Mare Nostrum Corsica 

Le plan de renouvellement de la flotte SNCM prévoyait la commande de 2 nouveaux navires mixtes jumeaux et de 2 autres en option aux chantiers STX France de Saint Nazaire !

Le Monte d'Oro, au large de Nice, en juillet 2011.
Construit en 1991 et plus ancien cargo mixte de la SNCM, le Monte d'Oro pourrait être l'un des premiers navires de la compagnie à céder la place à l'un des nouveaux bateaux à l'horizon 2016 sur les lignes de service public entre Marseille et la Corse.


Après plusieurs annonces pas toujours suivies d'effet (notamment celle de la commande d'un navire pour remplacer l'Ile de Beauté, faite par les dirigeants de la SNCMdès 2009), la compagnie aux bateaux blancs semblait, avant son changement d'équipe dirigeante en mai 2014, sur le point de finaliser la commande de renouvellement de sa flotte. Le plan industriel de la SNCM avait été validé, fin juin 2013, et l'attribution de la nouvelle délégation de service public (DSP) maritime Marseille-Corse acquise pour la période 2014-2023 au groupement SNCM-La Méridionale depuis septembre 2013, la finalisation de la commande des deux premiers navires et de deux autres en option aurait dû intervenir avant l'été 2014. Le conseil de surveillance de la SNCM du 18 mars 2014 avait en effet désigné les chantiers STX France de Saint Nazaire comme le constructeur de ces futurs navires, sous réserve du bouclage de leur plan de financement, qui aurait dû intervenir à la mi-avril 2014. Si ce plan de renouvellement de flotte était moins ambitieux que celui présenté initialement à l'été 2012 - le plan "Changeons" prévoyait 6 à 8 nouvelles unités - il marquait néanmoins un fort renouveau de la compagnie et visait aussi à apporter une bouffée d'oxygène aux chantiers navals de Saint Nazaire. Même dans le cas où cette commande parviendrait à se conclure malgré les graves difficultés rencontrées par la SNCM, compte tenu du retard pris pour passer commande (il était initialement prévu de conclure le marché dès novembre 2013), le premier navire de la série - au moins - risquerait d'être construit ailleurs (la CGT des chantiers réclame que ce soit sur le site de Lorient, en sous-charge, la CFDT accepterait que cela intervienne sur le site finlandais de STX, à Rauma, actuellement en graves difficultés). En effet, en raison des commandes récemment engrangées par STX France (dans le domaine des croisières, mais aussi, le nouveau ferry propulsé au GNL de Brittany Ferries, si cette commande devait finalement être elle aussi confirmée), le site de Saint Nazaire ne serait techniquement plus à même de livrer le premier navire de la série dès mai 2016, comme exigé par le cahier des charges...



Le plan "Changeons" présenté à l'été 2012 par la SNCM et les réactions qu'il a suscité

Dèjà en juin 2012, tranchant avec les annonces alarmistes sur la situation de la SNCM couramment répandues dans les médias, le site Mediaterranée révélait que Marc Dufour, alors président du directoire de la SNCM, multipliait les contacts "pour promouvoir l'idée d'une construction de la nouvelle flotte de la compagnie maritime par les chantiers de Saint Nazaire, chroniquement en mal d'activité". Et le site en ligne de rappeler que le Premier ministre d'alors, Jean-Marc Ayrault, dont le Gouvernement avait déclaré soutenir les préoccupations des marins de la SNCM, s'était "beaucoup battu au cours de sa carrière politique pour la survie du site de Saint Nazaire".

