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Le philosophe
Philosophes
Pythagore, Platon, Pascal, Kant, Hadot.
« Au témoignage d'Héraclide du Pont, Pythagore aurait eu un entretien savant avec Léon, le tyran de Phlionte. Comme ce dernier admirait son génie et son éloquence, lui demandant sur quel art il s'appuyait, Pythagore aurait décliné l'épithète de "sage" (sophos) et répondu qu'il ne connaissait aucun art, mais qu'il était "philosophe" (philo-sophos). Léon s'étonna de ce terme nouveau et demanda quelles étaient les différences entre les philosophes et les autres hommes. Pythagore répondit que la vie humaine était comparable à ces assemblées où se rendait la Grèce entière lors des grands jeux : les uns y viennent lutter pour obtenir une couronne ; d'autres cherchent à y faire du commerce ; les autres, enfin, ne s'intéressent ni aux applaudissement ni au gain, mais viennent pour voir simplement ce qui se passe aux jeux. De même, dans la vie, les uns sont esclaves de la gloire, les autres de l'argent, mais
d'autres, plus rares, observent avec soin la nature : "ce sont eux qu'on appelle amis de la sagesse, c'est-à-dire philosophes", commente Cicéron » [Jean-François Mattei - Pythagore et les Pythagoriciens - Que sais-je ? n° 2732, Presses Universitaires de France, p. 3 et 4]
Pierre Hadot conteste cette origine du mot philosophe et l'attribue plutôt à Hérodote :
§
Il est à peu près certain que les présocratiques du VIIe et du VIe siècle av. J.-C., Xénophane ou Parménide par exemple, et même probablement, malgré certains témoignages antiques mais très discutables, Pythagore ¹ et Héraclite, n'ont connu ni l'adjectif philosophos, ni le verbe philosophein (philosopher), à plus forte raison le mot philosophia. Ces mots n'apparaissent en effet, selon toute vraisemblance, qu'au Ve siècle, dans ce « siècle de Périclès » où Athènes brille à la fois par sa prépondérance politique et par son rayonnement intellectuel [...] Et précisément, c'est peut-être dans son [Hérodote] oeuvre que l'on trouve la première mention d'une activité « philosophique ». Hérodote raconte la rencontre légendaire de Solon, le législateur d'Athènes (VIIe-VIe siècle), l'un de ceux que l'on a appelés les Sept Sages, avec Crésus, le roi de Lydie. Celui-ci, fier de sa puissance et de ses richesses, s'adresse à Solon en ces termes (Hérodote, Histoires, I, 30) :
Mon hôte athénien, le bruit de ta sagesse (sophiês), de tes voyages, est arrivé jusqu'à nous. On nous a dit qu'ayant le goût de la sagesse (philosopheôn), tu as visité beaucoup de pays, à cause de ton désir de voir.
¹ [la note de bas de page indique :] Opinions divergentes sur ce sujet [...] Je pense avec W. Burkert que l'anecdote racontée par Héraclide du Pont (cf. Diogène Laërce, I, 12 ; Cicéron, Tusculanes, V, 8 ; Jamblique, Vie de Pythagore, 58) est une projection sur Pythagore de la notion platonicienne de la philosophia.
§
[Pierre Hadot, « Qu'est-ce que la philosophie antique ? », Folio essais, p. 35 et 36]
Définitions
- Pour Kant, le vrai philosophe est celui qui doit « faire un usage libre et personnel de sa raison, et non imiter servilement. » (cf. citations)
Les philosophes vus par Pascal
Pour Pascal, le terme philosophe a toujours une connotation péjorative [Pascal, Pensées, Éd. Pocket, annoté par Philippe Sellier] :
- Toute philosophie est départie en trois genres [p. 141] :
o les dogmatiques : péripatéticiens, épicuriens, stoïciens
o ceux qui ont « désespéré de leur quête » : Clitomaque, Carnéade, les académiciens.
o les penseurs de l'incertitude : Pyrrhon, mais aussi Zénon, Démocrite, Xénophane (ajoutons le plus grand, Montaigne lui-même).
- Les épicuriens ont été séduits par les voluptés, les philosophes grecs appelés « physiciens » (Thalès, Anaximène,) par la curiosité, les stoïciens par l'orgueil. Dans l'Entretien avec M. de Sacy, Pascal dénonce la « superbe diabolique » d'Épictète [p. 145]
- 280 sortes de souverain bien dans Montaigne [p. 331]
- Fausseté des philosophes qui ne discutaient pas l'immortalité de l'âme [p. 331]
- Fausseté de leur dilemme dans Montaigne [p. 332]
- « Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher. » [p. 446]
- « Descartes inutile et incertain. » Au témoignage du médecin Menjot, « feu M. Pascal appelait la philosophie cartésienne le roman de la nature, semblable à peu près à l'histoire de don Quichotte. » [p. 480]
Sites Internet
- Le philosophe, personnage décalé et gauche (Platon – Théétète)