LA BOITE A IDEES
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mis à jour le 03/05/2014
Textes de lettres, journaux intimes, notes remontant à la période de 1870-1871 (guerre franco prussienne et Commune). A défaut des textes eux-mêmes (ou de leurs copies), je recherche leurs références bibliographiques de manière à pouvoir les insérer dans les bibliographies.
Correspondances et souvenirs inédits de l'intervention française au Mexique, 1862-1867.
Références au conflit de 1870 dans les lettres et carnets de guerre de la Grande Guerre (1914-1918).
Pour constitution d'un corpus de sources en vue d'une nouvelle recherche :
Lettres, récits ou journaux intimes couvrant la période 1965-1970.
Si vous avez cela dans vos greniers et que vous êtes disposés à m'en transmettre copie... !
Je m'engage à ne pas diffuser le document.
NB : Je ne suis pas collectionneur, seule la transcription des textes ou images m'intéresse. Merci d'avance.
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IDÉES DE RECHERCHES.
(cette icône signale les notes ajoutées à l'occasion de la mise à jour)
Mémoire de la colonisation : l'expérience du Tonkin.
La mémoire des "Turcos", folklore, arme de dissuasion et paternalisme : analyse de la représentation des Turcos dans la période 1870-1900 et la vision qu'en avaient les contemporains.
Les femmes dans la guerre de 1870 : rôle, perceptions... Réalités, limites... Instrumentalisation a posteriori, voire pendant le conflit à des fins de propagande...
Les enfants combattants : Voir le témoignage d'O. Crémazié sur le Corps des enfants constitué pendant le Siège de Paris. A vérifier au SHD ?
"Crimes de guerre avoués" ; repérage bibliographique : les anciens combattants avouent rarement un crime ou une horreur commise par eux mêmes ou leur camp (cf. Audouin et Becker) - quelques cas, cependant, existent. Voir Rebochon ("on tue" des ennemis qui se rendent) ; le marquis de... (anonyme12 qui abat un soldat qui refuse de marcher et lui tient tête) ; Antoine Noyer avoue des brutalités..., anonyme(7) dans une lettre du 19/8 avoue ne plus vouloir faire grâce aux Prussiens qui demandent à se rendre (cf. abus de ces derniers), le soldat Aubriot, ... voir aussi le livre de Turquan. Voir aussi "guerre de race", "guerre d'extermination" : ces expressions reviennent souvent. Pour mesurer l'ampleur de ce sentiment, lister les auteurs qui utilisent ce genre de formule ? Louis Blanc (cité par Clarétie, p.72 de son journal) ; Gounod, Balleyguier (23/10), abbé Risse le 17/8 (cf. Roth p.67)..., Guyard, Guillaume.
- La représentation comparée des prisonniers de la Commune et ceux de la guerre : les haines civiles se lisent-elles dans la différence de traitement des sujets?
La représentation de la guerre : dans quelle mesure la représentation de la 2ème partie de la guerre change par rapport à celle de la 1ère partie, témoignant du changement de nature de la guerre ? comparer aussi entre 1870 et 1914. Photo d’un assaut en 1914 – tableaux de 1870. Voir aussi la place de la femme et des enfants dans ces représentations. La représentation du siège de Paris ?
La représentation du prisonnier : confronter l'image aux discours sur les prisonniers. Il existe un hiatus à éclaircir et une évolution dans le temps qui mérite explication. Vois Rousset mais aussi tout autre représentations trouvées.
La représentation française de l’Intervention au Mexique : voir les tableaux de Detaille, Beaucé, Manet… Quelle perception de l'événement ?
Les témoins étrangers des deux sièges de Paris : leur regard sur les évènements ?
PROBLEMATIQUES de recherche
Vous trouverez ci-dessous une liste de problématiques pouvant donner lieu à une recherche ; je m'y attaquerai peut-être, un jour ou l'autre, mais je ne m'en réserve pas l'exclusivité ; si l'expression de ces sujets vous inspirent, vous me verrez ravi d'avoir pu susciter une vocation. Si, en revanche, vous connaissez un ouvrage ou auteur qui réponde à l'une d'entre elles, n'hésitez pas à m'en faire part.
Sur l'intervention française au Mexique
Quels effets les lettres des soldats français ont-elles eu sur le cours de la guerre et les appréciations qui en furent faites a posteriori ? Dans quelle mesure ont-elles participé de la défaite en entretenant certaines illusions, favorisé la diffusion d'un état d'esprit défaitiste autant qu'accusateur, renseigné l'ennemi ? Voir Quidam, la presse et les correspondances privées pendant la guerre de 1870, Paris, Chapelot 1903 ; et les lettres du major Krestchmann.
Analyse comparée de lettres françaises et allemandes : au delà des appréciations liées à la victoire ou à la défaite, Français et Allemands n'entretiennent-ils pas les mêmes soucis et visions du conflit ? Comment expliquer que les mêmes mots, les mêmes reproches ou les mêmes sentiments s'expriment quand les motivations ou satisfactions sont a priori très différentes ?
