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Entretient avec Evelyne Rogue

Evelyne Rogue est critique et professeur d'esthétique à la Sorbonne et à l'université de Clermont-Ferrand.
Cet entretient a été publié sur www.artcogitans.com en avril 2004

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Évelyne Rogue : Que pensez-vous de la définition de l’art technoromantique que donne S. Barron, comme dernier mot de son ouvrage “ L’art technoromantique affirme la prééminence de l’humain sur la machine, du spirituel sur le technique et nous invite à la présence. L’art technoromantique parce qu’il dépasse le donne technologique, et soumet la machine à l’esprit de l’artiste, nous ouvre à notre dimension spirituelle ” (Technoromantisme) ?

Thomas Bijon : Je me sens très proche de l’attitude technoromantique définie par S. Barron et si son ouvrage était un manifeste, je le signerais immédiatement.
Vous l’avez compris, je travaille à l’affirmation de la prééminence de l’humain sur la machine et comme l’affirme S. Barron, je pense que ce travail doit s’appuyer sur une attitude réactionnaire, c’est à dire sur une conception hélicoïdale de l’histoire (on avance en revenant sur nos pas) plutôt que sur une conception linéaire (le progrès vu par les lumières). Cette idée de réaction, soulignée par l’utilisation du terme “romantisme”, est une évidence pour moi qui ayant suivi une formation scientifique, suis persuadé du rôle fondamental de la notion d’équilibre dans le vivant. Ainsi, la plupart des phénomènes physiques ou biologiques sont explicables par une succession d’actions-réactions qui permettent l’évolution d’un système tout en le protégeant des crises. Et lorsque S. Barron appelle au développement d’une nouvelle écologie, je le comprends comme la nécessité d’étendre le concept de biotope non seulement à notre environnement mais aussi à l’ensemble de nos activités. C’est pourquoi dans mon activité artistique, j’agis non pas, dans l’absolu, contre l’objectivité des images mais dans le cadre d’un biotope dont l’équilibre serait menacé par un excès soudain d’images objectives.

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