Les politiques ont depuis lors été très mobilisés pour que la construction intervienne en France. La compagnie avait ainsi annoncé que trois chantiers étaient encore en course pour la construction des futurs navires de la compagnie : le chantier STX de Saint Nazaire et deux autres, qui seraient situés l'un en Allemagne (Meyer Werft), l'autre en Corée du Sud (Daewoo). En février 2014, on avançait aussi parmi les candidats possibles, outre le chantier allemand et celui de Saint Nazaire, l'italien Fincantieri, qu'une telle construction aurait intéressé pour son site de Trieste. Dans une interview à Corse Matin le 3 juillet 2012 dans laquelle il présentait le plan "Changeons", Marc Dufour avait indiqué que "la flotte sera entièrement renouvelée avec l'acquisition de 8 navires, dont 6 seront affectés à la Corse. Avec une capacité mixte de 1500 passagers et 2600 mètres linéaires de fret, ils répondront très précisément aux besoins de la desserte de la Corse". Finalement, il semblerait que la capacité ait été un peu revue dans le sens d'une encore plus grande proximité avec les caractéristiques des ferries de type Mega Express de la Corsica Ferries, puisque la capacité passagers s'établirait à 1700, plus 315 véhicules particuliers et 2200 mètres linéaires de fret, selon les dernières annonces faites par la SNCM au journal La Provence fin septembre 2013.

L'Ile de beauté à Toulon, en juillet 2012 ; photo : Jean-Pierre Fabre
Ex-doyen de la flotte SNCM, le remplacement de l'Ile de Beauté, construit en 1979 sous le nom de Cyrnos, n'a pas attendu les constructions neuves : la SNCM l'a finalement vendu en juillet 2013 et remplacé pendant la saison 2013 par le ferry El Venizelos, affrété auprès de l'armateur grec Anek (navire qu'elle a finalement rendu à son propriétaire en septembre 2013).


Dès juin 2012, il était d'ores et déjà acquis que ces navires seraient tous identiques afin de bénéficier d'économies d'échelle lors de leur construction et mesureraient au plus 180 mètres afin de pouvoir accoster dans l'ensemble des ports Corses, de manière interchangeable. Une annonce d'une telle précision quant au nombre de navires et à leurs caractéristiques pouvait alors surprendre alors que le cahier des charges de la future délégation de service public, prévue pour débuter début 2014, n'était officiellement pas encore connu des candidats potentiels à la future DSP et que les orientations et le périmètre même de la future délégation n'ont finalement été définies qu'en mars 2013 par l'Assemblée de Corse. Outre cette étonnante coïncidence de calendrier, certains observateurs soulignaient déjà alors qu'une telle standardisation des navires pourrait conduire à un possible surdimensionnement de la flotte affectée aux ports Corses dont le trafic fret et les coefficients de remplissage actuels pour le transport des marchandises sont les plus faibles (Propriano, Porto Vecchio et Ile Rousse). Philippe Pasqualini, vice-président de la CGPME de Corse, a ainsi affirmé dans une interview à France Bleu Corse le 27 septembre 2012 que la question des besoins et du coût du fret n'avait pas été suffisamment été analysée et que des scénarios alternatifs de desserte auraient gagné à être étudiés afin de dégager un gisement important d'économies. Il a déclaré partager les préoccupations formulées par Jean-Claude Graziani (représentant de la CGT au sein du Conseil économique, social et culturel de Corse) selon lesquelles "nous nous posons des questions quand nous voyons un cargo arriver dans un port secondaire avec une remorque à bord" et a ajouté "quel est le prix de revient de la remorque ?" et qu'il fallait que les élus puissent expliquer que "le schéma qu'on a choisi coûte peut-être 30%, 40%, 50% plus cher qu'un autre schéma qui aurait privilégié l'efficacité économique de façon à abaisser significativement le coût des transports, de façon aussi à servir de régulation au prix des transports sur la Corse car plus on aura un prix de DSP bas, plus ça va réguler les tarifs vers le bas".

