Cet
été, Venus enregistre son deuxième album studio, pour l'instant
sans titre, qui devrait sortir début 2002. En juillet, le
groupe bruxellois avait planté sa tente au Centre Culturel
de Braine l'Alleud. Depuis le 1er août et jusqu'à la mi-septembre,
ils campent dans les caves des Halles de Schaerbeek en compagnie
de Duke, leur fidèle ingénieur du son. C'est là que le batteur
Thomas Van Cottom a levé un coin du voile sur la naissance
d'un Venus...
Quelle est l'approche de ce prochain album ?
Pour
le premier, toutes les chansons avaient d'abord été écrites
pour être jouées en concert, et nous avons éprouvé beaucoup
de mal à les retranscrire sur CD. Ici, l'approche est différente.
Nous faisons d'abord et avant tout un album. L'adaptation
pour le "live" viendra après. Pour le premier, c'était un
peu "après 5 ans, voilà où nous en sommes", c'était comme
l'apprentissage de la parole. Maintenant, le langage est
là, il faut dire des choses. Je ne m'imaginais d'ailleurs
pas à quel point c'est difficile et angoissant de faire
un deuxième album. Si c'est pour ne rien dire de nouveau,
autant arrêter.
Comment fonctionnez-vous ?
Aux Halles come à Braine l'Alleud, nous avons
installé trois studios. Comme ça, quand quelqu'un a une
idée, elle peut être concrétisée tout de suite. Depuis le
1er juillet, nous travaillons sept jours sur sept, de 11h
à une heure ou deux du matin. Pour chaque morceau, Marc
compose la mélodie de base à la guitare ainsi que les paroles.
C'est la base harmonique, le squelette sur lequel nous travaillons
ensemble. Par équipes de deux, nous suggérons des choses,
nous inventons, puis nous essayons de mélanger les idées
de manière cohérente. Parfois, la guitare du début est supprimée,
ou la mélodie jouée avec un autre instrument, c'est très
libre. Cette formule permet également à chacun de ne plus
se limiter à jouer de son propre instrument, on en essaie
de nouveaux. Pendant les six mois de break, chacun a beaucoup
travaillé de son côté. Pas seulement au niveau technique.
L'ouverture d'esprit est plus large, la palette plus ouverte.
Résultat, nous allons plus loin.
Comment cela se traduit-il ?
Le premier album était très acoustique. Celui-ci
le sera encore plus. Plus calme, plus pensé, plus réfléchi,
plus posé. Les textes sont aussi plus "intérieurs". Il n'y
a plus de choses légères comme "She's So Disco" ou "Pop
Song". Quinze chansons ont pour l'instant été enregistrées,
mais il reste au moins autant d'idées à exploiter. Ensuite,
il faudra bien entendu élaguer.
Je suppose que vous avez déjà pensé à un producteur…
Ce sera un producteur britannique de renom, dont
je ne vous donnerai pas le nom parce que rien n'est encore
fait. Il nous faut quelqu'un qui tranche, qui prend la décision.
Pour le même morceau, il nous arrive d'avoir cinq versions
issues de cinq idées différentes.
Malgré un support médiatique important et une certaine
reconaissance de la part du public, Venus n'a vendu que
4.000 exemplaires1
du premier album. Ce n'est pas un peu frustrant ? Franchement,
je suis déjà content avec ce que nous avons vendu. Je suis
très fier de ce que nous avons fait. On mérite mieux ?
Je ne sais pas. Je préfère avoir un parcours honorable,
sans compromis. Il existe une version remix de "She's So
Disco" par Rinôçérose. Je suis certain qu'elle nous aurait
ouvert les portes des pleins de radios, qu'elle aurait fait
vendre l'album, mais nous ne l'avons pas sorti parce qu'elle
ne correspond pas à Venus. Cela dit, les conséquences sont
rudes: nous manquons de budget pour cet album et les conditions
de vie de chacun ne sont pas idéales.
Interview par (l'indispensable) Emmanuel Debiève