Le syndrome du "vent du boulet" est un mal qui peut paralyser un homme sur le champ de bataille, voire une unité entière. Dans les affrontements de la guerre moderne, il existe des traumatismes que les médecins modernes évaluent, mais qu'ils n'évaluaient pas au 19ème siècle. Certes, la sensibilité des individus face à certains "spectacles" n'était sans doute pas la même que de nos jours. Toutefois, et étant donné la qualité d'une partie importante des recrues de 1870, des hommes à peine formés et recevant leur baptême du feu dans les batailles cruciales du début août (cf. carnets de Claude Lombard), dans quelle mesure un tel syndrome a pu influer sur le cours de la guerre ? (il faudrait se reporter aux rapports de médecins militaires des années d'après guerre). Les hommes traumatisés par de tels syndromes "ressentent une difficulté énorme (...) à croire en l'avenir de l'homme en général et au leur en particulier, ont le sentiment d'avoir été impuissants quand il ne fallait pas l'être, de porter une blessure ouverte et d'être menacés sans cesse, de ne pas avoir le droit de survivre à ceux qu'ils ont vu mourir..." disent aujourd'hui les psychiatres. De tels sentiments apparaissent dans les "souvenirs" ; dans quelle mesure ont-ils pu déformer le récit des anciens combattants ? Jusqu'à quel point le culte de la Revanche et la mise en cause de quelques bouc émissaires ne fut-il pas le moyen pour eux de soigner leur mal ? Vent du boulet : témoignages d'hommes sous le choc, traumatisés par le feu. cf. Aigny pp.14-15 et 20 ; Benjy, 1er septembre ; Pinguet le 16/08 (fin de citation) ; Rocheron p.41 ; anonyme1 p.254 ; Noyer p.31; Boyer p.33 ; Meuley (p.10). L'obsite.
Le défaut de "communication" n'est-il pas un des facteurs clés dans l’histoire du 18 mars ? Voir article sur "le ressentiment et la Commune"
La "torture" pendant l'Intervention française au Mexique (affaire Mirès) : réalités et limites ?
Dans quelle mesure la sévérité dont furent victimes "les fusillés pour l'exemple" en 1914-1918 s'explique (ou se nourrit) par le souvenir très fort de l'indiscipline qui affecta nombre d'unités pendant la guerre de 1870 ? Cette problématique est à aborder en relation avec le livre de Nicolas Offenstadt : les fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective (1914-1999), paru aux éditions Odile Jacob.
Dans Le gâchis des généraux (Paris, Plon 2001), Pierre Miquel souligne (p.13) l'indépendance (progressivement perdue) dont disposait les généraux français. Cette indépendance ne peut-elle pas être mise en relation avec la situation de 1870, terrible souvenir d'un désastre au cours duquel les généraux avaient particulièrement souffert des choix imposés par le pouvoir central, que ce fut sous l'autorité de l'Empereur, de Palikao ou de Gambetta ?
Spécialistes de la peinture militaire, Édouard Detaille et Alphonse de Neuville ont mis en scène la guerre de 1870. Ils ont privilégié la représentation des "anecdotes" (Le cimetière de Saint-Privat, la dernière cartouche, la charge de Reichshoffen ou celle de la brigade Michel à Morsbronn) ; sinon, ils se sont associés pour réaliser d'immenses Panorama (celui de Rezonville ou celui de Champigny) qui ne sont, en réalité, qu'une juxtaposition de tableaux décrivant des situations indépendantes les une des autres. Ce choix de représentation qui tranche avec la manière d'un Yvon pour la période du 1er empire ou celui des peintres de la Grande Guerre (dont Philippe Dagen a souligné "le silence") n'est-il pas l'expression inconsciente d'une mutation de la guerre en train de s'opérer, d'une modernisation en cours, d'un passage de la guerre de type ancien à celle moderne ?
La représentation de la guerre de 1870 a, par ailleurs, tendu à déréaliser le combat. Tout en figurant la violence, les artistes ont réussi à atténuer celle-ci, à la gommer de l'image, à rendre la bataille "belle". Ils ont fait l'apologie de la "bravoure" et réussi à effacer l'horreur du champ de bataille. Cette manière d'illustrer la guerre a sans doute aidé à mobiliser la génération de la Revanche ; elle a sans doute favorisé certaines formes de "consentement" à la Grande Guerre. Une étude attentive de l'impact de ces oeuvres sur l'opinion publique mériterait d'être menée. Dès lors, en liaison avec les réflexions menées par Philippe Dagen, il y a moyen de se demander si les artistes de 1914-1918, ceux-là du moins qui ont rompu avec les manières traditionnelles de peindre la guerre, n'ont pas refusé (plus ou moins consciemment) d'être les apologistes d’une nouvelle Revanche ? La différence entre la peinture des guerres du 19ème siècle et celles du 20ème n'est-elle pas l'expression de l'opposition entre "Revanchisme" (sentiment issu des nationalismes) et le « plus jamais ça » des années 30 ? (Voir aussi Silver (Kenneth), Vers le retour à l’ordre. L’avant-garde parisienne et la première guerre mondiale, 1914-1925. Flammarion, Paris, 1991).
