Envoyé par Dieu
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Attila, qui à 10 ans faisait frissonner Aetius sous son regard, faisait trembler Valimère et la foule des autres rois, qui pensaient «que son corps crépitait dune sorte de scintillement qui attirait ou écartait les gens». Il possédait lépée divine : «... un jour, un bouvier hun, dans la steppe orientale du Tanaïs vit une de ses génisses boitiller. Il examina la bête et lui voyant une entaille au dessus du sabot, il chercha sur quoi elle avait pu se blesser. Suivant les traces de sang, il aperçut un peu plus loin dans lherbe la pointe dune épée qui, chose étrange, sortait perpendiculairement du sol, une épée dor... Elle était courte avec deux tranchants, le corps ajusté sur sa base par un solide faisceau de baguettes, tout à fait à fait semblable à ces lames quon voit fichées dans le sol des sanctuaire barbares, droites, nues et scintillantes, entourées doffrandes tel un Dieu défenseur du sol ancestral. Que celle-là, perdue volontairement par Marak, fût retrouvée ainsi dans cette immensité de lancienne Scythie devenue la Hunnie, comme portée par un dessein divin dans les mains dAttila, ne pouvait pas être pour lui, religieux comme il était, autre chose que le signe dune Volonté souveraine. Elle linvestissait lui, empereur des Huns, de la victoire, elle linformait non seulement quelle serait de son côté quoi quil entreprît, mais en outre que, le sachant désormais avec certitude, il avait le devoir daller au-devant delle. Le peuple romain le comprit si bien quil se remit à trembler ...» (M. Loi , Attila mon ami, mémoires dAetius, Berg International, 1997, p. 92-94). Mais pourquoi Attila et ses Huns sen prenaient-ils au peuple romain ? Cest vrai que les cavaliers hunniques, élevés sur les épopées héroïques, estimaient le courage, la force et ladresse, le parcours des grands espaces. Les turcophones étaient majoritaires dans les steppes de lEurasie et leurs cousins mongols étaient souvent bilingues. Un peuple hunnique était composé dune tribu «royale» fédératrice (comme Cangalas chez Sakhas) et de quelques autres tribus. Le but de cette union («El» ou «Il» en turco-mongol) était la survie, la défense de son territoire. Un peuple fort pouvait à son tour fédérer les autres peuples. Dans ce cas on observe un processus qui ressemble aux luttes des partis politiques. Lidée fédératrice des peuples des steppes était souvent la défense contre les états sédentaires, la vengeance, parfois le rêve de domination des empires prestigieux. Ainsi Gengis-khan (né vers 1155) a consacré 40 ans de sa vie à la tâche de la réunification des Mongols. Cest seulement au printemps 1206 quil réussit à réunir une Grande Assemblée des peuples turco-mongoles de la Mongolie et se fait proclamer le Grand-khan de «tous ceux qui habitaient sous des tentes de feutre». Il se considérait donc comme le restaurateur de lunité perdues des peuples turco-mongols. Le grand prêtre de la religion tangraïste Munlik annonça que Tangra consacrait Gengis-khan comme empereur universel. On oublie souvent que les Turco-Mongols manifestaient à cette époque de la sympathie pour le christianisme : «De fait, confirme Vartan, les chrétiens de Baghdâd, au moment de la prise de la ville, sétaient, sur les instructions du patriarche nestorien Mikakha, enfermés dans une église : les Mongols respectèrent le monument et tous les fidèles. Hulägu fit même donner au patriarche Makikha un des palais khalifaux, celui du petit déwatdâr ou vice-chancelier.» (R.Grousset, Lempire des steppes, Payot, 1965, p.430). Les chrétiens étaient nombreux parmi les cavaliers des steppes, ainsi les Turc Öngüt avaient «une onomastique qui, à travers les transcriptions chinoise , se révèle, comme la montré M. Pelliot, souvent nestorienne : Chen-wen (= Siméon), Kouo-li-ki-sseu (= Georges), Pao-lou-sseu (= Paul), Yo-nan (= Jean), Ya-kou (=Jacques), Tien-ho (= Denha), Yi-cho (= Icho, Jésus), Lou-ho (=Luc).» (Ibid, p. 370). En 1289, le pape Nicolas IV qui venait dapprendre lexistence de nombreuses chrétientés indigènes dans lempire mongol, envoya le franciscain Jean de Montecorvino, avec un message pour le Grand-khan. Odoric de Pordenone écrit à ce sujet : «Nous avons un de nos frères mineurs évêque à la cour de lempereur. Il lui donne sa bénédiction quand celui-ci doit chevaucher et lempereur baise la croix très dévotement.» (Ibid, p. 384). En 1307 le pape Clément V nomma Montecorvino arche-vêque de Pékin. Après lui, lautre célèbre missionnaire catholique Odoric de Pordenone rend hommage à ladministration mongole : «Le fait que tant de races différentes puissent cohabiter paisiblement et être administrées par le même pouvoir me semble une des plus grandes merveilles du monde» (Ibid, p. 387). Mais au XV siècle les Chinois - les Ming - ont proscrit le christianisme comme une religion mongole ! (p. 390). Revenons à Attila. Pouvait-il «baiser la croix très dévotement» ? Il est très probable que cétait pour lui un rite hérité de ses ancêtres tangraïstes qui avaient leur croix «adji» à quatre branches égales et parfois ancrées. Notons que la croix fait son apparition sur les monnaies romaines vers 370 à lépoque où les Huns franchissaient la Volga et sapprochaient du Danube. La croix des sarcophages chrétiens des premiers siècles et des quelques textes patristiques est en forme de «tau» qui reproduit la forme probable de linstrument de supplice du Christ. Attila pouvait éprouver une grande sympathie et du respect pour le pape romain Léon, les évêques (Anianus dOrléans, Loup de Troyes et autres) et Geneviève de Paris portant la croix qui était pour lui l«adji» de ses ancêtres.
Son interlocuteur du 4-6 juillet 452 est devenu Saint Léon pour lOccident, Attila a vécu presque 20 ans de moins que Léon, sinon rien ne lempêchait de se convertir officiellement avant 460, et contribuer à la transformation de lEglise chrétienne en vraie Eglise universelle et devenir ainsi pour la postérité Saint Attila ! Noublions pas que les évêques de cette époque avaient souvent une double mission, religieuse et militaire. Ainsi, en 429, Loup, évêque de Troyes, et Germain, évêque dAuxerre ont béni la petite Geneviève à Nanterre en route pour leur expédition militaire contre les Scots et Pictes, organisée pour les repousser au nord des limes romains, en Ecosse. Pendant cette expédition ils ont combattu lhérésie pélagienne. Pour les adeptes de cette hérésie Loup, futur Saint Loup, était donc un «fléau» de Dieu. Tandis que les habitants de Narbonne délivré du long siège des Wisigoths par les Huns (qui ont ensuite organisé la distribution du blé à la population affamée) et les Belges protégés contre lagression des Burgondes avaient dautres sentiments. |