Songwriters distingués, les Belges de
Venus ouvrent de nouveaux horizons à leur pop acoustique.
La suite longtemps attendue d'un des albums les plus remarqués
de 1999.
Composé depuis deux ans, prêt à sortir
il y a déjà plus de six mois, Vertigone
sera peut-être desservi par ces contretemps. Son atmosphère
cotonneuse et mélancolique avait en effet tout de
la bande-son idéale pour un automne intimiste et
rêveur. Ces regrets mis à part, l'album de
Venus pourra toujours compter sur les nombreux fans de rock
belge : comme dEUS, Soulwax ou Zita Swoon, Marc Huyghens
et ses acolytes comptent parmi les meilleurs ambassadeurs
continentaux de la culture anglo-saxonne. Mais là
où la scène flamande prend son inspiration
dans la folie douce des Pavement ou de Captain Beefheart,
les Bruxellois de Venus se sont trouvé une parenté
avec la pop orchestrale des Divine Comedy ou Perry Blake.
Ce qui saute aux oreilles dès l'ouverture apaisée
de Vertigone, Happiness ou la suite onirique
Little Hotel.
Le ton de Vertigone ne se réduit cependant
pas à ces ambiances feutrées. Le son du groupe
a toujours fait la part belle aux cordes, en particulier
sur le live The Man Who Was Already Dead, mais Venus
sait arrêter ses violons avant de se complaire dans
une langueur monotone. Reste alors, pour des morceaux plus
immédiats, la subtilité d'une écriture
de première classe : Million Miles Away ou
Sand Dollar auraient leur place sur des The Bends
ou OK Computer conçus avant la découverte
de l'électricité.
Le single Beautiful Days chasse sur les mêmes
terres étranges - la sirène jouée au
violon donne au titre une inquiétante élégance
fantasmée par Richard Ashcroft pour sa country
psychédélique. Peut-être n'y a-t-il
pas sur Vertigone de titre aussi étonnant que le
She's So Disco qui avait fait les beaux jours du premier
album de Venus, Welcome To The Modern Dancehall.
Mais l'ondoyant Wanda Wultz ou l'hybride Navajo
Dream ont tous les atouts pour marquer les esprits.
On ne manquera donc pas d'aller vérifier l'aisance
scénique de Venus dans des concerts théâtraux
où le charisme de Marc Huyghens explose littéralement.
par Ludovic Pelissolo