Mare Nostrum
Corsica
Port de Toulon : vent en poupe toute !
Les jumeaux Mega Smeralda et Mega Andrea de la Corsica Ferries, à quai au port de Toulon en mai 2016 ; photo : Jean-Pierre Fabre.
Bien connu de longue date pour
son arsenal, qui abrite notamment le fleuron de la marine militaire
française, le porte avion Charles de Gaulle,
le port de Toulon s'est peu à peu hissé depuis le
début des années 2000 au premier plan des ports
français de Méditerranée pour le trafic passagers.
Ancien port d'intérêt national décentralisé
en 2007, le périmètre du port de Toulon - La Seyne -
Brégaillon est placé sous l'autorité portuaire de Toulon Provence Méditerranée (TPM) ;
il s'étend de fait à l'ensemble de la rade, ce qui inclut
aussi les ports de Saint Louis du Mourillon et de Saint Mandrier.
L'expansion du trafic de Toulon s'est faite avant tout sur les lignes
de Corse,
à l'initiative de la Corsica Ferries qui
a bâti sa stratégie de développement au
départ du port varois dès la fin 2000 mais elle
s'étend désormais à d'autres destinations ainsi
que, plus récemment, au fret et à la croisière,
qui se
développent aussi nettement depuis quelques années.
Toulon, port leader des lignes de Corse depuis maintenant 10 ans !
De précédents articles thématiques de Mare Nostrum Corsica ont
déjà relaté la remarquable ascension du port de
Toulon sur les lignes maritimes de Corse, le port varois doublant
notamment Marseille pour la première fois, de justesse, en 2005,
puis chaque année - beaucoup plus largement cette fois -
à partir de 2007 (voir par exemple l'article sur la suppression de l'aide sociale
en 2014, qui a stoppé la progression des trafics maritimes de la
Corse sans toutefois faire chuter le trafic du port varois...).
Comme l'illustre le graphique suivant, fondé sur les statistiques de l'Observatoire régional des transports de la Corse (ORTC),
les ports de Nice, Toulon et Marseille étaient au coude à
coude de 2005 à 2007 pour ce qui est du trafic passagers avec la
Corse. Depuis 2008, Toulon laisse à une large distance
l'ensemble des autres
ports continentaux, aussi bien côtés français
qu'italien : Marseille a beaucoup perdu depuis 2014 suite au retrait de
la plupart des ferries gros porteurs qui assuraient la liaison avec la
Corse ; Nice reste sur une dynamique négative depuis le
plafonnement du nombre d'escales en 2011 et ne s'est pas remis de la
suppression de l'aide sociale en 2014, bien que la Moby ait pris le relai de la SNCM
depuis 2016 ; Livorno, Genova et Savona voient globalement leur trafic
passagers avec la Corse stagner depuis près de 20 ans. Toulon est donc le
seul port continental à avoir jamais dépassé la
barre des 1,1 million de passagers pour le trafic passagers avec la
Corse et à approcher désormais celle des 1,5 million !
En matière de transports maritimes de la Corse, l'évolution
majeure de la décennie 2000 est bien l'émergence des
lignes de Toulon, sous l'impulsion de la Corsica Ferries, qui y a inséré successivement plusieurs de ses navires de la nouvelle génération : les Mega Express et Mega Express Two,
à cheval entre lignes corses et sardes de 2001 à 2003,
puis ces mêmes navires à plein temps sur les lignes de
Corse à compter de 2004 et enfin en sus, depuis 2007, le Mega Express Four.
À chaque fois, le trafic corse du port de Toulon a
évolué favorablement, pour passer de 123 000 passagers en
2000 à plus de 1 030 000 en 2008, soit + 737 % en à peine
huit ans ! Le port de Toulon ne s'est toutefois pas
s'arrêté là, la Corsica Ferries y ayant affecté un quatrième Mega depuis la saison 2009, le Mega Smeralda, alors son navire amiral.
Cette progression du port varois a été d'autant plus remarquable que sur
la même période, le trafic Marseille-Corse, assuré
par La Méridionale et la SNCM,
a continué de progresser chaque année (sauf en 2004 et
2005, marquées par de longs mouvements de grève de plus
d'un mois de la SNCM à l'automne) :
le trafic passagers du port de Marseille avec la Corse a ainsi atteint
en 2008 près de 900 000 passagers, contre 827 000 en 2000,
c'est-à-dire un an avant la mise en service des premiers Mega Express de la Corsica Ferries.
