CHATEAU    
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A la troisième génération, ce fut le fils de Jean Eberhard, Philippe Jean, qui fut châtelain de Diedendorf. Conseiller d'Etat du Palatinat, bailli à Herbitzheim et chef de délégation lors des négociations préparatoires aux traités de Westphalie; il mourut sans postérité en 1647. Son domaine de Diedendorf passa alors à ses cousins Jean Reimbert et Otto Eberhard, fils de Jean Il Streiff, établis tous deux en Livonie. Philippe Streiff de Lauenstein (gravure de Merian) Jean Reimbert (1610-1697), officier « maître de camp » au service de la France et de la Suède d'abord, se tourna vers la Prusse en 1685 lors de la révocation de l'édit de Nantes, et arriva à Berlin où on l'appela « le général d'Estreffe ». Il devint alors général du Brandebourg et commandant de la place de Francfort sur Oder, et ne se dérangea pas en 1647 pour venir prendre possession de son fief de Diedendorf. Il était d'ailleurs seigneur de Frénois, Bacourt et Rumersheim également, sans doute d'une manière aussi ... lointaine qu'à Diedendorf. Il s'était marié trois fois, en 1634 avec Anne-Marie d'Endingen, en 1642 avec Judith de Chelandre et en 1673 avec Suzanne de Chevenix, huguenote originaire de Metz, qui mourra comme lui à Berlin, mais en 1728 seulement. Le frère de Johann Reimbert, Otto Eberhard, lieutenant-colonel qui avait épousé sa cousine Eva Streiff de Lauenstein, fille de Philippe Thibaud, mourut en Livonie vers 1647, donc à l'époque où s'ouvrait la succession de la seigneurie de Diedendorf. C'est sa veuve, appelée « la colonelle » (die Obristin) qui, dès 1647, partit de la lointaine Livonie avec ses enfants en bas âge et vint courageusement s'établir à Diedendorf, dans un village dévasté par la guerre de Trente ans, notamment en 1629, et délaissé par ses habitants entre 1641 et 1644. Elle trouva son château en fort mauvais état. On sait que son personnel comprenait, à cette époque, un portier, un cocher, un berger, un vacher, un vigneron et un régisseur. Il faut y ajouter un "précepteur", Friedrich Schuster, en réalité compagnon sellier de Bouquenom, qu'elle engagea pour l'instruction de ses enfants. L'aînée Juliane (1645-1702) épousa au château de Diedendorf le chevalier Jean Frédéric Quadt de Landscron, dont elle aura une fille, Charlotte Frédérique (1684-1762) qui, mariée en 1720 à Weimar au chevalier Ernest Friedmann de Munchhausen, Oberhofmeister à Weimar, sera la dernière châtelaine de Diedendorf descendant de Jean Streiff de Lauenstein. 
Charlotte-Frédérique de Munchhausen Ernest Friedmann de Munchhausen Mais auparavant, son oncle, Otto Eberhard II Streiff de Lauenstein (1646-1722), fils d'Otto Eberhard 1 et seigneur de Niederviller, officier de la cavalerie au régiment Royal Allemand, avait pris la succession de sa mère, la «colonelle ». Marié en 1682 à Catherine Steyss de Görnitz (1644-1682), de Lorentzen, il n'en aura pas d'enfant. C'est lui, sans doute, qui, en 1674, pendant la guerre de Hollande, vit arriver au château le pasteur Holler de Wolfskirchen cherchant refuge avec une foule d'habitants des villages voisins, pour se mettre à l'abri des exactions des troupes de Condé, en étant assuré que Diedendorf, dont le seigneur était officier au service de la France, serait épargné. Peu après, une troupe de mercenaires irlandais mit le château à sac, suivis par des Schnapphähne (les chenapans) qui, pénétrant de nuit dans l'enceinte, pillèrent le peu qui restait. Le pasteur Holler, qui était en butte à l'hostilité des paroissiens de Diedendorf, lesquels refusèrent de lui fournir du bois pendant le rude hiver de 1674-75, fut à nouveau l'hôte du château en 1680, pendant cinq mois, lorsqu'il se sentit menacé par la contre-Réforme instaurée par les Français. 
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