Pour
diminuer cette
traînée, il faut réduire
l’influence des
tourbillons et donc allonger les ailes dans leur longueur.
L’aile
obtenue est dite en creux
et possède un bord
d’attaque
épais tandis que le bord
de fuite
est plus fin tout
en gardant une épaisseur suffisante pour ne pas
être trop fragile.
Enfin
écoulement de
l’air est moins turbulent sur des surfaces courbes car les
filets
d’air «
collent » mieux sur ce type de surface. Prenons pour
exemple
un verre
d’eau : si vous le couchez horizontalement dans un
évier et que vous
laissez couler un mince filet d’eau sur sa tranche, vous vous
apercevrez que
l’eau glisse sur sa surface extérieure et colle au
verre.
C’est la même chose
qui se produit avec l’air et l’aile :
l’air
« colle » à la
surface de l’aile.
Ainsi
l’air contourne
facilement la plaque de l’aile même si
l’existence de
zones tourbillonnaires
n’est pas à exclure totalement.
Dans
une
seconde
étude, nous allons étudier les liens unissant la
vitesse
du vent relatif à différents
endroits de l’aile et la pression qui en découle.
Nous
énoncerons enfin le principe
de Bernoulli.
Nous
avons indiqué
précédemment que la portance vient du fait que
l’aile est aspirée vers le haut.
Deux forces composent en fait la portance : une qui
« pousse »
l’aile vers le haut et une autre qui la
« tire »... vers le haut
également.
Pour
comprendre cela,
il faut tout d’abord savoir que la vitesse parcourue par un
flux
d’air n’est
pas la même à l’extrados
et à l’intrados
d’une aile
selon le principe de Bernoulli. Je m’explique :
lorsque
l’on regarde une aile de planeur en coupe, on
s’aperçoit que sa face supérieure
appelée extrados est plus convexe que la face
inférieure
de l’aile qui, elle,
est droite. On en conclut que la distance parcourue à
l’extrados est plus
grande que celle parcourue à l’intrados.
Or,
on
connaît la
formule :
V=d/t
avec :
V
la vitesse de
l’air.
d
la distance
parcourue pendant t.
t
un intervalle de
temps donné.
Mais
Bernoulli a
démontré, avec
son « principe
des temps de transition
égaux »,
que les masses
d’air qui traversent un solide avec une certaine vitesse se
séparent en deux au
bord d’attaque de l’aile et que les deux parties de
la
masse d’air initiale se
rejoignent ensuite au bord de fuite. Voici une application qui pourra
vous
aider à comprendre :

Schéma
représentant une aile
traversant un flux d’air de gauche à droite: les
deux
parties de ce flux se
séparent et se rejoignent au bord de fuite.
On
sait que la
distance parcourue, pour un même intervalle de temps,
est supérieure à l’extrados
qu’à
l’intrados. On en conclut que la vitesse
augmente à l’extrados par rapport à
l’intrados.
Le
profil de l’aile
qui en résulte est une aile constituée
d’une
plaque courbe. Et c’est ici
qu’intervient la notion de distance sur le profil de
l’aile
selon Bernoulli. La
vitesse augmente donc à l’extrados et diminue
à
l’intrados pour créer une
dépression au-dessus de l’aile et une surpression
sous
l’aile.
En
effet, vitesse et
pression varient inversement dans l’écoulement
d’un fluide
c’est
à dire que si la vitesse
augmente alors la pression diminue et si la vitesse diminue alors la
pression
augmente d’après Bernoulli.
On
arrive ainsi
à une équation
définie par Bernoulli qui lie la pression et la vitesse par
une
constante :
P+ρV²/2=k
avec :
k
une constante.
P
la pression du
milieu.
ρ
la masse volumique
de l’air.
V
la vitesse du
fluide ici : l’air.
Donc
une aile
constituée d’une
plaque courbe bombée sur l’extrados conduit
à une
accélération de l’air au
dessus de l’aile tandis que la vitesse de l’air en
dessous
diminue. D’où une
diminution de la pression sur l’extrados et une augmentation
sous
l’intrados.

Une
aile
créant deux zones de
pressions différentes à l’extrados et
à
l’intrados.
C’est
cette
différence de
pression qui est ici importante : elle va induire une double
poussée
ascendante visant à maintenir l’avion en vol. Du
fait de
la dépression
au-dessus de l’aile, le milieu va « tirer » l’extrados
de bas en haut pour annuler la
dépression tandis que le milieu sous l’aile va
pousser du
bas l’intrados pour
répartir la surpression.
D’après
le principe de
Bernoulli, la portance est bel
et bien une
force constituée de cette
double poussée (deux forces colinéaires et
de même sens). Nous venons de démontrer le fait
que
l’aile ne prend pas appui
sur l’air mais qu’elle crée son propre
milieu pour
se maintenir en l’air grâce,
justement, à son profil.