A cette phase d'émergence a succédé une phase de
maturité, accompagnée d'une moindre croissance, à
l'exception notable de la très concurrentielle année 2010, maqruée par l'ouverture
éphémère de la ligne Toulon-Bastia à
son tour par la Moby Lines,
compagnie qui a finalement dû se retirer de cette liaison assurée
(alors par le Moby Corse) après une seule saison d'exploitation, faute de
rentabilité. Le retour, également
d'assez courte durée, de la SNCM
sur cette même liaison Toulon-Bastia de 2012 à 2014 n'a pas eu
d'effet aussi notable, la liaison assurée par le Corse
puis par le Méditerranée
étant alors surtout
orientée fret aux dires mêmes de la compagnie. Quoiqu'il
en soit, le port de Toulon a su tirer son épingle du jeu par rapport aux autres ports de desserte de la Corse, y
compris sur la période récente en dépit d'une
croissance fortement accrue de l'aérien, dont les parts de marché s'envolent
littéralement depuis le resserrement du dispositif d'aide
sociale maritime en 2010.
Un autre fait marquant du développement de la place portuaire
toulonnaise est la diversification progressive des destinations desservies. Tout
d'abord avec la Corse : alors que l'essentiel du trafic maritime de Toulon
assuré par la SNCM
était traditionnellement concentré sur Propriano jusqu'au
début des années 2000 (voir graphique ci-dessous), avec
l'arrivée de la Corsica Ferries,
celui-ci s'est très fortement développé vers
Bastia (quasi-exclusivement de nuit) et Ajaccio (de jour dans un
premier temps, ainsi que de nuit à partir de 2007, suite
à la mise en service du Mega Express Four). La multiplication des navires de type Mega Express
affectés à ces dessertes a ainsi permis à la ligne
Toulon-Ajaccio et, plus ponctuellement, à Toulon-Bastia de se hisser tour à tour
à la première place des lignes de Corse, devant Livorno-Bastia, en tête depuis 1986 [1]. Elle a également conduit à une
diversification des dessertes en Corse en dépit de la fermeture
de la ligne de Propriano par la SNCM en 2004, le port de Toulon étant aussi relié par la Corsica Ferries à l'Ile Rousse à compter de cette année-là (l'entrée en service du Mega Express Three ayant permis de libérer les deux premiers Megas
pour cette desserte) et à Porto Vecchio depuis 2016, grâce
aux nouveaux créneaux de départs permis cette fois par la mise en
service du Mega Andrea.
Nota Bene
: le port de Calvi est fermé aux ferries depuis le 12 août
2016, l'intégralité de trafic de la micro-région
de Balagne se concentre depuis lors exclusivement sur l'Ile Rousse. Le
trafic de la ligne Toulon-Porto Vecchio indiqué ici ne comprend
que celui des traversées directes effectuées de et vers
Toulon, il est donc sous-estimé aux dires mêmes de l'ORTC,
la majeure partie de ces traversées ayant été effectuées en 2017 avec une escale
intermédiaire en Sardaigne (à Porto Torres).
Une diversification récente des destinations desservies au départ du port de Toulon
Les Mega Smeralda et Mega Express Three à quai à Toulon en mars 2017 ; photo : Jean-Pierre Fabre.
La diversification des dessertes du port varois ne s'arrête pas
à la Corse, comme résumé au schéma
ci-dessous. Ainsi, depuis quelques années, la Tunisia Ferries
assure des touchers en été de ses ferries Tanit ou Carthage (voir page de photos
de ce navire lors d'une escale exceptionnelle à Bastia en 2015)
en
provenance de la Tunisie au départ de Toulon en période
de forte affluence : la compagnie a commencé par quelques
escales épisodiques début 2014 suite au blocage du port
de Marseille lors d'un mouvement social et programme depuis
quelques escales occasionnelles l'été, ce qui lui permet
de raccourcir de 2 à 3 heures le temps de navigation depuis Tunis par rapport
à une escale effectuée depuis le port phocéen. Pour mémoire,
la SNCM
avait aussi assuré quelques escales entre Toulon et Alger lors
de l'été 2014 en sus de ses lignes vers l'Algérie.
