Parmi les collines du Morvand - 1882
À mi-chemin entre
Paris et Lyon vous arrivez dans une région de hautes
terres plus ou moins boisées, qui s'étendent sur environ
soixante milles, avec des collines qui s’élèvent vague
après vague avant d'assumer finalement la dignité de
montagnes, appelées les Montagnes Noires, divisées par des
vallons profondément encaissées et de belles vallées
maintenues fraîches par les cours d'eau qui s’écoulent
pour alimenter les tributaires de la Seine et de la Loire.
La fraîcheur et le caractère varié du paysage sont
délicieux, particulièrement en venant des plaines
décolorées et arides de Provence. D’une part, il semble
sévère avec ses bois denses, ses ravins sombres et
solitaires, bordés par de grands escarpements de granit
et, d’autre part, gracieux et attirant, avec des collines
onduleuses dont les pentes boisées embrassent de beaux
îlots de verts pâturages où paissent des troupeaux de
moutons blancs et de bovins avec de belles cornes.
A présent, vous tombez sur une gorge à travers laquelle se
précipite un torrent impétueux entre de hautes roches
noircies par le temps et déchirées par des tempêtes en
formes fantastiques et, de nouveau, sur des prés frais et
ensoleillés, des champs cultivés avec des taillis hantés
d'oiseau dans chaque direction. Ici, vous êtes étonnés de
voir un hameau suspendu sur le flanc d'une montagne et là
un groupe de cabanes à demi cachées dans les profondeurs
d'une vallée isolée.
Cependant, ces montagnes ne sont pas comparables aux
sommets élevés et abrupts des Alpes, mais elles ont, pour
la plupart, des déclivités douces habillées de riches
forêts ou couvertes de moissons, mais plus ou moins
hérissées d'escarpements gris et pointus. Ici poussent le
chêne, le hêtre et l'orme des sorcières, le tremble et
l'aulne, dont d’énormes quantités de charbon de bois sont
faites et le bois de chauffage coupé pour être flotté sur
les rivières jusqu’à Paris.
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