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Donnons la parole à Michelle Loi : «A la mort de son grand père Mundzuk - il avait alors six ans - Attila, qui navait jamais connu son père, était sous la tutelle de son oncle Roas qui prenait grand soin de lui et lélevait comme son successeur : chez les Huns le pouvoir ne se transmet pas comme un droit selon le rang de naissance. La lignée nest que lindication dun choix, ne devenant définitif quaprès de longues observations.». «Dès mon arrivée, Roas me confia son neveu et donc linstruction romaine du futur souverain des Huns sans la moindre réserve» ((M.Loi, Attila mon ami, mémoires dAetius, Berg International, 1997, p. 18-19). Attila (né en 395) a passé à Rome les années 408-412 : «Il y était reçu avec tous les égards quun empereur décadent comme Honorius pouvait avoir pour le prince héritier dun royaume barbare qui lui faisait lhonneur dapprécier son «amitié». On imagine avec quel plaisir pervers Honorius joua son rôle dinitiateur dun jeune Hun à «la culture romaine» ...» (M.Loi, p.35) «... Attila, quoiquil eût onze ans de moins que son hôte impérial, ne se conduisait pas comme un enfant. Il avait organisé son temps pour sinstruire|au maximum et devint bientôt meilleur helléniste que beaucoup de Latins. Il parlait peu mais bien, par petites phrases courtes, un latin correct. Pratique, il ne rejetait jamais demblée ce qui pouvait se révéler utile malgré les apparences. ... Il se faisait beaucoup damis. Cherchant systématiquement parmi eux les collaborateurs compétents dont il aurait besoin lorsquil retournerait chez lui, lorsquil serait le roi des Huns de Pannonie, lorsquil serait lempereur de tous les Huns. Ainsi apprenait-il des Romains plutôt que de leurs moeurs, leur histoire, celle de Rome et de Constantinople lancienne Byzance ; leur passé et leur avenir. Parfaitement maître de lui, indéchiffrable tel le sphinx accroupi devant lhorizon, il discernait de plus en plus clairement malgré son jeune âge ce que le double Empire romain attendait des Barbares et plus particulièrement des Huns et ce quil redoutait deux. Il évaluait les restes de sa force, de sa richesse et de lantique prestige qui mettaient à ses pieds les mercenaires. Ses faiblesses aussi, venues du culte de la jouissance, de la corruption et dun incommensurable orgueil. En peu de temps, il prit la mesure des empereurs romains, pesant la valeur de leur parole. Estimant tout Rome à leur aune, il élaborait sa politique.» (M. Loi, p. 36-37). Attila était certainement le plus grand voyageur de son époque : «Attila assurait des liaisons entre Caspienne et Danube pour faciliter les arrivages de lest vers louest ; on avait appris|avec certitude que, désormais du riz et des viandes fumées arrivaient régulièrement des confins de lAsie au Rhin. Il organisait des relais stratégiques et administratifs sur la longue route|qui traversait les contrées des Huns «blancs» et les aidait systématiquement|à développer les cultures et les industries partout où cela était possible. Attila installait dans les territoires des Huns «noirs» des fabriques darmes de haute qualité ... Il fut même question, autour de 420, dune «disparition» dAttila au-delà des limites géographiques accessibles aux observateurs romains... lautorité dAttila parmi ces peuples frères, cousins ou simplement alliés, était devenue si forte, sa stratégie et sa diplomatie enrichies par ses observations des années passées à Rome si sûres, le rayonnement - charme et crainte savamment dosés - de sa personnalité hors du commun si puissant, quil semblait quasiment posséder le don magique de se dissoudre dans les terres dau-delà lhorizon romain, au sein de peuples inconnus|chez qui personne navait pouvoir de le suivre. Cela navait rien dune fuite mais ressemblait plutôt à un retour, une reconquête. Où allait-il ainsi à rebours du soleil ? Jusquoù ? En tout cas, là où il allait, il était de mieux en mieux reçu, reconnu, accueilli en frère, comblé de cadeaux - soieries, fourrures, bijoux, armes, chevaux et femmes. Que pouvaient nos espions ? Ils rapportèrent cependant un fait étonnant : le corps de cavaliers qui lentourait avait été suivi quinze jours durant bien plus loin que toute terre habitée avant de seffacer tel un songe parmi des pics sans nom ... Après quoi, des mois sétaient passés avant quil en ressurgît de la même façon, comme du néant, pour reprendre sa marche dans lautre sens, sur les pas du soleil.» (M. Loi, p. 43-44). Philippe Guilhaume écrit : «Il visite les tribus hunniques du nord, reconnaît les rivages de la mer baltique, visite les tribus hunniques de Russie et du Caucase, passe les monts Ourals, voyage en Asie, se fait connaître de toutes les tribus.» (Ph. Guilhaume, Attila, le fléau de Dieu, France-Empire, 1994, p. 59). Ecoutons maintenant Maurice Bouvier-Ajam : «Alors, toujours avec sa belle escorte et ses fougueux coursiers, il va saluer les Massagètes de lest caspien, puis les Houen-Loun et Hioung-Nou. Ceux-ci sont quelque peu étonnés de voir surgir ces cavaliers de fière allure et de constater quils parviennent à se comprendre. Rendus méfiants par la fréquente hostilité de la Chine voisine - cette Chine qui a, jadis, dressé la Grande Muraille pour se protéger principalement deux - , ils sinterrogent sur la raison de cette expédition. Attila les rassure : Huns et Hiong-Nou ont une origine commune et cest pour cela que leur langage se ressemble ; ce sont deux peuples frères, mais totalement indépendants ; il sagit dune visite fraternelle, purement fraternelle, et qui sera heureusement renouvelée ; et voici quelques épées en gage damitié. Du coup laccueil est triomphal. Mais Attila pense aller saluer les autorités chinoises ... Attila charge quelques-uns de ses officiers, accompagnés dun interprète, de prendre contact avec les Chinois et de leur expliquer quun membre de la famille impériale des Huns - ces Huns qui détiennent, à lOuest, lempire le plus vaste du monde, avec toutefois lempire bicéphale de Rome - est venu tout exprès jusquici pour lier amitié avec les maîtres des Fils du Ciel ... Attila a du mal à partir, tant il plaît ; ses hôtes voudraient quil pousse plus loin sa visite en Chine. Mais Attila argue des nécessités de sa présence à la Cour des Huns et,|signant un pacte damitié avec un noble gouverneur ... , lambassadeur princier de lEmpire des Huns retourne par étapes rapides de la Grande Muraille aux rives du Danube. Sa mission est accomplie : lunité de lEmpire des Huns est mieux assurée, le prestige de cet Empire atteint jusquau coeur de lAsie une dimension majeure, des alliances et des pactes damitié sont conclus, des populations continentales ont pu voir que les Romains nétaient pas les seuls avec qui il fallait compter. LEmpire hunnique est déjà consacré.» (M.Bouvier-Ajam, Attila. Le Fléau de Dieu, Tallandier, 1982, p. 88-89). |