Par ailleurs, la Corsica Ferries a
commencé à développer au départ de Toulon
depuis le printemps 2016 des liaisons nouvelles vers la Sardaigne en
sus de celles de Corse. Dans un premier temps, il s'agissait en 2016
d'assurer une desserte combinée de Porto Torres en Sardaigne et
de Porto Vecchio en Corse en saison, un même navire de type Mega Express
faisant
escale à la suite dans ces deux ports. Devant le succès
rencontré,
la desserte de Porto Torres a été
pérennisée durant l'hiver 2016-2017 (avec, cette fois,
une escale
intermédiaire à Ajaccio) et cette expérience est
reconduite pour l'hiver 2017-2018. Depuis l'été
2017, la Corsica Ferries assure
même en sus certaines traversées directes
uniquement consacrées au port sarde de Porto Torres les
week-ends, en sus de celles partagées avec Porto Vecchio. Le
nombre de traversées directes programmées par la Corsica Ferries sur cette
liaison Toulon-Porto Torres a encore été revu à la hausse, y compris en semaine, lors de la
saison 2018, ce qui laisse augurer une nouvelle expansion du trafic portuaire varois.
Enfin,
à partir du printemps 2018, c'est aussi le port de Toulon que la
Corsica Ferries a choisi pour
desservir une nouvelle destination, l'île espagnole de Majorque,
que les touristes ne pouvaient rallier jusqu'ici qu'en avion ou en
bateau depuis l'Espagne (au départ de Barcelone et de Valence,
principalement, par les compagnies espagnoles Trasmediterranea et Baleària) [2]. Avec la nouvelle ligne Toulon-Alcúdia, bi-hebdomadaire pour sa première saison d'exploitation,
la compagnie aux bateaux jaunes ajoute donc une quatrième
île à ses dessertes (après la Corse, la Sardaigne
et l'île d'Elbe) et un sixième port desservi depuis
Toulon, ce qui porte le port varois au niveau de Bastia en termes de
diversité du réseau de la compagnie [3]. Et, s'il se
confirme, le développement des lignes entre Toulon, Majorque et
la Sardaigne pourrait même faire prochainement de Toulon le
premier des ports de la compagnie aux bateaux jaunes. En effet, Toulon
talonne désormais Bastia au niveau du trafic passagers de la Corsica Ferries : avant même le renforcement annoncé pour 2018, Toulon
devrait ainsi avoisiner 1,5 million de passagers pour la compagnie
en 2017, contre environ 1,6 million prévus à Bastia !
Schéma Mare Nostrum Corsica, d'après les horaires des compagnies.
Au-delà
du trafic passagers, le port de Toulon a aussi connu une expansion au
niveau du fret, dont le trafic culmine à 2,5 millions de tonnes
depuis 2015, dont près de la moitié sur la Corse. Certes,
Toulon ne semble pas en mesure de rivaliser
avec Marseille pour ce qui est du trafic roulier avec la Corse, surtout
depuis que la création de Corsica Linea
par un consortium de transporteurs Corses a ramené sur les
lignes de continuité territoriale Marseille-Corse l'essentiel des semi-remorques du
fret insulaire. Si la ligne Toulon-Citavecchia (port de Rome)
assurée un temps par l'italien Grimaldi Lines en partenariat avec Louis Dreyfus n'a pas survécu à la crise de 2008 [4], la compagnie turque U.N. Ro-Ro
connaît quant à elle un succès croissant depuis
2011 pour sa liaison fret vers le port de Pendik (Istanbul). En effet,
les deux rouliers U.N. Akdeniz et U.N. Birlik
de très grande capacité qu'elle emploie sur cette liaison
pluri-hebdomadaire
ont beau avoir multiplié leurs rotations (passées de 2
à 3 par semaine depuis février 2015) et avoir
été jumboïsés de 30
mètres début 2017 (portant sa longueur totale à
223 mètres et sa capacité fret de 240 à 310
remorques par voyage), ils ne suffisent plus à
répondre
à la demande, en forte croissance. 60 400 remorques de fret ont
ainsi transité sur cette ligne Toulon-Pendik au cours de
l'année 2016 selon TPM,
contre seulement 36 000 en 2011 lors de la
première année d'exploitation de la ligne et la tendance
de 2017 serait encore très positive, ce qui pourrait inciter la
compagnie a renforcer encore ses dessertes. Le Marin du 28 septembre 2017 rapporte en effet que lors de la rotation du dimanche soir, le cargo de U.N. Ro-Ro
laisse en moyenne depuis début septembre une cinquantaine de
remorques par voyage sur le quai, faute de place suffisante...