Pour en revenir au renouvellement de la flotte SNCM, dés l'été 2012, les plans de la compagnie se sont précisés puisque le journal Le Marin du 6 juillet 2012 révélait que la compagnie aux bateaux blancs avait déjà "choisi le bureau d'études finlandais Foreship pour travailler sur le design de ses nouveaux navires". Le projet de ce cabinet d'études aurait été préféré à ceux de ses concurrents en raison notamment de son ergonomie et des performances de sa carène. L'hebdomadaire de l'économie maritime se faisait plus précis encore sur les caractéristiques de ces navires, puisqu'il mentionnait que le compromis recherché entre les ferries et les cargos mixtes actuels s'établirait à "1400 à 1500 passagers et 2300 à 2600 mètres linéaires de fret". Les passagers seraient logés dans 300 cabines environ, dont certaines comporteraient cinq places. Cela correspondrait à une capacité passagers sensiblement moindre que celle des plus gros ferries qui dépassent allègrement les 2000 passagers mais bien supérieure à celle de la plupart des cargos mixtes actuels. Ces navires seraient donc en définitive assez proches du Jean Nicoli, qui était exploité dans une configuration voisine de celle des Mega Express de la Corsica Ferries (qui disposent aussi de 300 cabines
en moyenne) par son précédent propriétaire, la compagnie grecque Minoan Lines. Au niveau de la capacité fret, les chiffres avancés se situent un peu au-dessus des plus gros navires mixtes actuels, les Pascal Paoli de la SNCM et Piana de la Méridionale pouvant transporter jusqu'à respectivement 2300 et 2500 mètres linéaires de roll par voyage, contre 1600 mètres linéaires par exemple pour le Monte d'Oro.

Photo DR, diffusée par le service de presse de la SNCM aux différents médias
Le design des futurs navires de la SNCM tel que conçu par le bureau d'études Foreship et publié dans le journal Corse-Matin en juillet 2012.



Il était alors question d'une commande très importante de navires, soumise à options : suivant le plan "Changeons", quatre navires auraient été commandés de manière ferme "avec en plus, deux fois, deux options" rapportait à l'été 2012 l'hebdomadaire maritime. Pour mémoire, rappelons que jusqu'en 2013 inclus, la SNCM exploitait quatre cargos mixtes sur ses lignes Marseille-Corse et, qu'en période de pointe, la compagnie armait également quatre ferries
sur la Corse, dont deux dans le cadre de la délégation de service public au départ de Marseille (les Danielle Casanova et Excelsior, ce dernier en remplacement du Napoléon Bonaparte, accidenté puis vendu) et deux en dehors de cette délégation, au départ de Nice et de Toulon (les navires Corse et Méditerranée) ; le ferry El Venizelos ayant complété la flotte pour les lignes du Maghreb (desserte de l'Algérie et de la Tunisie au départ de Marseille) pendant l'été 2013 mais n'ayant été ni renouvelé, ni remplacé en 2014.

À noter que l'annonce de la possible commande imminente d'un tel nombre de navires par la SNCM avait été accueillie avec une grande circonspection sur l'île à l'été 2012. La radio Alta Frequenza rapportait ainsi que Paul Giacobbi, "le président de l'Exécutif de Corse, comme bien d'autres, se demande comment une compagnie, qui était estimée il y a quelques semaines par ses propres dirigeants ne valoir guère plus qu'un euro symbolique, pourrait se lancer dans un tel investissement". Dans une interview à cette même station datée du 30 juillet 2012, le Président de l'Office des transports de la Corse précisait à ce sujet qu'il avait déjà eu l'occasion de préciser que "les effets d'annonce n'étaient pas très sérieux et qu'il fallait se garder de ce genre de propos" et que si des modernisations de la flotte de la SNCM étaient souhaitables "en pleine crise économique, financière, sociale, mondiale, je vois mal une entreprise comme la SNCM avoir un plan de financement sérieux pour payer huit bateaux neufs". La SNCM avait alors répondu par voie de presse qu'une partie de ce renouvellement serait financée par la cession de navires actuellement en sa possession et qu'elle avait d'ores et déjà reçu des propositions de financement du reste de ce plan de la part de plusieurs groupes bancaires.

