Les tournées solo semblent être décidément dans l'air du
temps : après Joseph Arthur, parti avant lui illuminer de
ses complaintes torturées les salles toutes ouies de l'hexagone,
le nantais Dominique a reprend l'audacieuse formule et la
pousse vers des hauteurs insoupçonnées.
Le chanteur de Venus, Marc Huyghens, sans doute venu se
rôder en prévision des joutes prochaines des Transmusicales
rennaises, où son groupe s'installe en résidence trois jours
durant, offre en ouverture, lui aussi en solo, bien plus
que se que l'on attend habituellement d'une première partie.
Il émerveille littéralement, que ce soit par le biais de
titres de son famboyant répertoire, ou d'improbables reprises
piochées dans une discothèque que l'on devine fort éclectique.
Sous des arrangements dépouillés, manipulant mandoline ou
banjo aux incomparables sonorités, il captive très vite
le large auditoire rassemblé sous les ors du magnifique
écrin du Trianon, au charme délicieusement suranné.
Il transforme ainsi le pourtant exaspérant " Sweet dreams
", que les improbables programmateurs-marketeurs de la bande
FM matraquent à longueur de journée sur les ondes, en une
évanescente comptine, petite sœur de «I see a darkness
» de Will Oldham, sur laquelle il enchaîne sans sourciller.
Finissant son set sur un des meilleurs titres de « Welcome
to the Modern dance hall », opus qui fit se révéler Venus
en France, Marc Huyghens regagne les coulisses sous des
applaudissements nourris et ce n'est que justice.
[...]
Jérôme Crépieux