Opus 1

Les élèves des écoles devant lesquels je fais le pitre me demandent souvent quand j’ai commencé à écrire.
Au début, je répondais: en 1996, quand mes premiers textes romanesques ont été publiés.
Ensuite, j’ai pensé que j’avais écrit ces textes des années plus tôt.
Et puis j’avais déjà écrit des livres sur les ordinateurs de 1988 à 1994.
En vérité, depuis 1974 je gagnais ma vie en écrivant des articles dans un magazine.
Chaque fois que l’on me demandait quand j’avais commencé, je remontais plus loin dans le temps.
Parfois, je dessine un grand A au tableau: “Ça, c’est la première chose que j’ai écrite, en 1949 ou 1950.”
Le plus souvent, maintenant, je raconte ce qui s’est passé vers 1970. Je travaillais dans une agence de publicité, comme jeune cadre dynamique chargé des contacts avec les clients et de la gestion des comptes. Je m’ennuyais. Je voyais bien que les gens qui travaillaient à l’étage au-dessus s’amusaient, eux. Ils créaient les publicités. J’ai demandé à mon chef si je pouvais monter d’un étage. Il m’a dit que je pouvais toujours essayer. J’ai écrit un film de pub sur la lessive Bonux. Le client l’a pris tout de suite. Je suis donc devenu “concepteur-rédacteur”. J’étais très content, parce que je n’avais plus besoin de porter un costume et une cravate, ce que j’ai toujours détesté. Surtout la cravate, qui me rappelait le collier du chien dans la fable de La Fontaine.
A partir de 1970, j’ai donc gagné ma vie en écrivant des bêtises, ce que je fais encore aujourd’hui.
Bien que cette belle histoire réponde parfaitement à la question, je continue à remonter dans le temps de temps en temps. Par exemple, l’autre jour, en rangeant des vieux papiers, j’ai retrouvé un machin que j’ai écrit (et dessiné) vers 1967, pendant mon service militaire. J’ai passé l’année de mon service militaire chez moi, parce que je n’aimais pas beaucoup l’armée. Je vous raconterai ça une autre fois. En tout cas, je n’avais pas grand-chose à faire, alors je gribouillais. Cliquez sur la flèche en haut à droite pour voir cet opus 1.

Douze numéros de Sourix, je trouve que c’est déjà pas mal. A partir de dorénavant, je vais tenir une chronique de mes visites dans les écoles. Pour la lire, cliquez sur Tintin.