Toutefois, l'ampleur du projet de commande a été revue à la baisse dans un premier temps dès l'automne 2012,
les deux dernières options initialement envisagées étant finalement écartées suite à la confirmation de la non-extension de la délégation de service public maritime aux lignes Toulon-Corse. Puis, le conseil de surveillance de la SNCM du 17 avril 2013 a finalement proposé de limiter le nombre de nouveaux bateaux à construire à quatre, avec éventuellement deux options supplémentaires. D'après Mer et Marine du 18 mars 2013, le calendrier envisagé alors pour la livraison des quatre premiers navires était alors le suivant : un premier navire dès 2015, deux autres en 2016 et le quatrième en 2017. Finalement, le plan industriel de la SNCM adopté fin juin 2013 est un compromis entre ce projet présenté en avril 2013 et un plan beaucoup plus restrictif dit "de continuité d'activité" discuté entre-temps, qui ne prévoyait plus que la commande de deux navires. Le nouveau plan, qui a désormais pris un peu de retard, tablait donc sur une commande rapide (avant la fin 2013) pour une mise en service des deux premiers navires dès 2016-2017 et, normalement, sur une nouvelle commande double courant 2016 pour une mise en service des deux navires suivants vers 2018. Quoiqu'il advienne désormais de l'actionnariat de la SNCM, ce calendrier ne pourra pas être tenu compte tenu du retard pris pour passer commande, si commande il y a (ce qui devrait dépendre du repreneur qui sera finalement retenu).



Des navires novateurs dont le mode d'exploitation se rapprocherait, à certains points de vue, du modèle industriel de la Corsica Ferries et qui devraient être propulsés au GNL !

Vue partielle des projets de futurs navires de la SNCM diffusée en juin 2013 sur le site internet du magazine Corsica. La bande bleu marine et le logo de la compagnie y apparaissent bien plus grands que sur les bateaux actuels.


Au vu des déclarations successives des ex-dirigeants de la SNCM, ces projets de navires seraient capables de naviguer plus vite que les ferries actuels, à une vitesse proche de celle des Mega Express de la Corsica Ferries (soit jusqu'à environ 27 noeuds de jour, en vitesse de pointe) tandis que les navires mixtes et ferries actuels naviguent généralement à une vitesse plus proche de 19 à 23 noeuds.
À l'instar de ce qui se pratique déjà à la Corsica Ferries depuis de nombreuses années, cela permettrait à la fois à la compagnie de doubler le nombre de rotations par rapport aux cargos mixtes actuels qui ne naviguent que de nuit et "d'ainsi exploiter toute notre flotte, toute l'année, avec des effets d'échelle significatifs" précisait le président du Directoire de la SNCM en mai 2011 dans une interview au journal Les Echos.

Interview dans laquelle il indiquait également que ce nouveau modèle supposerait une autre organisation de l'emploi à la SNCM, plus flexible, ainsi des gains de productivité, ce qui nécessiterait de négocier un nouveau pacte social avec les syndicats de la compagnie. Les accords sociaux ont depuis été dénoncés par la compagnie et il était prévu que de nouvelles conditions d'exploitation des navires soient mises en oeuvre dès 2014. Les négociations auraient abouti courant septembre 2013 pour la plupart des catégories du personnel navigant. Pour autant, les conditions d'exploitation des nouveaux navires risquent de se révéler d'autant plus ardues, notent certains observateurs du dossier, que les équipages pressentis pour ces nouveaux bateaux seraient limités à une soixantaine de marins par voyage alors que les plus gros ferries actuels de la compagnie en comptent jusqu'à cent cinquante ! Enfin, en termes de lignes, l'ancienn direction de la compagnie prévoyait que les nouveaux navires auraient dû - pour les deux premiers du moins - être prioritairement employés sur les lignes de service public entre Marseille et la Corse (vraisemblablement Marseille-Bastia et Marseille-Ajaccio) mais que leur mise en service se serait aussi inscrite dans une démarche de développement des lignes du Maghreb, sur lesquelles auraient pu être redéployés certains des autres navires de la SNCM, notamment le Danielle Casanova, dès la saison 2015, d'après le plan industriel révélé par le site Marsactu.

A
utre nouveauté, sur le plan technique cette fois, les futurs navires devraient être propulsés au gaz naturel liquéfié (GNL), comme cela commence
désormais à se pratiquer en Europe du Nord, où les normes antipollution sont plus contraignantes qu'en Méditerranée au niveau de la teneur en soufre, ce qui renchérit fortement le coût des carburants classiques1. À noter que la SNCM serait alors la première compagnie en Méditerranée à se lancer dans cette nouvelle technologie, qui poserait encore à ce stade diverses difficultés techniques, notamment en termes de moyens et de capacités d'approvisionnement des navires (une filière de "soutage" du GNL reste en effet encore à monter en France, comme dans la plupart des pays européens). Outre le gain environnemental, le choix du GNL répond aussi à des préoccupations économiques : à l'heure actuelle, ce carburant serait environ 30% moins cher que le mazout utilisé jusqu'à ce jour, alors que le carburant alternatif, le fioul léger serait à l'inverse près de 80% plus coûteux !

