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> L’Ensemble Calliopée: Krystof Maratka et Karine Lethiec. Un opéra d’avant le langage


Guy Erismann nous présente nos deux invités, l’un et l’autre portant des noms célèbres: l’altiste Karine Lethiec et son mari, le compositeur Krystof Maratka.
Si nous connaissons tous le nom des Lethiec, Guy Erismann remet nos souvenirs en ordre: c’est à Joseph Maratka (1874-1937), grand-père de notre invité, que nous devons le buste d’Antonin Dvorak aujourd’hui souvent reproduit et dont l’original trône dans le hall du Rudolfinum, à Prague. Entre 1901 et 1904, Maratka Sr. avait été, à Paris, assistant d’Auguste Rodin et c’est à ce titre qu’avec l’Association Manès il organisa, en 1904, l’exposition de notre sculpteur qui eut un tel retentissement en Europe centrale.
Pour sa part, Krystof Maratka, fils de médecin, né à Prague en 1972, étudia d’abord, le piano, la musique de chambre, l’écriture et la composition au Conservatoire de sa ville natale (Buhuslav Rehor, Petr Eben). La chute du régime communiste et une bourse de l’Institut Français de Prague lui permirent de se rendre à Paris (1994) où il travaille notamment à l’IRCAM. Les habitués des Concerts du Centre Tchèque de la rue Bonaparte ont eu maintes fois l’occasion de l’apprécier comme pianiste ou comme chef d’orchestre. Dès son arrivée, François Salque lui avait demandé une pièce pour violoncelle qui attira la bienveillance de Henri Dutilleux -ce qui lui vaut une commande propulsive du Concours de Quatuors d’ Evian.
Krystof Maratka séjourna ensuite aux USA et nous parle du réseau que constituent les Orchestres et les Festivals américains, organisation qui permet à une oeuvre nouvelle d’être jouée 6 à 7 fois.
Krystof Maratka confessera sa dévotion à Janacek, son indépendance d’esprit: ni Darmstadt ni minimaliste.
Avant de terminer, notre hôte s’anime à propos d’une commande destinée à la saison 2008 du Théâtre National de Prague. Un projet ambitieux, suggéré par une remarque de Hubert Reeves: les spéléologues ont établi que les hommes préhistoriques ne décoraient que les grottes dont l’acoustique était satisfaisante. Naquit ainsi l’idée d’un opéra d’avant le langage, évoquant par des onomatopées, des mimiques et la gestuelle, les origines simultanées de l’art et de la musique, le passage, aussi, du sacré au « spectacle »... Tandis que l’on félicite Krystof Maratka pour l’excellence de son français il prétend l’avoir appris à l’oreille...

Fille du clarinettiste Michel Lethiec, qui, après Casals, prit la direction du Festival de Prades, son épouse, l’altiste Karine Lethiec, s’étendra moins sur sa propre biographie que sur les ambitions de son Ensemble Calliopée (du nom de la muse de la poésie épique : « la femme à la belle voix »), formation à géométrie variable, de 3 à 15 pupitres (cordes, vents, piano et harpe), fondée en 1999. En résidence au Centre Tchèque de la rue Bonaparte à Paris, Calliopée, parrainé par Guy Erismann, s’est fait remarquer par la variété et l’originalité de programmes produits désormais dans toute l’Europe.
L’Ensemble passe aujourd’hui commandes à des compositeurs tels que Petr Eben, Marek Kopelent, Pascal Dusapin, Bernard Devienne, Nicolas Bacri, Gyorgy Kurtag.

Aujourd’hui Karine Lethiec, prenant la succession de François Hudry, accaparé par Radio France, va assurer la direction artistique du Festival Amadeus qui, entre Genève et la frontière française, tous les deux ans, en septembre, transforme un hameau fermier en centre musical d’avant-garde.

Marcel Marnat

" La Taverne" le 26 janvier 2006

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