Il existe plusieurs sortes de tapis :
les tapis, les kilim, les cicim, les sumak.
Le tapis est une pièce rectangulaire composée d'une
trame et de fils de chaîne noués qui forment un velours plus ou moins épais
à la surface en fonction du nombre de noeuds au centimètre carré.
Deux sortes de noeuds sont utilisées dans la confection d'un
tapis :
Noeud
symétrique dit « noeud ghiordes »
Noeud asymétrique dit « noeud senneh »
Le noeud symétrique est plus couramment utilisé pour la
confection des tapis turcs alors que le second asymétrique est plus particulièrement
utilisé pour les tapis persans.
Les noeuds symétriques sont réputés plus solides.
Une fois terminé, il est extrêmement difficile de différencier
un tapis avec des noeuds turcs d'avec un tapis à noeuds persans.
Le velours est en laine dans la plupart des tapis à points
noués, jamais en coton sauf pour les tapis turcs de Kayseri (Césarée),
parfois en soie pour les plus fins comme ceux d'Hereke.
Certains tapis nomades ont aussi des chaînes ou des bordures
réalisées en poil de chèvre ou même de chameau.
Le kilim est composé d'une trame sur laquelle les fils
de chaîne sont tissés. Les kilims sont moins épais que les tapis et
n'ont pas de velours. La variété des motifs et des couleurs est tout
aussi généreuse que pour les tapis.
C'est en général un ouvrage fait en laine ou en coton, avec
parfois des fils de soie pour obtenir des espaces blancs.
Le cicim est un kilim rebrodé, ce qui présente un aspect de
relief en surface.
Le sumak est un ouvrage dont les fils de chaîne ne sont
pas tissés par des fils de trame. La technique consiste à réaliser le dessin
en emprisonnant à chaque opération un nombre variable de fils de chaîne avec
des fils de couleurs placés perpendiculairement et noués à l'arrière du
travail.
La majorité des cicim et des sumak sont en laine.
L'emploi de la laine ou du coton pour réaliser les fils de
trame et/ou de chaîne, s'est fait en fonction de facteurs historiques, géographiques
et économiques.
Historiquement, la laine a précédé le coton dont la culture
n'est apparue que bien après l'élevage des moutons.
L'utilisation du coton a longtemps été cantonnée dans ses
zones de production (régions méridionales à climat humide).
En dépit du développement des transports et de la diminution
des coûts d'acheminement, le coton est resté longtemps un produit cher généralement
destiné aux villes importantes.
En raison de ces différents facteurs, une sélection dans
l'emploi des composants de la chaîne et/ou de la trame des tapis s'est installée
logiquement.
Sans toutefois systématiser, on constate que les nomades et
les habitants des régions les plus isolées utilisent la laine produite
localement alors que dans les villes et les régions plus faciles d'accès les
artisans emploient plus facilement le coton.
Les qualités respectives de la laine, du coton
et de la soie
La laine, utilisée dans la chaîne et la trame des tapis
donne plus de souplesse et plus de solidité que le coton car l'ensemble laine
sur laine est plus homogène.
Le coton permet de réaliser un serrage plus fin. Par contre
les tapis sont moins résistants à l'humidité ambiante et cela est important
si l'on raisonne sur une durée de vie de plusieurs dizaines d'années.
La chaîne de coton d'un tapis risque lentement de se dégrader
pour peu que le tapis reste dans une atmosphère humide due à des raisons
climatiques, en bord de mer ou encore dans une résidence secondaire habitée
occasionnellement.
Il faut savoir aussi qu'à la longue, le fil de coton finit
par couper les fils de laine et cisailler les noeuds qui composent le motif du
tapis.
La soie est tout aussi solide et résistante que la laine.
Cependant la finesse des tapis de soie les rend plus vulnérables et les dégradations
qu'ils peuvent subir sont plus visibles que sur les autres tapis.
La qualité d'un tapis et par conséquent son prix dépendent
donc de multiples facteurs :
- La nature et la qualité des matières premières utilisées.
- Les couleurs qui seront d'autant plus appréciées qu'elles
seront naturelles. Attention aux couleurs "fluo" qui n'existent pas dans la
nature et aux couleurs qui "bavent" l'une sur l'autre ou qui sont délavées.
- La densité des noeuds car plus un tapis est dense,
meilleure est sa qualité.
- La souplesse et le « tombant » qui sont directement liés à la densité des
noeuds. Plus un tapis sera dense, mieux les coins se remettront à plat lorsqu'on
les laisse tomber
Les tapis de soie
Comme
nous vous le disions plus avant, la finesse des motifs est beaucoup plus grande
sur les tapis de soie que sur les autres tapis et kilims de laine ou de coton. La soie étant
beaucoup plus fine que tous les autres fils utilisés, elle permet des records
difficilement imaginables quant au nombre de noeuds réalisés. Certaines oeuvres, car il s'agit bien d'oeuvres d'art dans
ce cas là, peuvent compter jusqu'à 1444 noeuds au centimètre carré soit une
surface inférieure à celle d'un ongle de la main. Peu de femmes sont capables de faire un travail aussi fin et
l'apprentissage est long et la patience indispensable.
Pensez qu'il faut parfois 5 à 6 années pour présenter un travail abouti d'un
demi mètre carré ...
Il est donc évident que dans ces conditions le tapis de
soie soit cher. Il doit être considéré au même titre qu'un tableau. C'est un
chef-d'oeuvre à part entière. Aussi, nous ne saurions trop vous conseiller d'être attentifs à ce
qui vous est proposé.
Méfiez vous des tapis en coton mercerisé qui offre un aspect et une brillance
identiques à première vue que ceux en soie véritable. Ces tapis sont appelés " Flosh " par les professionnels et
ont également leur charme à condition de ne pas être présentés et vendus au même
prix que les véritables tapis de soie.
Si votre budget et vos goûts vous inclinent à faire l'acquisition de l'un
de ces magnifiques tapis, faites vous conseiller, prenez votre temps, comparez
motifs, qualité, finesse, souplesse et prix et dites vous qu'un marchand honnête
comprendra parfaitement que vous ayez besoin de réfléchir et ne vous pressera
pas de partir avec un achat fait à la va-vite.
Les tapis présentés ici ont été photographiés à la manufacture de Mustafa Pasa
dont vous trouverez les coordonnées à la rubrique "Bonnes adresses".