Dans Anatomie de la bataille, John Keegan écrit : « Les idées de du Picq ont été après sa mort exagérément et improprement incluses dans la doctrine de l’armée française ; mais c’est en Amérique que leur destin devait être le plus vivace. La façon qu’il eut de mettre en lumière l’importance de la peur sur le champ de bataille y a été perçue comme un trait de franchise, un souci de coller à la vérité . La peur, tout le monde peut la comprendre et des milliers de soldats américains l’avaient ressentie sur les champs de bataille de la guerre civile. Lorsque la première guerre mondiale est survenue, la guerre civile avait déjà produit son comptant de livres de soldats, où le point de vue adopté devant la bataille était celui de l’homme de base et non celui du général. Nombre de ces auteurs n’avaient pas dissimulé la peur qu’ils avaient éprouvée ».
Cette différence entre l'expérience française et l’américaine ne mériterait-elle pas une analyse plus approfondie ? Dans quelle mesure les récits de souvenirs concernant la guerre de 1870 sont écrits du point de vue des généraux quand ceux (plus rares) qui prennent le point de vue du soldat (moins flatteurs pour l’esprit de la Revanche) ont été occultés ? Les reproches de Jean-Norton Cru dénonçant l'absence d'une littérature d'anciens combattants capables de désarmer l'esprit de la Revanche ou nourrissant ce "consentement" à la Grande Guerre évalué par Jean-Jacques Becker ne relèvent-ils pas de cette différence relevée par Keegan ? Dans une telle optique, une étude comparée des Souvenirs américains de la guerre de Sécession et des français de 1870 serait peut-être intéressante à mener ? Quel qu'en soit le résultat, elle aurait l'avantage de mettre en parallèle deux discours recouvrant sensiblement la même époque et s’inscrivant entre deux guerres aux dates proches.
Entre 1870, 1914 et 1940, les souvenirs de guerre se ressemblent. La confrontation des lettres ou carnets de guerre conduit souvent à y lire les mêmes réactions, sentiments, descriptions en dépit des différences énormes caractérisant chaque conflit (voir les regards croisés). Si on n'y prend pas garde, ces ressemblances peuvent conduire à développer de véritables anachronismes. Toutes précautions étant prises sur ce point, la question peut toutefois être posée : dans quelle mesure la guerre est-elle immuable ? N’est-ce pas plutôt la perception de réalités différentes qui reste identique ou est-ce le manque de mots ou de moyen d’expression qui conduit à la redite ?
« nous sommes prêts, archi prêts ; il ne manque pas un bouton de guêtre » (Le Bœuf, 15 juillet 1870) / « (notre armée) possède un matériel de la plus haute qualité, des fortifications de premier ordre, un moral excellent et un haut commandement remarquable » (Weygand, le 2 juillet 1939). Dans quelle mesure 1870-1914 et 1940 s’observent un même moral public fait de confiance et craintes mêlées ? Les déclarations rassurantes désarment-elles la nation ? La conscience de l’impréparation est-elle source de défaitisme ?
Henry Rousso observe (in La hantise du passé, Paris, 1998 : "Au lendemain de la (2ème) guerre (mondiale...) une vague de procès a offert, nolens volens, une première interprétation, une première narration à chaud de l'événement (...) Cette narration historique d'un genre inédit a précédé les premières analyses historiques qui se sont, elles, appuyées très largement sur les documents de ces procès et ont, du même coup, été très fortement influencées par les grilles de lecture juridiques (...) Les premières histoires de Vichy (notamment celle de Robert Aron publiée en 1954) se plaçaient sur un terrain très proche de la logique des procès de la Haute Cour de la Libération. Pétain était-il un traître ? Vichy était-il le fruit d'un complot fomenté avant guerre contre la IIIème République ?" (p.110-111). Le phénomène était-il vraiment inédit ? En dépit de variantes multiples, l'Histoire de la défaite de 1871 ne propose-t-elle pas au moins un antécédent ?Les premières "histoire de la guerre franco - prussienne (et d'autres par la suite) ne se sont-elles pas largement appuyées sur la grille de lecture élaborées dans le cadre du procès de Trianon de 1874 ? La question (encore discutée dans certains cercles) de la trahison de Bazaine n'a-t-elle pas pesé de façon excessive sur la réflexion des historiens, au moins ceux de la période 1871 - 1914 ? La proclamation de la République en pleine guerre n'est-elle pas (encore) suspectée d'être le résultat d'un complot fomenté contre l'Empire ?
Autres
- De quelle histoire une communauté hérite-t-elle quand une image plus forte que les autres s'impose à la mémoire du groupe au point de la reformater ?
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