La relation d’aide
Notes et fragments jean-Pierre Chrétien
Attribuer à l’autre des capacités de savoir(s)
Solliciter l’autre dans ce qu’il est est le sollicité dans son imprévisibilité.
Amener l’autre à la communauté ou amener l’autre à la singularité.
L’AUTONOMIE :
Qu’est-ce que la relation d’aide ? Quelles sont les relations entre aide et dépendance ?
Une dépendance normale
Il faut commencer par reconnaître que ces questions d’autonomie et d’indépendance sont toujours à relativiser. Personne n’est pleinement autonome, ni totalement indépendant. L’autarcie du sujet humain est un mythe, et fait un bien triste idéal. Il existe une dépendance normale, ordinaire, commune et inéluctable, de tout sujet humain par rapport à son environnement économique, social, culturel et relationnel. La société française, avec ses télescopages quasi structurels entre la critique permanente de l’assistanat pour les autres et les perpétuelles demandes adressées à l’État dès lors que survient la moindre difficulté pour soi, rend particulièrement problématique toute réflexion sereine sur les problématiques de la dépendance et de l’autonomie. Nous avons une forte tradition d’abandonnisme à l’égard des bébés, et l’on sait que l’abandon tend à créer un besoin compulsif d’attachement, ce que l’on nomme en psychopathologie une dépression anaclitique. Nous oscillons entre bonapartisme et anarchisme. Notre droite politique mêle allègrement discours libéral flamboyant et étatisme atavique.
Mais cette problématique de la dépendance n’est pas propre à la société française, même si elle prend chez nous des formes souvent risibles dès lors qu’on prend un minimum de recul par rapport à nos passions nationales. Il existe, partout, une dépendance fondamentale des individus à l’égard du social qui s’enracine dans des phénomènes humains universels, qui vont de la division sociale du travail à l’attachement primaire (ou l’inverse ?).
Toute relation humaine effective présente au fond une dimension, forte ou discrète, de relation d’aide, avec tous les phénomènes de dépendance et les difficultés de séparation que cela implique. Il faut garder ici à l’esprit que la relation de dépendance peut parfaitement être symétrique, même si ce n’est pas vraiment le cas dans les phénomènes qui nous occupent ici. Toutefois, la dissymétrie structurelle de la relation adulte/enfant n’interdit en rien par ailleurs une réciprocité de la dépendance dans les relations d’aide, comme nous le verrons plus loin.
L’idéal éducatif, ou rééducatif, n’est pas, ne peut pas être et ne doit pas être de fabriquer des individus autarciques, des autistes sociaux...
Les pratiques objectivées
L’idée de bien être psychologique transforme les pratiques. Le principe d’autonomie a fait place à celui d’intégration et insertion. Dans ce processus, le travail sur autrui laisse la place au travail avec autrui. Les pratiques objectivées de l’action s'appuient, non plus sur les manques de carences repérés de la personne accueillie mais sur une trajectoire d'autonomie. Elles se présentent comme un processus dynamique d'échange entre le travailleur social et la personne. Elle vise la transformation de la situation basée sur les potentialités du sujet pour créer les conditions, les meilleures, favorisant ainsi le devenir du sujet comme acteur de sa vie.
L’intervention de type relationnel alors, transforme l’action en réponse singulière (« le travail social au singulier »). La démarche se veut transversale : On travaille sur l’individu dans sa globalité pour relier les personnes entre elles et avec la société ; elle articule « approche individuelle » et « approche collective ». L’opposition des valeurs attise la division du travail au lieu qu’une seule et même référence d’action tende à assurer la cohésion…… Les valeurs notamment celle de l’idéal pédagogique se défendent aussi de moins en moins
Jacques Ion, Du travail social au singulier.