Et cette croissance ne devrait pas s'arrêter là. En effet, le journal en ligne Mer et Marine rapportait dès juin 2016 que : "l’objectif est de permettre aux marchandises acheminées
depuis la Turquie par les navires d’U.N. Ro-Ro de passer par le train pour
rejoindre la région parisienne et ensuite Calais, de manière à toucher le
marché britannique via les ferries exploités dans le Détroit ou encore le
tunnel sous la Manche. Une telle liaison permettrait de développer
significativement le trafic, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de
serre liées à la circulation des camions".
Ce projet nécessite toutefois le développement des
infrastructures existantes, et notamment le projet de remis en
état de la liaison ferroviaire reliant les quais de
Brégaillon au réseau ferré national, condition sine qua non
pour permettre un débarquement rapide des remorques de fret,
à l'image du projet en cours de développement à
Calais en vue de créer une desserte ferroviaire directe avec
l'Espagne.
Des infrastructures portuaires en évolution et des pistes d'expansion encore en devenir dans la rade de Toulon
La rade
a la chance de pouvoir disposer à proximité d'espaces
potentiellement mobilisables en dehors des quais traditionnels du
centre-ville de Toulon, que ce soit par exemple à
Brégaillon ou à la Seyne-sur-Mer, où accostent déjà les navires de U.N. Ro-Ro.
Si les ferries accostent pour l'heure exclusivement à Toulon en temps
normal, les navires de croisière font escale, selon les cas, à Toulon
ou à la Seyne-sur-Mer ou restent parfois désormais en rade lorsque la place manque. La CCI du Var,
par la voix de son président Jacques Bianchi, affiche en tout
cas des objectifs très ambitieux en matière de
croisière : il souhaite voir passer le trafic
croisiériste à 1 million de voyageurs à l'horizon
2025, contre près de 560 000 en 2016, ce qui place d'ores et
déjà Toulon au 3ème rang des ports de France métropolitaine.
Le
développement rapide de Toulon tant pour ce qui est des ferries,
du fret que de la croisière pose dès lors la question du dimensionnement
des infrastructures du port. En 2000, lorsque la Corsica Ferries a débarqué, la CCI du Varconsidérait
alors que les postes à quais disponibles lui
assuraient des marges considérables de développement.
Rien qu'en centre ville, le port dispose de trois quais : le quai
Minerve, de 185 mètres de long pour 7,5 mètres de tirant
d'eau, le quai du Président Fournel, de 350 mètres de
long pour 10,0 mètres de tirant d'eau et un troisième
quai, moins commode d'accès pour les ferries, le quai des
Corses, de 184 mètres de long pour 7,5 mètres de tirant
d'eau. Toutefois, les espaces commencent à manquer et Pierre
Mattei, PDG de la Corsica Ferries, déclarait en avril 2016 dans une interview à l'Express
: "s'il y avait un quai supplémentaire, on ne dirait pas non !
Car il y a parfois quelques problèmes de congestion". S'ils ne
semblent pas trop préjudiciables à ce stade au trafic
portuaire, ces phénomènes de congestion semblent devenir
plus fréquents à Toulon et obligent à
déplacer certains navires lors d'escales longues en
journée : ainsi, Var Matin du 28 septembre 2017 rapporte que "ce
soit à Brégaillon, à l'ancien môle d'armement des chantiers navals ou encore au
terminal de Toulon Côte d'Azur, le port de commerce a affiché complet une bonne
partie de la journée" et que, ce jour-là "entre les escales des paquebots Aidastella et Westerdam, et
celle - plus régulière - du ro-ro turc Saffet Ulusoy, les trois ferries jaunes
de la Corsica
ont eu bien du mal à trouver une place à quai" ce qui a
obligé deux d'entre eux, qui ne repartient que le soir, à
passer la journée au mouillage en grande rade, devant les plages
du Mourillon.
