« Qui prélève quoi sur un litre de pétrole parmi les états membres du G7 ? | Main | Base de données mondiale du terrorisme »

vendredi, juin 27, 2008

Audiovisuel public: Sarkozy plus fort que Berlusconi

Soucieux de délivrer la télévision publique des contraintes liées au financement par la publicité pour qu'elle puisse enfin "étancher la soif de connaissance, d’émotion et de culture" (2) des français, voilà la l'objectif annoncé par Nicolas Sarkozy, justifiant la restructuration du paysage de l'audiovisuel publique. D'un autre coté Le premier ministre François Fillon explique sérieusement qu'il est plus logique que ce soit le Chef de l'Etat qui nomme directement le présendent de France Télévision, étant donné que le système de nommination ayant jusque là perduré était "hypocrite" (France 2, Journal télévisé de 20 heures, 26 juin 2008). Doit-on y voir une remarque de type populiste destinée à arracher l'adhésion générale pour justifier une prise en main directe des nomminations par le pouvoir exécutif ? Pourquoi donc user d'un tel argument comme levier alors que le noble souci du chef de l'état devrait largement suffir ?

De fait, l'opération permet aux grand groupes audiovisuels du secteur privé d'accroitre leurs bénéfices, au détriment de la télévision publique dont la liberté sera limitée par la nomination directe du président de France Télévisions par le chef de l'état et par un budget emputé malgré les promesses de compensations partielles provenant de la création de nouvelles taxes.

Conjointement à cette mesure, le Ministère de la culture et de la communication réfléchi à une révision des limitations imposées aux groupes audiovisuels leur interdisant de posséder à la fois un journal national, une télévision et une radio (1).

Le véritable enjeu pourrait dépasser la simple restructuration du secteur audiovisuel : et si cette mesure n'avait de véritable raison d'être autre que la prise de contrôle des media et de l'information ? Difficile en effet de s'imaginer que les grands groupes tels que Bouygues n'ait quelques reconnaissances de dette à l'égard d'un pouvoir qui compte aussi, sur un autre front, s'attaquer à Internet, sur la base d'une lutte contre le téléchargement illégal avec la mise en place d'une infrastructure et d'un dispositif de surveillance général des transferts de données ?

(1) Grégory Rzepski et Henri Maler, "Mascarade pour un massacre ? Télévisions publiques en péril, pluralisme en danger", Acrimed, 9 juin 2008.

(2) "Discours de Nicolas Sarkozy, Président de la République, Installation de la Commission pour la Nouvelle Télévision Publique", 19 février 2008.

Posted by dkp at 11:23 AM
Edited on: vendredi, juin 27, 2008 12:05 PM
Categories: Medias