VENUS est LE groupe belge qui a le vent en poupe. Quelques
jours après leur concert enthousiasmant aux Nuits
Botanique, les cinq membres de VENUS, quatre musiciens et
un metteur en scène/acteur qui gère l'aspect
visuel du groupe, nous proposent pour six jours aux Halles
de Schaerbeek, un spectacle de théâtre-rock,
une histoire de fantômes ayant pour thème la
perte de l'enfance. Un voyage à entreprendre...
Comment est née cette idée de fusionner
théâtre et rock ?
Nous avons eu précédemment l'expérience
d'un spectacle où je jouais en tant qu'acteur et
où deux des musiciens du futur VENUS, Marc Huyghens
et Christian Schreurs, avaient joué et composé
la musique du spectacle. C'était une première
rencontre. Quelques années plus tard, ils se sont
adjoint un contrebassiste, Walter Janssens et un percussionniste,
Thomas van Cottom. VENUS est né. Dans le groupe,
j'ai proposé mes services pour ce qui concernait
l'aspect visuel des concerts étant donné notre
désir de proposer des images comparables à
celles que l'on aurait si l'on fermait les yeux en écoutant
simplement la musique. Bien sûr, les quatre musiciens
travaillent pour que la musique se suffise à elle-même.
Disons que c'est un petit coup de pouce qu l'on a envie
de donner au public, une façon pour lui d'écouter
plus. Pour "Kiss from the ghost"c'est un peu comme
si il n'y avait qu'un seul morceau d'une heure. La mise
en scène s'est faite collectivement, plus dans la
recherche d'une émotion que d'une esthétique.
La musique est LE personnage principal du spectacle. "Kiss
from the ghost" peut être traduit par "Quand
le souvenir vient vous embrasser, quelle émotion
ressentez-vous ?"
Y a-t-il un esprit de nostalgie chez VENUS ?
Je n'aime pas tellement ce mot, il est un peu désuet,
triste. Les thémathiques du spectacle sont certainement
liées à notre âge. On a tous à
peu près trente ans, l'enfance et l'adolescence sont
loin. On est aujourd'hui des adultes qui se posent des questions
: Qui suis-je vraiment ? Qui sont mes parents ? Quelle est
leur histoire ? Si on est un peu brouillés avec eux,
on s'interroge : "Ils commencent à vieillir,
ils seraient peut-être temps de se réconcilier."
C'est aussi une envie de partager des souvenirs de l'enfance,
de façon plus consciente en tout cas. Le spectacle
s'est construit petit à petit à partir de
ces éléments qui nous touchaient. Ce thème
s'est imposé un peu malgré nous mais je le
trouve merveilleux parce qu'il nous permet d'avoir une grande
liberté créatrice.
VENUS existe depuis 1997. Un an après, vous signez
avec un label important, BMG. Les multinationales du disque
sont-elles plus ouvertes qu'on ne le pense ou avez-vous
eu beaucoup de chance ?
Disons que l'on a beaucoup de chance ! Par un concours
de circonstances, BMG était intéressé
par une de nos chansons "Royal Sucker". On a osé
leur dire que pour un single, on n'était pas intéressé
mais que l'on était d'accord pour un "4 titres".
Ils ont accepté. Maintenant, on a une carte de visite
pour rencontrer des gens, pour faire des concerts. Sur ce
disque, 3 titres sont assez faciles d'accès et on
a mis une chanson différente, un instrumental, extrait
de "Kiss from the ghost" ? Quant à une
suite avec BMG, c'est très difficile de présager
de l'avenir. C'est encore trop tôt.
Pensez-vous que le milieu du rock est un milieu frileux,
peu expérimental ?
C'est incroyable comme ce milieu est conservateur malgré
une apparence rock'n'roll, "on fait tout ce qu'on veut",
"on peut montrer son cul sur scène". Parfois,
on nous dit: "Venus, c'est pas du rock !". Nous,
on revendique notre propre univers, on ne veut pas d'étiquette,
de classification. Au début de Venus, il y avait
beaucoup de sceptiques, les agences et les structures du
milieu étaient très frileux et maintenant
que l'on a plus de cinquante concerts derrière nous,
on n'ose plus trop dire que l'on n'aime pas VENUS. Toutes
ces petits détails que nous apportons sur scène,
les lampadaires, la toile de projection, qui sont des éléments
un peu inhabituels, ont mis du temps à être
acceptés. Et pourtant il y en a eu d'autres qui ont
fait cela avant nous, ce n'est pas nouveau.
Etes-vous intéressé de créer un
spectacle en introduisant les nouveaux outils de communication,
Internet par exemple ?
C'est curieux parce que ce n'est pas la première
fois que l'on nous pose la question. Pour le moment, on
ne s'y intéresse pas trop, par manque de temps principalement.
D'autre part, aucun de nous n'a vraiment de fibres pour
l'ordinateur bien que nous en possèdions chacun un
chez nous. Peut-être l'un d'entre nous se passionnera-t-il
pour Internet et alors, comme pour le reste, on va foncer.
Propos recueillis par Nadine Wergifosse
"Kiss from the ghost" par VENUS
du mardi 6 au dimanche 11 octobre
aux Halles de Schaerbeek à 1030 Bruxelles
Prix d'entrée : 300 frs [belges]