De fait, si le transfert des ferries sur le site de Brégaillon
ne semble plus d'actualité, tout du moins à ce stade [5],
Pierre Mattei
ajoutait que si le type d'investissement lourd tel que la
création de nouveaux postes à quai passe "par des
financements publics" et que sa compagnie "est à Toulon depuis
longtemps et pour longtemps. Nous nous posons donc en partenaire, y
compris s'il faut mettre la main à la poche". Certains projets
évoqués ces dernières années proposent en
effet de transférer à terme les ferries à
Brégaillon au sein d'un nouveau terminal portuaire à
construire, mais rien n'est encore acté pour le moment. Les travaux
de la grande commission nautique relative aux travaux
d'aménagement du terminal portuaire de Brégaillon,
réunie le 27 janvier 2017, envisagent toutefois des
développements pour ce site, "principalement, la création
de nouveaux quais et terre-pleins" et "le dragage des postes à
quai, dans la perspective du développement du trafic maritime
à Toulon (Lo-Lo, Ro-Ro et Ro-Pax)". En particulier,
"l'allongement du quai Lo-Lo actuel du terminal nord pourrait
constituer la première tranche de ce projet". Ces travaux,
considérés comme prioritaires, "sont prévus
à partir de 2019" selon cette même source, qui
précise également que seraient ensuite envisagés,
à une échéance non indiquée, "le comblement
du fond de la darse du terminal nord, puis la construction de trois
quais et de terres-pleins sur le côté sud du terminal nord
pour accueillir des ferries de nouvelle génération
mesurant 230 mètres de long et 30 mètres de large".
À
noter que plusieurs
autres travaux de modernisation ont déjà
été récemment réalisés, notamment dans le cadre du Toulon Grand Projet Rade : en
particulier, en 2016, la gare maritime de Toulon (désormais
dédiée à la mémoire de Pascal
Lota, fondateur de la Corsica Ferries)
a été modernisée et les accès au port de
commerce revus, un parking surélevé pouvant loger
350 véhicules devrait être construit d'ici 2019 pour mieux
séparer les véhicules particuliers des remorques de
fret embarquant sur les ferries, un nouvel terminal croisières a été inauguré en 2016 à la Seyne-sur-Mer
et un quai supplémentaire d'une longueur de 400 mètres
est également attendu. Il avait été annoncé
que celui-ci serait construit en centre ville : il devait partir de l'actuel quai des
Corses et s'étirer parallèlement au quai Fournel, afin de permettre
l'accueil de navires de croisières allant jusqu'à 360
mètres, contre une longueur maximale de 320 mètres
auparavant à la Seyne-sur-Mer.
L'inauguration du nouveau quai avait été annoncée pour l'horizon 2019, pour un coût
estimé de près de 34 millions d'euros. Toutefois,
début décembre 2017, il a finalement été
annoncé que la communauté d'agglomération Toulon
Provence Méditerranée renonçait à ce quai
en centre ville, jugé trop porteur de nuisances pour les
riverains, et envisageait à la place l'aménagement d'un
quai de 417 mètres sur une parcelle non utilisée de
l'Arsenal du Mourillon. Un concours international doit être
lancé pour cette réalisation et l'horizon de mise en
service n'est pas encore connu à ce jour, mais sera sans doute
postérieur à 2019.
Comme
illustré sur la photo ci-dessous, les
différents espaces de la rade de Toulon autres que ceux du
centre ville sont
déjà utilisés aujourd'hui, que ce soit
pour
l'accostage de rouliers ou de ferries en escale longue pendant la
journée ou bien pour abriter les navires
mixtes déroutés depuis Marseille lors de grèves
ou, plus rarement,
lorsqu'ils sont victimes de "vagues scélérates", comme
ici le Jean Nicoli
de la Corsica Linea en mars 2017.
