Kiss from the Ghost : Interview de Patric Carpentier (RTBF, 1998)
     
Texte  
 

VENUS est LE groupe belge qui a le vent en poupe. Quelques jours après leur concert enthousiasmant aux Nuits Botanique, les cinq membres de VENUS, quatre musiciens et un metteur en scène/acteur qui gère l'aspect visuel du groupe, nous proposent pour six jours aux Halles de Schaerbeek, un spectacle de théâtre-rock, une histoire de fantômes ayant pour thème la perte de l'enfance. Un voyage à entreprendre...

Comment est née cette idée de fusionner théâtre et rock ?
Nous avons eu précédemment l'expérience d'un spectacle où je jouais en tant qu'acteur et où deux des musiciens du futur VENUS, Marc Huyghens et Christian Schreurs, avaient joué et composé la musique du spectacle. C'était une première rencontre. Quelques années plus tard, ils se sont adjoint un contrebassiste, Walter Janssens et un percussionniste, Thomas van Cottom. VENUS est né. Dans le groupe, j'ai proposé mes services pour ce qui concernait l'aspect visuel des concerts étant donné notre désir de proposer des images comparables à celles que l'on aurait si l'on fermait les yeux en écoutant simplement la musique. Bien sûr, les quatre musiciens travaillent pour que la musique se suffise à elle-même. Disons que c'est un petit coup de pouce qu l'on a envie de donner au public, une façon pour lui d'écouter plus. Pour "Kiss from the ghost"c'est un peu comme si il n'y avait qu'un seul morceau d'une heure. La mise en scène s'est faite collectivement, plus dans la recherche d'une émotion que d'une esthétique. La musique est LE personnage principal du spectacle. "Kiss from the ghost" peut être traduit par "Quand le souvenir vient vous embrasser, quelle émotion ressentez-vous ?"

Y a-t-il un esprit de nostalgie chez VENUS ?
Je n'aime pas tellement ce mot, il est un peu désuet, triste. Les thémathiques du spectacle sont certainement liées à notre âge. On a tous à peu près trente ans, l'enfance et l'adolescence sont loin. On est aujourd'hui des adultes qui se posent des questions : Qui suis-je vraiment ? Qui sont mes parents ? Quelle est leur histoire ? Si on est un peu brouillés avec eux, on s'interroge : "Ils commencent à vieillir, ils seraient peut-être temps de se réconcilier." C'est aussi une envie de partager des souvenirs de l'enfance, de façon plus consciente en tout cas. Le spectacle s'est construit petit à petit à partir de ces éléments qui nous touchaient. Ce thème s'est imposé un peu malgré nous mais je le trouve merveilleux parce qu'il nous permet d'avoir une grande liberté créatrice.

VENUS existe depuis 1997. Un an après, vous signez avec un label important, BMG. Les multinationales du disque sont-elles plus ouvertes qu'on ne le pense ou avez-vous eu beaucoup de chance ?
Disons que l'on a beaucoup de chance ! Par un concours de circonstances, BMG était intéressé par une de nos chansons "Royal Sucker". On a osé leur dire que pour un single, on n'était pas intéressé mais que l'on était d'accord pour un "4 titres". Ils ont accepté. Maintenant, on a une carte de visite pour rencontrer des gens, pour faire des concerts. Sur ce disque, 3 titres sont assez faciles d'accès et on a mis une chanson différente, un instrumental, extrait de "Kiss from the ghost" ? Quant à une suite avec BMG, c'est très difficile de présager de l'avenir. C'est encore trop tôt.

Pensez-vous que le milieu du rock est un milieu frileux, peu expérimental ?
C'est incroyable comme ce milieu est conservateur malgré une apparence rock'n'roll, "on fait tout ce qu'on veut", "on peut montrer son cul sur scène". Parfois, on nous dit: "Venus, c'est pas du rock !". Nous, on revendique notre propre univers, on ne veut pas d'étiquette, de classification. Au début de Venus, il y avait beaucoup de sceptiques, les agences et les structures du milieu étaient très frileux et maintenant que l'on a plus de cinquante concerts derrière nous, on n'ose plus trop dire que l'on n'aime pas VENUS. Toutes ces petits détails que nous apportons sur scène, les lampadaires, la toile de projection, qui sont des éléments un peu inhabituels, ont mis du temps à être acceptés. Et pourtant il y en a eu d'autres qui ont fait cela avant nous, ce n'est pas nouveau.

Etes-vous intéressé de créer un spectacle en introduisant les nouveaux outils de communication, Internet par exemple ?
C'est curieux parce que ce n'est pas la première fois que l'on nous pose la question. Pour le moment, on ne s'y intéresse pas trop, par manque de temps principalement. D'autre part, aucun de nous n'a vraiment de fibres pour l'ordinateur bien que nous en possèdions chacun un chez nous. Peut-être l'un d'entre nous se passionnera-t-il pour Internet et alors, comme pour le reste, on va foncer.

Propos recueillis par Nadine Wergifosse

"Kiss from the ghost" par VENUS
du mardi 6 au dimanche 11 octobre
aux Halles de Schaerbeek à 1030 Bruxelles
Prix d'entrée : 300 frs [belges]

 
  Notes  
 
Retrouvez l'article original sur le site web de la RTBF.
 
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