Nouveau Venus (Libération du 2 avril 2003)
     
Texte  
 

La formation belge recomposée en CD et concert.

Deux types de réactions président à la parution d'un nouvel album de Venus. La première est de s'en moquer un peu : après tout, leur premier disque, Welcome to the Modern Dancehall, n'avait pas à ce point fait date. La seconde consiste à laisser l'oreille traîner sur Vertigone et se rappeler qu'il y a trois ans, la formation belge sortit de l'anonymat grâce à une pop rock acoustique de bonne tenue et, surtout, une surprenante capacité à investir la scène. En 2000, c'est d'ailleurs en concert que le groupe a bâti sa réputation. Un show chorégraphié et baroque, tenu par l'intense Marc Huyghens au premier plan ; un récital parachevé de lumières sobres et de velours, contrastant avec la surenchère de couleurs d'ordinaire convoquées pour ce type de performance.

Remise à plat. La sortie de Vertigone et le retour sur une scène parisienne marquent une étape charnière. En trois ans, le quintette est devenu quatuor. Venus a implosé, un point de rupture atteint, selon Huyghens, «dans la douleur. Le départ de certains membres a été très difficile à gérer. Je crois qu'une sorte d'usure a fini par avoir raison de ce qui nous unissait. Les rapports musicaux étaient très tendus et l'intérêt du groupe résultait en grande partie de cette tension. Chacun restait à sa place, face à son instrument, réduisant au strict minimum les interactions avec les autres. Le côté patchwork de Welcome to the Modern Dancehall était lié à ce type de relations».

Le batteur Thomas Van Cottom et le scénographe Patrick Carpentier démissionnaires, une remise à plat s'impose. Marc Huyghens part quelques mois en Italie, puis sur la côte Ouest des Etats-Unis. Christian Schreurs reste à Bruxelles. Vertigone est composé au côté des nouvelles recrues, Pierre Jacquemin (contrebasse) et Jean-Marc Butty (batterie), en parfaits contre-feux : «Quand je réécoute notre premier album, j'ai l'impression que ce n'est pas moi qui chante. Un peu comme un acteur qui jouerait un rôle à contre-emploi. Ces nouveaux morceaux semblent mieux nous convenir. En tout cas, ils sont l'expression de nos natures profondes. Ma manière de chanter est très différente, par exemple. J'ai pris le parti de la douceur et je l'assume complètement.»

Groupe de scène, Venus s'est mué en arpenteur de studios. Vertigone est bâti ex-nihilo dans le calme feutré des consoles : «Le temps nous a permis d'aller plus loin dans l'élaboration des arrangements, de faire des choix judicieux pour chaque son, bref de penser le disque comme un ensemble et non comme un collage. Aujourd'hui, les qualités de chaque membre sont plus claires aux yeux des autres. Chacun a du plaisir à occuper sa place.»

L'automne dernier, le groupe a entamé une résidence à Saint-Jacques-de-la-Lande, près de Rennes. Objectif : préparer la longue série de concerts qui doit avoir lieu cet été. Venus a changé de voie, sans renier ses fondamentaux : «Je me souviens avoir eu peur, juste avant les Transmusicales. C'était la première fois que nous jouions ensemble. La précédente tournée était si intense que je craignais de ne pas retrouver ces sensations. Il a fallu relire le nouvel album dans son ensemble, pour l'adapter à la scène qui fait toujours partie de nos principales préoccupations.» Entendre : ne pas faire comme tout le monde et penser les concerts comme l'ultime facette d'un projet artistique entièrement redéfini.

Epure. En lieu et place de l'ambiance cabaret-bordel d'antan, Venus opte pour une épure autour du blanc. De jeux de reflets en lumières opalescentes, la scène devrait prendre des airs de grand réfrigérateur, la porte laissée ouverte : «Trop de groupes se suffisent de lumières réglées en fonction de l'intensité de la musique, précise Jean-Marc Butty. Etablir une corrélation entre ce que les gens voient et entendent est primordial. C'est excitant de jouer le début d'un morceau dans le noir complet, ou entièrement baignés de lumières blanches.» Avec pour seul décorum, une vaste tenture dressée en fond de scène, des pupitres lumineux et des feuilles d'aluminium. De quoi relancer la machine belge qui voulait faire peau neuve l

 
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