Attila et l’Occident

© Grigori TOMSKI

Empereur et Pape

Situation politique et militaire

Education soignée

Population hunnique

Personnalité d’Attila

5 juillet 452


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Donnons la parole à Michelle Loi : «A la mort de son grand père Mundzuk - il avait alors six ans - Attila, qui n’avait jamais connu son père, était sous la tutelle de son oncle Roas qui prenait grand soin de lui et l’élevait comme son successeur : chez les Huns le pouvoir ne se transmet pas comme un droit selon le rang de naissance. La lignée n’est que l’indication d’un choix, ne devenant définitif qu’après de longues observations.». «Dès mon arrivée, Roas me confia son neveu et donc l’instruction romaine du futur souverain des Huns sans la moindre réserve» ((M.Loi, Attila mon ami, mémoires d’Aetius, Berg International, 1997, p. 18-19).

Attila (né en 395) a passé à Rome les années 408-412 :

«Il y était reçu avec tous les égards qu’un empereur décadent comme Honorius pouvait avoir pour le prince héritier d’un royaume barbare qui lui faisait l’honneur d’apprécier son «amitié». On imagine avec quel plaisir pervers Honorius joua son rôle d’initiateur d’un jeune Hun à «la culture romaine» ...» (M.Loi, p.35)

«... Attila, quoiqu’il eût onze ans de moins que son hôte impérial, ne se conduisait pas comme un enfant. Il avait organisé son temps pour s’instruire|au maximum et devint bientôt meilleur helléniste que beaucoup de Latins. Il parlait peu mais bien, par petites phrases courtes, un latin correct. Pratique, il ne rejetait jamais d’emblée ce qui pouvait se révéler utile malgré les apparences. ... Il se faisait beaucoup d’amis. Cherchant systématiquement parmi eux les collaborateurs compétents dont il aurait besoin lorsqu’il retournerait chez lui, lorsqu’il serait le roi des Huns de Pannonie, lorsqu’il serait l’empereur de tous les Huns. Ainsi apprenait-il des Romains plutôt que de leurs moeurs, leur histoire, celle de Rome et de Constantinople l’ancienne Byzance ; leur passé et leur avenir.

Parfaitement maître de lui, indéchiffrable tel le sphinx accroupi devant l’horizon, il discernait de plus en plus clairement malgré son jeune âge ce que le double Empire romain attendait des Barbares et plus particulièrement des Huns et ce qu’il redoutait d’eux. Il évaluait les restes de sa force, de sa richesse et de l’antique prestige qui mettaient à ses pieds les mercenaires. Ses faiblesses aussi, venues du culte de la jouissance, de la corruption et d’un incommensurable orgueil. En peu de temps, il prit la mesure des empereurs romains, pesant la valeur de leur parole. Estimant tout Rome à leur aune, il élaborait sa politique.» (M. Loi, p. 36-37).

Attila était certainement le plus grand voyageur de son époque :

«Attila assurait des liaisons entre Caspienne et Danube pour faciliter les arrivages de l’est vers l’ouest ; on avait appris|avec certitude que, désormais du riz et des viandes fumées arrivaient régulièrement des confins de l’Asie au Rhin. Il organisait des relais stratégiques et administratifs sur la longue route|qui traversait les contrées des Huns «blancs» et les aidait systématiquement|à développer les cultures et les industries partout où cela était possible. Attila installait dans les territoires des Huns «noirs» des fabriques d’armes de haute qualité ...

Il fut même question, autour de 420, d’une «disparition» d’Attila au-delà des limites géographiques accessibles aux observateurs romains... l’autorité d’Attila parmi ces peuples frères, cousins ou simplement alliés, était devenue si forte, sa stratégie et sa diplomatie enrichies par ses observations des années passées à Rome si sûres, le rayonnement - charme et crainte savamment dosés - de sa personnalité hors du commun si puissant, qu’il semblait quasiment posséder le don magique de se dissoudre dans les terres d’au-delà l’horizon romain, au sein de peuples inconnus|chez qui personne n’avait pouvoir de le suivre.

Cela n’avait rien d’une fuite mais ressemblait plutôt à un retour, une reconquête. Où allait-il ainsi à rebours du soleil ? Jusqu’où ? En tout cas, là où il allait, il était de mieux en mieux reçu, reconnu, accueilli en frère, comblé de cadeaux - soieries, fourrures, bijoux, armes, chevaux et femmes.

Que pouvaient nos espions ? Ils rapportèrent cependant un fait étonnant : le corps de cavaliers qui l’entourait avait été suivi quinze jours durant bien plus loin que toute terre habitée avant de s’effacer tel un songe parmi des pics sans nom ... Après quoi, des mois s’étaient passés avant qu’il en ressurgît de la même façon, comme du néant, pour reprendre sa marche dans l’autre sens, sur les pas du soleil.» (M. Loi, p. 43-44).

Philippe Guilhaume écrit : «Il visite les tribus hunniques du nord, reconnaît les rivages de la mer baltique, visite les tribus hunniques de Russie et du Caucase, passe les monts Ourals, voyage en Asie, se fait connaître de toutes les tribus.» (Ph. Guilhaume, Attila, le fléau de Dieu, France-Empire, 1994, p. 59).

Ecoutons maintenant Maurice Bouvier-Ajam :

«Alors, toujours avec sa belle escorte et ses fougueux coursiers, il va saluer les Massagètes de l’est caspien, puis les Houen-Loun et Hioung-Nou. Ceux-ci sont quelque peu étonnés de voir surgir ces cavaliers de fière allure et de constater qu’ils parviennent à se comprendre. Rendus méfiants par la fréquente hostilité de la Chine voisine - cette Chine qui a, jadis, dressé la Grande Muraille pour se protéger principalement d’eux - , ils s’interrogent sur la raison de cette expédition. Attila les rassure : Huns et Hiong-Nou ont une origine commune et c’est pour cela que leur langage se ressemble ; ce sont deux peuples frères, mais totalement indépendants ; il s’agit d’une visite fraternelle, purement fraternelle, et qui sera heureusement renouvelée ; et voici quelques épées en gage d’amitié.

Du coup l’accueil est triomphal. Mais Attila pense aller saluer les autorités chinoises ... Attila charge quelques-uns de ses officiers, accompagnés d’un interprète, de prendre contact avec les Chinois et de leur expliquer qu’un membre de la famille impériale des Huns - ces Huns qui détiennent, à l’Ouest, l’empire le plus vaste du monde, avec toutefois l’empire bicéphale de Rome - est venu tout exprès jusqu’ici pour lier amitié avec les maîtres des Fils du Ciel ... Attila a du mal à partir, tant il plaît ; ses hôtes voudraient qu’il pousse plus loin sa visite en Chine. Mais Attila argue des nécessités de sa présence à la Cour des Huns et,|signant un pacte d’amitié avec un noble gouverneur ... , l’ambassadeur princier de l’Empire des Huns retourne par étapes rapides de la Grande Muraille aux rives du Danube.

Sa mission est accomplie : l’unité de l’Empire des Huns est mieux assurée, le prestige de cet Empire atteint jusqu’au coeur de l’Asie une dimension majeure, des alliances et des pactes d’amitié sont conclus, des populations continentales ont pu voir que les Romains n’étaient pas les seuls avec qui il fallait compter. L’Empire hunnique est déjà consacré.» (M.Bouvier-Ajam, Attila. Le Fléau de Dieu, Tallandier, 1982, p. 88-89).

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