Venus sur Orbite (La Dernière Heure, Bruxelles, 03/03/2003)
     
Texte  
 
Le groupe bruxellois revient avec un nouvel opus qui donne le vertige

BRUXELLES Des galères belges. Une signature sur un label italien. L'ouverture du festival de Werchter. Des pages et des pages dans Rock & Folk. Un ambitieux projet avec l'Ensemble Musiques Nouvelles. Des disputes. Des départs, du renfort. Du courage...

La vie de Venus est loin d'être un long fleuve tranquille. Et c'est ce qui rend la formation belge encore plus attachante. En cinq ans, elle est passée par toutes les émotions. Elle revient plus forte que jamais. Plus mûre. Plus inspirée surtout. Vertigone, nouvel et second opus studio du quintet, est toujours guidé par la plume mélancolique de Marc Huyghens et des instruments acoustiques joués par des musiciens en pleine maîtrise de leurs moyens. De leurs limites aussi... Par rapport au tourmenté Welcome to the modern dance hall, sortit en 1999, cette collection de treize chansons est plus homogène. Elle s'autorise des décharges électriques (Navajo dream), s'impose avec de vrais singles (le cynique Beautiful days, le sommet du disque Daystar) et rassure avec ses repères familiers (les cordes, une contrebasse feutrée, des morceaux construits comme des soundtracks à l'instar de l'instrumental Little hotel. C'est sûr, les membres de Venus ne nous feront jamais sortir les trompettes et danser sur les tables, mais quel beau disque ils nous ont fait.

Vous donnez l'impression d'un groupe qui ne peut pas faire autrement qu'accoucher d'un disque dans la douleur.
«Nous sommes passés en effet par diverses épreuves difficiles sur lesquelles nous ne souhaitons pas trop revenir aujourd'hui. Le principal, c'est que nous nous sentons parfaitement en phase avec cet album. Il y a un sentiment d'homogénéité que nous n'avions pas avec Welcome to the modern dance hall. Cela provient sans doute du fait que nous avons travaillé sur plusieurs morceaux en même temps. Nous avons aussi souhaité nous échapper des contraintes du studio. Ce disque a été conçu chez nous, au Centre culturel de Braine- l'Alleud et dans les caves des Halles de Schaerbeek.»

Contrairement à ce que pourraient laisser supposer les deux premiers titres (Happiness, Beautiful days), le ton est assez mélancolique.
«Ceux qui nous côtoient depuis des années savent qu'il s'agit de notre nature. Or, il n'y a rien de plus honnête pour un artiste que d'exprimer ce qu'il ressent au plus profond de lui. On rit beaucoup entre nous. On aime écouter des morceaux funk avec de grosses basses mais notre musique correspond à un certain état d'esprit. En fait, ce qui serait étonnant de la part de Venus, c'est que nous nous lancions dans une reprise de La Macarena. Le producteur anglais Brian Eno (NdlR: dont le grand-père est belge) dit que ce qui caractérise le Belge, c'est le doute sur soi-même et sa mélancolie. Dans ce sens, nous sommes bien un groupe belge.»

Un groupe belge qui a pourtant dû s'exporter en France...
«Pour jouer en Flandre ou à Werchter, il a fallu que nous soyons populaires en France. Et c'est grâce à une signature sur un label italien que nous avons pu tourner en France. C'est un peu paradoxal comme démarche, mais c'est comme cela que ça fonctionne. Il faut avoir un succès en dehors de ton pays pour que celui-ci jette un autre regard sur ta musique. Il y a eu un phénomène poudre aux yeux dont nous avons profité.»

Quelles sont vos attentes avec Vertigone ?
«On s'est pas mal battus pour sortir ce disque. Aujourd'hui, nous sommes déjà très satisfaits du résultat. Demain, on va bien voir. On a bien sûr envie de le défendre sur scène. Nous caressons d'autres rêves artistiques mais on fonctionne étape par étape. Il n'y a pas encore de clip, par exemple. Ça ne nous intéresse pas de faire une vidéo avec un petit budget. On veut un vrai clip avec de la vraie pellicule de film. Pour ça, il faut que les ventes suivent...»

La tournée débute les 10 et 11 avril aux Halles

Des concerts où rien n'est laissé au hasard

BRUXELLES Venus effectuera son grand retour sur les scènes belges les jeudi 10 et vendredi 11 avril aux Halles de Schaerbeek. En attendant, souvenirs de leurs dernières prestations...

Qu'avez-vous ressenti lorsque vous avez joué pour la première fois les nouveaux morceaux de Vertigone lors des Transmusicales de Rennes, en décembre dernier?
«Sans exagérer, c'est l'un des souvenirs les plus intenses depuis les débuts du groupe. Après tout ce travail, nous étions enfin de retour sur scène. On était superheureux. Tout nous semblait juste. Les nouvelles compositions passaient très bien. Les arrangements étaient réussis. Quand les spectateurs se sont levés à la fin du concert, nous étions émus. Vraiment émus.»

Marc Huyghens, tu as aussi donné des concerts en solo l'été dernier. Quelles étaient tes motivations?
«Je voulais maintenir la flamme. Tout simplement. A cette époque, Venus se retrouvait sans label. Je n'avais pas envie de tourner en rond. J'avais écrit des morceaux pour un CD solo qui pourrait bien sortir un jour. Ces concerts m'ont fait du bien.»

Le concert avec l'Ensemble Musiques Nouvelles en septembre 2000 au Cirque Royal?
«Ce n'était pas un caprice. Ce concert est le fruit d'une longue réflexion. Nous sommes sortis très fatigués de cette expérience mais elle fut enrichissante. On a compris que nous vivions dans deux univers totalement différents. Un ensemble classique aborde la musique par la lecture et l'interprétation. Un groupe comme Venus joue plutôt sur la spontanéité. Le mariage a bien fonctionné même si nous aurions souhaité avoir plus de temps pour préparer les noces. Sur notre nouvel opus Vertigone , on retrouve des musiciens qui font partie de l'Ensemble Musiques Nouvelles.»

Quand votre premier CD, Welcome to the modern dance hall , est sorti en septembre 99, vous disiez avoir conçu une belle bicyclette et qu'il vous restait à pédaler beaucoup...
«Il nous a fallu sortir le grand braquet, en effet. Ce disque, on l'a défendu un maximum sur scène. On a joué partout. Nous avons connu le meilleur comme le pire. L'ouverture du festival de Werchter fut un grand moment. Au bas de l'échelle, il y a un concert pourri en Italie dans un club qui n'est même pas équipé d'une table de mixage. Mais nous sommes conscients que l'un ne va pas sans l'autre.»

Venus, Vertigone (Capitol, Emi). Les 10 et 11 avril aux Halles de Schaerbeek (02/218.21.07).

Propos recueillis par Luc Lorfèvre.

 
  Notes  
 

Merci à Jean-Philippe.

Article original ici.

 
You won't tell me, I know it's hard
To keep your dream alive
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