Les sites de la Seyne-sur-mer et de Brégaillon, accueillant ici les Mega Express Three, U.N. Birlik (jumboïsé depuis) et le Jean Nicoli,
avec au loin aux trois-quarts droite de l'image, le Mega Smeralda à quai à Toulon, en mars 2017 ; photo Jean-Pierre Fabre.
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Notes :
[1] Selon les statistiques de l'
Observatoire régional des transports de la Corse,
disponibles depuis 1992, c'est la ligne Livorno-Bastia qui occupait la première place des
lignes de Corse jusqu'en 2010 inclus. Depuis 2011 et jusqu'à ce
jour, la ligne Toulon-Ajaccio est devenue la principale ligne maritime
de Corse pour le trafic passagers, à l'exception notable de
l'année 2013 au cours de laquelle elle a été
devancée par la ligne Toulon-Bastia. Les axes Toulon-Bastia et
Livorno-Bastia se disputent depuis la deuxième place.
[2] Dans les années 1970, la
SNCM
avait assuré une liaison saisonnière entre Marseille et
Palma de Majorque, l'île espagnole constituant alors une escale
sur le trajet Marseille-Alger. Toutefois, cette liaison a par la suite
été abandonnée, la compagnie se recentrant sur les
traversées directes Marseille-Alger.
[3] À compter de la saison 2018, Toulon est donc relié toute l'année par la
Corsica Ferries à
Bastia, Ajaccio et Porto Torres et, de manière
saisonnière, à Porto Vecchio, l'Ile Rousse et
Alcúdia. À titre de comparaison, Bastia est relié
toute l'année par la compagnie aux bateaux jaunes à
Toulon, Nice, Savona, Livorno et, en saison, à Piombino et
Portoferraïo (île d'Elbe).
[4] Lancée en février 2005, la ligne était assurée par l'Eurostar Valencia (devenu Sorrento
en 2006), navire essentiellement destiné au fret (150 remorques logées
dans un garage de 2 250 mètres linéaires) mais pouvant également
transporter des passagers (400 avec 160 voitures particulières en sus
des remorques), construit aux chantiers italiens Visentini.
Cette liaison a dû fermer en mars 2009 faute de rentabilité, peu de
temps avec la mise en place des premiers écobonus européens dans le
cadre du programme d'autoroutes de la mer Marco Polo
visant à aider à délester le trafic routier au profit du mode maritime.
À noter que ce navire, qui avait épisodiquement desservi en sus les
lignes de Corse (lignes Civitavecchia-Porto Vecchio et Civitavecchia-Bastia) durant les saisons 2006 et 2007 sous les couleurs de Grimaldi Lines
a mal fini, puisqu'il a dû être détruit suite à un grave incendie
survenu en mer le 28 avril 2015 lors d'une traversée entre Palma de
Majorque et Valence opérée pour le compte de l'armateur espagnol Trasmediterranea.
[5]
D'après le procès-verbal des travaux de la grande
commission nautique relative aux travaux d'aménagement du
terminal portuaire de Brégaillon à la Seyne-sur-Mer,
tenue à la DDTM 83 le 27 janvier 2017. À la question de savoir "si le transfert du trafic Corsica Ferries
est toujours envisagé vers Brégaillon", il a en effet
été répondu par Valérie Paecht,
directrice générale des services de TPM,
que : "ce n'est pas la volonté de la ville de Toulon de voir ce
trafic transféré à Brégaillon et que ce
sujet n'est plus à l'ordre du jour", le représentant
local de la Corsica Ferries, Stéphane
Bozzano, exprimant quant à lui "le souhait de voir la
construction du troisième quai dans le port TCA" et ajoutant que : "l'évolution de la flotte Corsica Ferries
dépend des capacités d'accueil à Bastia. Le site
de Brégaillon constitue actuellement une solution de secours et
demeure une possibilité pour l'avenir". Pour
mémoire, le port de Brégaillon nord compte actuellement
deux postes à quai : un poste Ro-Ro de 215 mètres de long
et 9,5 mètres de tirant d'eau et un poste cargo de 370
mètres de long pour 7,5 mètres de tirant d'eau ; plus au
sud et à la Seyne-sur-Mer, la rade dispose actuellement de 8
autres postes à quai, le tout selon l'autorité portuaire TPM.
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