va un peu plus loin et à la place, il y a des gros cailloux et de la vase. Ca sens mauvais et il y a plein de petites bêtes entre les gros cailloux. Une fois, j'en ai trouvé une, avec plein de pattes, qui marchait tellement bizarrement que je ne savais pas où était la tête et la queue (encore moins le cul). Elle n'avait pas de poils mais une peau très dure. Lorsque je l'ai sentie, elle m'a attrapé la lèvre et m'a pincé très fort. J'ai eu mal, j'ai secoué la tête dans tous les sens et j'ai projeté cette sale bestiole sur un caillou. Ca a dû la casser un peu et j'ai fini par lui mettre un coup de dents. Ca a craqué, un peu comme un os, mais c'était pas très bon.
Je vais dans cet endroit en général le matin et le soir lorsque la nuit tombe et qu'il y a peu de deux-pattes. Les maîtres y vont aussi en plein milieu de la journée, après le repas, mais c'est stupide car il fait très chaud et il n'y a pas d'ombre. Je préfère rester dormir à l'ombre près du foyer. En plus, comme beaucoup d'autres foyers sont vides au même moment et qu'aucun n'a de barrière, j'ai souvent l'occasion de récupérer des truc à manger. Les maîtres ont souvent un jeu étrange avec des balles en métal. Il y en a aussi une petite en bois. La première fois que j'ai vu le maître la lancer, j'ai cru qu'enfin, il voulait jouer avec moi, alors j'ai couru pour l'attraper puis je me suis couché pour la mordiller, tout fier de moi. Le maître a beaucoup crié et m'a filé une trempe avant de m'attacher le reste de la journée. Depuis, je refuse de jouer avec lui.
Globalement, la vie reste assez intéressante, ici, d'autant que j'ai fait la connaissance de quelques congénères, dont une femelle fauve et noire pas mal du tout malgré son museau trop pointu. D'ailleurs, la nuit étant bien noire, maintenant, il est temps pour moi d'aller la retrouver pour lui sentir le cul.
A suivre s'il se passe du nouveau pour PAF au camping de Palavas les Flots...