Le journal Corse Matin rapporte que le prototype présenté à l'été 2012 aurait été diffusé dès avril 2012 aux dirigeants de la SNCM et que "quelques améliorations auraient été apportées depuis". Depuis cette date, le site internet PassengerShips a publié le 18 mars 2013 des vues plus détaillées de ces projets de futurs navires, aussi bien externes qu'internes, ainsi que le site du mensuel Corsica (voir illustration ci-dessus). PassengerShips rapporte ainsi que ces images seraient "signées Stirling Design International, étroitement liés au monde maritime français et plus particulièrement à STX France", ce qui laissait déjà penser que les chantiers français tenaient la corde pour la construction de ces futurs ferries. Toujours selon PassengerShips, ces navires seraient dotés "de quatre ponts ouverts aux passagers, ainsi que de balcons privatifs, caractéristiques de suites" que l'on retrouve notamment sur l'ex-Napoléon Bonaparte de la SNCM ou sur le Mega Express Five de la Corsica Ferries.

Le coût unitaire de l'investissement dans ces navires construits en série avait toutefois été revu à la hausse par rapport aux annonces initiales, compte tenu du moindre nombre de navires à fabriquer. Initialement, par Marc Dufour déclarait tabler sur environ 800 à 850 millions pour l'ensemble des huit navires, soit un montant unitaire de 100 à 110 millions d'euros. Puis, le coût unitaire des navires évoqué a été plus proche de 140 à 160 millions et enfin, de 170 millions l'unité. Une partie de cet investissement colossal devait être financé par la revente des navires actuels de la compagnie dont la valeur actuelle de la flotte serait estimée par les experts à plus de 350 millions d'euros. D'après le magazine Corsica de juin 2013, "ces nouveaux navires, dont l'amortissement est prévu sur quinze ans, seront achetés par une société dédiée en voie de constitution - investisseurs privés et éventuellement publics - qui restera propriétaire des navires loués et remboursés par la SNCM qui en aura l'exploitation
". En tout état de cause, Paul Giacobbi, président du Conseil exécutif de Corse a depuis précisé à l'été 2014 que le renouvellement de la flotte de la SNCM se ferait à l'initiative de la Collectivité territoriale de Corse qui, si tout se passe comme il le souhaite, en deviendrait propriétaire à l'issue de la délégation de service public 2014-2023.

Les navires les plus anciens de la SNCM (le Corse, datant de 1983, et le Méditerranée, de 1989) pourraient ne pas tous faire partie des premiers remplacés car ils naviguent sur des parcours assurés par la compagnie en sus des obligations de service public. Jusque début octobre 2012, on aurait pu penser que, bien que moins anciens, les cargos mixtes
Monte d'Oro et Paglia Orba (mis en service respectivement en 1991 et en 1994) et auxquels s'appliquait jusqu'ici une condition d'âge maximal de 20 ans2 au commencement de la délégation de service public auraient pu être les premiers à céder la place aux nouveaux navires. Toutefois, le 5 octobre 2012, l'Assemblée de Corse a introduit un amendement au cahier des charges de la DSP 2014-2023 qui rebat les cartes en la matière : celui-ci prévoit que, désormais, les navires employés sur les lignes de service public au départ de Marseille ne devront à tout moment pas dépasser l'âge de 30 ans. L'ordre de renouvellement des navires paraissait dès lors plus ouvert et ce, d'autant plus que comme le précise le journal Mer et Marine du 21 juin 2013 qu'il n'est "pas impossible qu'en attendant la livraison des nouveaux navires, en 2016, les doyens de la compagnie, le Corse (1983) et le Méditerranée (1989), soient remplacés comme l'Ile de Beauté (1979) par des navires affrétés". Le site Marsactu a révélé depuis, en janvier 2014, un ordre possible de renouvellement des anvires de la SNCM, comme précisé à cette page, qui pourrait à son tour être remis en cause en cas de redressement judiciaire de la SNCM.

