A travers le Morvan -
1889
"En
quittant la ligne Paris – Lyon – Méditerranée à La Roche, nous avons perdu
la trace des quatre cents cinquante passagers qui ont traversé avec nous de
Douvres à Calais en août 1888. En écrivant il y a cent ans, le grand
agronome Arthur Young (1) a donné à ses compatriotes l'excellent conseil suivant
qui, inutile de le dire, a été généralement négligé depuis ce jour là :
"Il peut être
utile de dire à ceux qui ne voient la France qu'en y passant pour aller en
Italie, que s’ils veulent voir les régions les plus belles de la France, ils
doivent débarquer à Dieppe et suivre la Seine jusqu’à Paris, prendre alors
la grande route de Moulins et la quitter là pour l’Auvergne, passer le Rhône
à Viviers et ainsi par Aix en Italie. Par une telle variante de la route
fréquentée, le voyageur pourrait souffrir du manque de bonnes auberges, mais
serait remboursé par le spectacle d'un pays beaucoup plus beau et plus
singulier que celui qu'offre la route commune par Dijon qui passe dans une
grande mesure à travers les plus mauvaises régions de la France."
Le châtelain du
Suffolk qui traversait la France la veille de la grande révolution, malgré
son désir consciencieux de voir tout ce que le pays a à montrer, a perdu
beaucoup à vouloir des routes, des cartes et toute sorte de logements. De
nos jours, comme on le verra dans les pages suivantes, la bonne nourriture
et les bons lits attendent le voyageur dans les régions les plus lointaines
; Mais en vain ! Quatre-vingt-dix-neuf touristes sur cent partagent
l'opinion du poète Shelley (2 ) – il n’y a rien à voir en France - et se hâtent
aussi rapidement que l’express qui les emportent à Genève."
(1)
Arthur Young (1741 - 1820), agronome, voyageur et écrivain, a décrit ses voyages
en France effectués dans les années précédent la révolution française.
(2)
Percy Bisshe Shelley (1792 - 1822), considéré
comme un des plus grands poètes anglais est l'auteur de "Prométhée délivré",
suite du "Prométhée enchaîné" d'Eschyle.
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