De Venus, on ne savait rien avant l'irruption de ce Welcome
To The Modern Dance Hall, premier album saisissant de
maîtrise et mystérieux. Et, dès la première
écoute, on tient à en savoir plus. L'on apprend
alors que le groupe est belge, que c'est un quintette et
que certains de ces jeunes gens viennent du monde du théâtre.
Mais si la musique peut être théâtrale,
c'est dans le bon sens du terme, sans jamais tomber dans
l'emphase, en évitant le piège de l'intellectualisation
redondante. En treize titres, Marc Huyghens, Patric Carpentier
et leurs compagnons ont créé un univers baroque,
décalé, intrigant. Entièrement acoustique
(guitare, contrebasse, violoncelle, batterie), mais une
acoustique triturée et malmenée, la musique
de Venus semble parfois au bord de la rupture (le... volcanique
Perfect Lover), mais c'est pour mieux jouer la carte
de l'apaisement (Out 0f Breath). Le quintette n'oublie
pas une pointe d'humour avec le tubesque She's So Disco
avant d'asséner le rock le plus sombre le temps de
Royalsucker, puis de murmurer folk le plus dénudé
ou d'abattre un atout pop. Bien sûr, ces contrées
ne sont pas autant de terra incognita et l'on a déjà
croisé, au gré des époques - le Velvet
Underground dans les années 60, Pere Ubu dans les
70's, Radiohead, aujourd'hui -, des groupes aussi insaisissables,
mais Venus, loin de plier sous le poids de telles références,
se hisse à leur niveau. Ce qui laisse entendre que
ce Welcome... n'est pas près de prendre une
ride.
Chritophe Basterra
Note : 4/6 ("Bon")