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Mots de voyageur dans l’œuvre de Thomas Bijon.
Par Rachel Coudray.

On ne regarde pas l’œuvre de Thomas Bijon, on entre, on chemine dans l’œuvre de Thomas Bijon.

Tel un sphinx gardien d’un domaine sacré, l’image se tient devant le spectateur et l’interroge. Le dialogue commence. Intrigué jusqu’à en être hypnotisé, le spectateur s’avance, s’approche, scrute et découvre dans cette composition complexe des éléments qu’il ne parvient pas à identifier malgré l’étrange impression de familiarité. Pour découvrir la solution de l’énigme, il faut oser pénétrer dans le domaine inconnu, parcourir ses dédales de couloirs pour gagner le cœur du labyrinthe, oublier le monde alentour, oublier la raison, accepter l’invitation au voyage vers l’au-delà, en d’autres mots : passer de l’autre côté du miroir.

Le spectateur est alors face à un choix : accepter l’invitation et peut-être parvenir à découvrir de quoi est fait ce qu’il voit, ou bien demeurer spectateur et se contenter d’avoir vu une "jolie image".

Relevons le défi et commençons la quête.
Le succès de l’entreprise dépend en partie du fait de laisser s’exhaler les sens jusqu’à les surpasser. Dans ce labyrinthe de formes et de couleurs, les repères sont faussés, les sens trompeurs, seul l’instinct est un guide fiable.
Le chemin est déroutant. Les pièces du puzzle se mettent en place au fur et à mesure. Une pièce fourbe force soudain à revenir sur ses pas.
Plus la quête progresse, plus le pèlerin se rend compte que le but n’est pas comme il le croyait de révéler l’image originale et de percer les secrets de la technique de l’artiste, afin de retrouver ses repères et son univers quotidien, mais plutôt voire même surtout, d’avoir fait l’expérience par lui-même que l’image habituelle qu’on lui donne à voir, n’est peut-être pas si lisse et si réelle qu’il le croit, de même que le monde qui l’entoure. L’interrogation est nécessaire et salutaire. Seule l’interrogation permet de lutter contre l’uniformisation de nos modes de pensée qui mène à la diffusion d’idées prémâchées et à la mort de l’imagination.

Toutefois, l’homme est libre. Libre d’accepter le monde qu’on lui donne à vivre, libre de plonger dans les yeux de Thomas Bijon.