Ibm 701
Edvac
Willy Higinbottam
Ralph Baer
Steve Russel, M. Graetz
Nolan Bushnell
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Archéologie
et
invention du jeu vidéo
par
Mister Tekos
v
1.0
12 novembre 2002
(ceci est un article persistant, à retravailler collectivement
sur la base de vos critiques, remarques, corrections)
En
Europe la question de l'invention du jeu vidéo ne travaille guère
les historiens des médias et les rares théoriciens des jeux vidéo,
car cela semble sans véritable enjeux, et pour ainsi dire anecdotique.
Au plus trouve t-on dans les ouvrages français consacrés aux jeux
vidéo trois ou quatre pages sur cette question, mentionnant en général
Steve Russell comme le premier auteur de jeu de l'histoire, avec Space
war en 1962. Pourtant
sur
ce sujet, Internet s'avère être une mine considérable
d'informations. Il existe des centaines de chronologies de l'histoire
du jeu et des dizaines de sites consacrés à son archéologie, fabriqués
en général par des collectionneurs ou d'anciens programmeurs.
Puisqu'il y a toujours un concours des "toutes premières fois", c'est
un jeu de Morpion créé en 1953 sur un ordinateur IBM
qui figure quelque fois en tête de chronologies de l'histoire du jeu
vidéo disponibles sur le Net. Il y a près d'un demi-siècle en effet,
IBM présentait ses tous premiers systèmes informatiques dans les salons
professionnels, en utilisant d'abord un simple jeu de morpion, puis
un jeu de go, d'échecs, de dames. Seulement il n'était pas question
de s'amuser avec ces machines de plusieurs millions de dollars (1).
C'est aussi à cette période que serait née dans l'imagination d'un
ingénieur de télévision Ralph Baer le premier projet de console de
jeu, qui devra attendre une vingtaine d'années avant de voir le jour.
Comme nous allons le voir c'est autour de ce personnage que s'articule
depuis le début des années 80, le débat sur l'invention du jeu vidéo.
I.
Quatre inventeurs et une polémique pour commencer
En 1958 le phycicien américain Willy Higinbotham met au point un jeu
de tennis avec un écran d'oscilloscope et un ordinateur analogique.
On lui attribuera selon les époques plusieurs noms : Tennis Programming,
Tennis for two, ou encore Tennis Willy. Willy Higinbotham
ne pensa pas à breveter cette invention, ne croyant pas dans son destin
industriel. Ainsi de par l'antériorité de la date, W.H est souvent présenté
comme l'un des pères du jeu vidéo à côté de trois autres américains
: Steve Russell, Nolan Bushnell et Ralph Baer. Quatre
décennies plus tard, la question de la paternité du jeu vidéo a déjà
largement fait débat ax Etats-Unis. Dans plusieurs textes consacrés
à cette question, Ralph Baer, inventeur de la console Odyssey Magnavox
revendique avec force la paternité du jeu vidéo. Il remportera d'ailleurs
toute une série de procès, dont un contre Atari et Nolan Bushnell au
début des années 70, et plus tard contre la société japonaise Nintendo,
procès qui furent l'occasion de faire le point sur les brevets d'origine
mais encore de sortir de l'anonymat l'ingénieur du Brookhaven
National Laboratory, Willy Higinbotham, mais encore l'ingénieur du MIT
Steve Russell.
Baer découvre l'existence d'Higinbotham en 1985 lors du procès qui oppose
sa société Sanders à Nintendo sur le brevet des consoles. Dans un texte
publié en 1999 Ralph Baer rappelle tente de remettre en ordre ces inventions
successives. Il rappelle donc W.H. utilisa un oscilloscope et un ordinateur
analogique. Or pour lui un jeu vidéo se joue sur un écran de télévision
standard ou sur un moniteur télé, car Par définition précise-t-il, "le
jeu vidéo utilise le procédé vidéo". Selon R. Baer, Higinbotham
se contenta de connecter l'ordinateur analogique à l'oscilloscope et
reprogrammant le mouvement ballistique. Il souligne qu'après la seconde
guerre mondiale les armées américaines et allemandes utilisaient couramment
ce système de tracking interactif, qu'il ne viendrait à l'idée de personne
d'appeler des "jeux vidéo". Pour Baer, Higinbotham ne serait que le
père "d'une curiosité de laboratoire". On ne peut pas parler
de "père" s'il n'y a pas "d'enfant" et l'enfant de W.H disparut le jour
de son desassemblage. "Il ne fit rien pour sauver son enfant, et
pour cause, il ne sut jamais reconnaître le germe d'un produit".
Pour Baer, Steve Russell ne peut pas non plus prétendre au titre "d'inventeur
du jeu vidéo", même s'il reconnaît qu'il fut le premier
à programmer un jeu. Mêmes motifs que pour le précédent : pas de brevet
et pas de vision industrielle.
Ainsi le texte de Baer ne laisse pas beaucoup de place au débat historique
: "Seuls deux hommes peuvent revendiquer la paternité du jeu vidéo
: Nolan Bushnell et Ralph Baer. Bushnell construisit un jeu d'arcade
(Computer Space) en 1969 qui utilisait a raster-scan TV monitor Display.
Le jeu ne fut pas un succès". Baer qualifie clairement Bushnell
de "père du jeu vidéo d'arcade". Et il conclut ainsi : "Je suis venu
avec le concept de jeu sur interface télé standard en septembre 1966
(The Brown Box) dont la licence fut créée en 1970 par Magnavox et devint
l'Odyssey 1TL200 en 1972. A peu près 100.000 consoles furent vendues
cette année par Magnavox. Il y avait là une invention, le développement
d'une idée, le marketing de cette idée. Ainsi, je suis clairement le
père du jeu vidéo personnel (Home Video Games). Par incidence, la compagnie
de Bushnell, Atari, fut la première à prendre une licence sous mon brevet
dans les années 70. Le fait que Bushnell développa Pong après avoir
joué à un jeu de Ping-Pong sur une Odyssey 1TL200 à une démonstration
de Magnavox de Los Angeles en mai 1972 est aussi bien connu. Je recommande
fortement aux sites internet consacrés au jeux vidéo en particulier
devrait refléter les faits tels qu'ils sont et non de réecrire l'histoire
sur de fausses informations" (1)
Afin de se dégager du caractère passionné et nécessairement subjectif
de ce débat, il apparaît utile de revenir sur la genèse des premiers
jeux, et de comprendre l'apport respectif de ces quatre inventeurs.
p
1
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(1) La
firme américaine est à cette période dans une position qui n'est pas sans
rappeler celle de Bill Gates près de cinquante ans après, vis-à-vis de
la juridiction américaine. Au début des années 1950 une plainte est déposée
contre IBM alléguant des pratiques de monopole dans le marché des ordinateurs,
en violation de la loi de Sherman.
Une cour de district américaine rend un jugement final en janvier 1952.
Un décret de consentement est signé par IBM lui imposant des limitations
sur la manière de faire des affaires dans le domaine des "machines électroniques
pour le traitement des données".
(2) Voir Voir sur le site Emulation
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