À titre purement indicatif, le tableau ci-après compare, pour la période 2014-2023 de la nouvelle délégation, l'application de l'ancienne et de la nouvelle règle pour les sept cargos mixtes employés jusqu'ici sur les lignes Marseille-Corse :



Source : interprétation Mare Nostrum Corsica des conditions d'âge des navires prévues par les DSP Marseille-Corse 2007-2013 et 2014-2023. Il s'agit là d'une simulation, réalisée à titre purement indicatif, de la seule condition d'âge limite des navires mixtes en service en 2013 entre Marseille et la Corse, indépendamment des autres clauses - d'ordre quantitatif ou qualitatif - régissant la circulation des navires dans le cadre de cette convention de service public et des choix stratégiques qu'opèreront les compagnies délégataires. 

Lecture : avec l'ancienne clause d'âge maximal de vingt ans en début de convention, les navires mixtes Monte d'Oro de la SNCM et Kalliste de La Méridionale, qui auront dépassé cet âge début 2014, auraient dû être remplacés impérativement avant la fin 2015, compte tenu de la tolérance de deux ans autorisée pour procéder au renouvellement de flotte. Le cas du Paglia Orba de la SNCM aurait dépendu de la manière d'apprécier la règle : mis en service en mars 2014, il n'a certes pas vingt ans dès le 1er janvier 2014 mais durant la première année d'entrée en vigueur de la nouvelle convention. À ce titre et comme il s'agit d'un navire quasi-jumeau du Kalliste, il est ici fait l'hypothèse que le remplacement aurait aussi dû intervenir avant la fin 2015, dans un souci de cohérence. Avec la nouvelle clause d'âge maximal de trente ans appréciée à tout moment de la convention, le renouvellement des navires peut être retardé si les délégataires en décident ainsi : celui du Monte d'Oro pourrait en théorie n'intervenir que d'ici 2021 et celui du Kalliste, en 2023, dernière année prévue de la nouvelle DSP.

De fait, cette nouvelle clause semble avoir effectivement un effet puisque La Méridionale aurait annoncé au journal en ligne Mer et Marine en juillet 2013 que le Kalliste ne serait pas remplacé en 2020 comme elle l'envisageait initialement, mais en 2023. Contrairement à la SNCM, La Méridionale, dont la dernière mise en service de navire remonte à décembre 2011 avec le Piana, ne procèderait donc à aucun renouvellement de flotte d'ici 10 ans !

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Notes :

[1] Ainsi, la compagnie norvégienne Fjord Line a-t-elle mis en service en 2013 le premier cruise ferry propulsé au gaz naturel liquéfié (GNL), le Stavangerfjord, actuellement en finition aux chantiers norvégiens de Bergen (sa coque avait préalablement été lancée en avril 2012 aux chantiers navals polonais de Gdansk). Ce navire a été suivi par d'autres navires alimentés au GNL : son jumeau, le Bergensfjord, ainsi que le Viking Grace, de la compagnie suédoise Viking Line, construit aux chantiers finlandais STX et livré également en 2013. En mer Baltique où naviguent ces navires, les teneurs maximales en soufre des carburants (qui incitent foirtement les armateur à recourir à des propoulsions plus propres, comme celles au gaz naturel) seront drastiquement abaissées dès 2015 (comme en Manche et en mer du Nord) ; en mer Méditerranée,  en revanche, ces nouvelles normes entreront normalement en vigueur en 2020.

[2] Le cahier des charges de la DSP 2007-2013 laissait aux compagnies délégataires un délai d'adaptation de deux ans maximum pour substituer des navires plus récents à ceux qui ont dépassé cette "limite d'âge" de 20 ans (m
ême si le sujet n'avait pas été évoqué dans les médias par la Méridionale, le Kalliste, construit en 1993 et quasi-jumeau du Paglia Orba de la SNCM, aurait dû également être remplacé au plus tard fin 2015 si cette clause était demeurée inchangée). Cette clause a toutefois été profondément revue dans le cadre du nouveau cahier des charges de service public maritime de la Corse, valable pour la période 2014-2023.

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