La renaissance de Venus (La Libre Belgique du 31/03/2003)

     
Texte  
 
Après une année noire, Venus fait est de retour avec «Vertigone».
Flamboyance baroque en veilleuse, les Bruxellois signent un album posé.
Rencontre avec le chanteur et guitariste Marc Huyghens, en quête de justesse.

RENCONTRE

After the storm / Like we were born again.» Après la tempête, comme une renaissance, peut-on entendre dans «Hapiness», la plage qui ouvre «Vertigone», le nouvel album de Venus.

Des paroles qui sonnent tel un condensé de la trajectoire récente du groupe bruxellois.

Auteur d'un premier album remarqué fin 1999, le baroque «Welcome to the modern dance hall», Venus avait livré un an plus tard un (court) album live enregistré avec l'Ensemble musiques nouvelles («The Man who was already dead»), immortalisant une tournée à la scénographie affirmée -le groupe apparaissant sur scène dans l'intimité d'un décor théâtral. Depuis lors, silence radio. Les premières prises du nouvel album sont pourtant réalisées dès la mi-2001, principalement au foyer culturel de Braine-l'Alleud et aux halles de Schaerbeek.

«Nous avons transformé les loges disponibles en régies de sorte à pouvoir travailler en parallèle sur plusieurs chansons. C'était une bonne idée», raconte le chanteur Marc A. Huyghens. Deux tuiles vont alors retarder la marche de Venus: les départs successifs du batteur Thomas Van Cottom et de Patric Carpentier, responsable visuel du groupe, et la faillite de leur label Sonica.

En résulte un second album balançant entre songe et incantation et parcouru par les thématiques du vertige et de la fuite, deux idées réunies dans le titre «Vertigone». L'album, où le perfectionnisme affleure (parfois au détriment de l'émotion), est moins rugueux, moins «hors format» que le premier. Sans pour autant nuire à la richesse des sonorités. Plus accessible, en quelque sorte. «C'est vrai, même si ce n'était pas un but en soi. Il y a une plus grande fluidité. Je pense que «Vertigone» est plus personnel, plus posé. C'est le reflet de la nouvelle structure du groupe: ce Venus-ci est plus posé dans ses rapports. Tout comme les tensions du passé ont donné des résultats positifs sur nos premiers morceaux», souligne Marc Huyghens de sa voix douce et légèrement fêlée.

Le ton des cordes

Le changement est notable par rapport à un premier album, aux sonorités rugueuses et empruntées à d'autres styles musicaux tels le jazz ou le folk, et sur lequel les cordes donnaient clairement le ton. Sur «Vertigone», la présence d'un quatuor à cordes est moins ostensible. «C'est exact. Mais je pense que c'est dû à la manière dont nous avons travaillé. Le premier album, c'était la meilleure compilation possible des morceaux que nous avions faits jusqu'alors. Le son était le reflet du fonctionnement démocratique du groupe, où parfois on élaborait des morceaux sur le moment même. Pour celui-ci, j'ai amené beaucoup plus de compositions à la base, dont certaines à l'état de squelette, d'autres plus abouties. D'où la question: faut-il ajouter des arrangements pour quatuor à un morceau qui fonctionne tel quel? Je trouve que cela fait partie de la qualité des musiciens de faire peu de notes ou de ne pas en jouer quand ce n'est pas nécessaire. Surtout lorsque cela correspond à l'atmosphère que l'on veut installer.»

L'impression de légèreté qui se dégage de l'album, reflet d'un propos plus spirituel, est paradoxalement le fait de l'abondance d'instruments. L'identité du groupe n'en est que renforcée. «Le premier album, c'était Christian au violon, Thomas à la batterie, Walter à la contrebasse et moi à la guitare et au chant. On s'en tenait à ce cadre-là. C'était donc plus la production qui pouvait en révéler les couleurs. Pour celui-ci, le travail s'est fait plus en amont, dans la conception des arrangements des différents instruments. L'objectif était de trouver, pour chaque partie, le son le plus adéquat, le plus juste. Donc, être un peu plus économe, contrairement au premier qui ressemblait plus à une prestation live, où tout le monde jouait tout le temps

Producteur rêvé

Tout comme sur «Welcome», Venus travaille sans producteur particulier. Même s'il avait été question que le groupe réenregistre tout avec Rob Ellis (producteur du dernier PJ Harvey).

Mais c'était avant la faillite de Sonica et le projet est donc tombé à l'eau. «Rétrospectivement, c'est pas plus mal. Car, franchement, les arrangements étaient tellement aboutis que je ne vois pas pourquoi on aurait tout réenregistrer. Si ce n'est pour obtenir une meilleure qualité de son. Mais on a tellement été dans le détail des choses, y compris au niveau sonore», relève le chanteur.

Marc Huyghens n'est pas de ceux qui rêvent de travailler avec un grand producteur. «Certains groupes en reviennent déçus... Mais pourquoi pas? S'il y avait une bonne raison, on pourrait choisir un producteur, faire des arrangements moins aboutis et voir dans quelle mesure il peut y avoir un échange avec lui. À force de travailler en circuit fermé, sans jamais rencontrer personne, tes facultés à apprendre sont forcément limitées. D'une certaine manière, Venus a été au bout de cette démarche.»

Vincent Braun

 
  Notes  
 
Consultez l'article en ligne.
 
You won't tell me, I know it's hard
To keep your dream alive
Royalsucker
 
 
contact out of breath : webmaster@outofbreath.net | this site 2001-2003