Concepts

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L’Idée

 

Philosophes

Platon, Kant.

 

Concepts

-      selon Platon, la réalité abritait deux mondes : le monde sensible, que nous percevons, matériel et visible, où tout est soumis au changement (les apparences), et le monde des Idées (ou Formes idéales, eidos), uniquement accessible par l'intellect, où se trouvent les essences des choses. Au-delà du monde éternel et immuable des Idées, il y a le Bien, unique fondement de toutes choses - perceptibles et intelligibles - qui est la quête ultime du philosophe. En gros, ce qui est perçu par nos sens (le corps) peut être différent d'un individu à l'autre, mais ce qui est dicté par la raison (l'esprit) est immuable et fiable. C'est pour cela qu'il pensait qu'un État idéal devait être gouverné par des philosophes. La théorie des Idées est notamment abordée dans le Timée (51 c), La République (X), le Phédon (103 c) et le Parménide (130 c).

-      selon Kant, « Une Idée n’est rien d’autre que le concept d’une perfection qui ne s’est pas encore rencontrée dans l’expérience. Par exemple, l’Idée d’une République parfaite gouvernée d’après les règles de la justice. » (Kant – Réflexions sur l’éducation)

 

Qu’est-ce qu’une Idée platonicienne ?

« Il y a Formes de l'ensemble des choses naturelles, non pas des individus comme tels, mais de ce qui est commun à une multiplicité d'individus : il n'y a pas de forme de Socrate, mais une Forme d'Homme, de Cheval. Et ainsi de toutes les réalités de la nature, y compris le cheveu, la boue, la crasse (Parménide, 130 c), y compris des qualités, comme la couleur (Lettre VII, 342 d). Un problème se pose à propos des choses fabriquées (artefacta). Y a-t-il par exemple une navette en soi (Cratyle, 389 b) ? Platon a d'abord soutenu l'existence des telles Formes, en disant que « la nature détermine l'instrument approprié à chaque genre de travail » (op. cit.). Mais à la fin de sa vie, il les aurait exclues. » [Extrait de « Éléments de philosophie comparée », Alain Tornay, Éd. Saint-Augustin (p. 86)]

 

À quoi sert le concept platonicien d’Idées ?

-      selon Aristote dans son Livre Alpha de la métaphysique, Platon pensait comme Héraclite que les choses sensibles, qui s’écoulent perpétuellement, ne pouvaient être objet de science. Ayant entendu Socrate rechercher des définitions universelles de certains concepts, il conçut que cet universel ne pouvait provenir des choses sensibles, toujours changeantes, mais de quelque chose en dehors du sensible qu’il appela Idées.

-      selon Jeanne Hersch, Platon aurait repris l’ancien problème soulevé par l’école de Milet : « Qu’est-ce qui persiste à travers le devenir et l’éphémère ? » Ce sont les Idées, formes pures, parfaites et éternelles.

-      selon Françoise Raffin, c'est parce qu'il n'a pas supporter la condamnation de son maître que Platon s'est posé la question de ce qu'était, au fond, la Justice. Si la condamnation de Socrate est légale, elle n'est pas légitime. Cette injustice pousse Platon à se tourner vers la philosophie au détriment de ses ambitions politiques. La « droite philosophie » est en effet fondée à rechercher en quoi consiste l'idée de justice – son essence –, qui seule permettra de distinguer le juste de l'injuste. C'est le but de la théorie des Idées que de pouvoir opérer ce partage.

-      selon Gilles Deleuze, Platon avance ainsi une réponse au problème des prétendants, problème crucial dans la Grèce antique. Comment sélectionner les prétendants au pouvoir politique ? Comment distinguer le digne représentant du peuple de l'arriviste ? le philosophe du sophiste ? la bonne conduite de la mauvaise ? Le concept d'Idée -- la chose en tant que pure --, en proposant en quelque sorte un référentiel idéal, devait aider les Grecs dans leurs choix, les guider dans leurs décisions pour sélectionner les prétendants.