Enfin,
on peut donc
calculer la
portance et la traînée toutes deux en Newton N d’après
Bernoulli:
Calcul de la
portance : Rz=0.5∙ρ∙V²∙S∙Cz
Calcul de la
traînée : Rx=0.5∙ρ∙V²∙S∙Cx
Rz
et Rx
représentent la portance et la traînée (N).
ρ
est la masse
volumique de l’air (kg/m3).
V
est la vitesse du
vent relatif (m/s).
S
est la surface de
l'aile (m²).
Mais
pouvez-vous me
faire
réellement confiance lorsque je vous dis qu’un
seul type
d’aile conduit à la
génération de la portance ? Est-on
vraiment
sûr que l’on pourrait faire
voler une aile comme je l’ai décrite ?
Pour le
savoir, il n’y a qu’une
seule solution : tester notre hypothèse et
c’est ce
que nous avons fait
très simplement.
Nous
avons donc
créé une aile
plate et une aile courbée et envoyé un flux
d’air
dessus. Voici les résultats
avec
l'aile
plate
et
avec
l'aile courbée.
Nous
pouvons
seulement conclure
que notre hypothèse est vérifiée.
L’aile
courbée à l’extrados monte tandis que
l’aile droite ne bouge pas.
Image
tirée
de notre vidéo et
présentant les conditions de
l’expériences.
Mais cette expérience nous
renseigne sur un autre point qui semble évident mais
à ne
pas omettre :
l’aile et donc le planeur a besoin de posséder une
vitesse
par rapport au
milieu : son vent relatif. Comment le
créer ? Comme le
planeur n’a
pas d’hélice, il doit plonger la tête la
première vers le sol et ainsi
conserver une vitesse donc une portance si ses ailes sont bonnes.
Pour conclure cette
partie, on
peut dire que selon Bernoulli, le profil de l’aile influe sur la
sustentation
et le
déplacement du planeur en
l’air.
2)Remise
en cause de
ce principe :
Le principe de
Bernoulli repose
sur le fait que c’est uniquement l’aile qui induit
le
phénomène de portance. En
effet, de par sa forme, plus ou moins convexe à
l’extrados
et le plus souvent
rectiligne à l’intrados, l’aile induit
une vitesse
de l’air plus grande au-dessus
de l’aile qu’en dessous comme nous
l’avons
démontré. Ceci repose sur le principe
des temps de transitions égaux.
Mais pourquoi donc
ce principe
serait valide dans notre cas ? Et c’est ici que le
principe
de Bernoulli
rencontre une faille. Un flux d’air qui se sépare
au bord
d’attaque d’une aile
ne se recompose pas au bord de fuite. On remarque dans le dessin
suivant que si
on introduit un nuage vertical à un instant donné
τ
et qu’on lui donne un
vitesse en direction de l’aile, ce nuage se sépare
au bord
d’attaque mais que
l’air passant sousl’aile est ralenti de telle sorte
que le
flux passant par
l’extrados « sort »
plus vite du bord de
fuite que lui.
Schéma
représentant l’écoulement
d’un même flux d’air à
l’extrados et à
l’intrados d’une aile.
Peu de personnes
ont osé
remettre en cause ce principe mais nous pouvons citer Gail Craig qui a
essayé
de vulgariser une contre hypothèse au principe de Bernoulli
dans
son ouvrage Stop
abusing Bernoulli ! où
il
démontre par l’absurde que dans le cas
d’un avion ce
principe est faux.
Néanmoins,
l’explication de
Bernoulli n’est pas fausse. Elle se base seulement sur des
données
erronées : on ne peut pas appliquer ici le principe
des
temps de
transition égaux. Pour convaincre les plus pessimistes quant
à la validité de
cet énoncé, il suffit de prendre un
exemple auquel
nous aurions appliqué
le principe de Bernoulli : si nous voulions
générer assez
de portance pour un
planeur dont la distance
du bord
d’attaque au bord de fuite sur l’extrados est
supérieure de 3% à celle de
l’extrados, nous devrions faire voler ce planeur à
environ 600 Km/h.
A
l’inverse, la longueur de l’extrados d’un
planeur se
déplaçant à une vitesse
moyenne devrait être 50%
plus importante que
l’intrados. C’est là que le
principe des temps de transition égaux se
révèle
inexact.
Forme
d’une aile si l’on ne prenait en compte que le
principe de
Bernoulli !
Pour
conclure cette
partie, le
principe de Bernoulli expliqué
précédemment
n’a rien de faux. Il se base
seulement sur un théorème erroné.
Ainsi, on voit
sur le schéma de la page
précédente qu’une aile dont le bord
d’attaque
est orienté vers le haut semble
réduire la vitesse de l’air.
Notre
explication
aurait donc
été incomplète si nous nous
étions
basés seulement sur le fait que l’air
obéit
dans ce cas au principe de temps de transition égaux mais il
était nécessaire
d’expliquer ce théorème de Bernoulli
pour clarifier
notre raisonnement.