Une année d’animations

Introduction
Octobre 2002 Radio Alpilles
Novembre 2002 Colmar

Décembre 2002 Chevreuse 1

Février 2003 Chevreuse 2

Avril 2003 Bretagne

Mai 2003 Narbonne

Juin 2003 Grateloup

Dernière animation de l’année (scolaire): salon du livre de Grateloup, dans le Lot et Garonne, avec un petit détour par Agen.
Aaaaah… La manière dont on nous reçoit est si chaleureuse, le château-chambres d’hôtes où nous habitons si plaisant, que nous nous croyons déjà en vacances. Château, c’est une façon de parler: disons une grande maison de campagne, bâtie au 19ème siècle, sans machicoulis ni échauguettes.
Pour la course: **. Rien ne vaut un chemin de halage, mais je suis quand même content de traverser des champs de blé et de maïs. Tiens, ces feuilles… Du tabac, je crois. Je raconte dans Le roi de l’autostop comment j’ai travaillé dans un kibboutz au cours de vacances en Israël en 1962. J’ai participé à la cueillette du tabac. C’est-à-dire que des Druzes cueillaient le tabac et moi je portais les feuilles jusqu’à une remorque accrochée à un tracteur. Druzes? Des montagnards qui vivent en Israël, au Liban et en Syrie et qui ont leur propre religion. En tout cas ces Druzes cueillaient les feuilles à toute vitesse. Plus ils avançaient dans le champ, plus la distance à parcourir jusqu’à la remorque était grande et plus je devais courir vite avec ma brassée de feuilles.
Pour l’organisation: ***. Il y a même un piano dans le château, alors ça c’est absolument parfait. Et aussi des confitures maison, du confit de canard maison, du clafoutis aux cerises maison, etc maison.
N’empêche que j’aurais dû apporter mon short (un short long, très chic), parce qu’il fait vraiment trop chaud dans les classes et dans le gymnase où se tient le salon. Mes enfants: “Tu seras encore plus ridicule que d’habitude!” Je me suis laissé convaincre, je suis trop influençable.
Le détour par Agen, c’est parce qu’ils m’ont donné un prix. Très difficile de refuser une invitation quand toute une ville (ou au moins, une centaine d’élèves) me plébiscite: “Votre livre est arrivé largement en tête… 80% des voix. Le second a eu 12%.”
Ce qui ne va pas, c’est que les cent élèves sont tous venus m’applaudir et me demander quand l’envie d’écrire m’est venue. Comme il n’y a pas cent sièges dans la bibliothèque d’Agen, ils sont affalés sur la moquette.
– Rapprochez-vous. Je veux pouvoir vous regarder dans le blanc des yeux!
Ils se sont tous assis dans le fond de la salle. S’ils étaient assis sur des sièges, ils pourraient les glisser bruyamment pour se rapprocher. Là, il faut qu’ils se relèvent… Impossible. Juste après le déjeuner… Je passe au moins dix minutes à faire le berger qui rassemble son troupeau. Si j’avais un chien pour leur mordre les mollets, ça irait plus vite.
Ils appartiennent à des classes et à des écoles différentes. Une classe qui s’est mise devant avec sa prof de français a bien préparé la séance. Bravo! Les autres, bof. Eh, arrêtez de bavarder là-bas derrière! Les vingt élèves qui n’ont pas aimé mon livre, sans doute. Les profs ne m’aident pas beaucoup. En particulier, un prof tout au fond ne répond même pas quand je lui parle. Encore un qui n’aime pas la littérature pour la jeunesse.
Plus tard, une bibliothécaire me dit que ma manière de répondre à côté des questions a désarçonné les élèves. Je réponds peut-être mal quand je suis de mauvaise humeur. Il me semble aussi que mes réponses paradoxales suscitent des discussions fructueuses en petit comité. Face à un vaste auditoire, il faudrait rester très simple, mais alors cela devient ennuyeux.
Résolutions pour l’année prochaine:
Une classe à la fois.
Le prof a lu mon livre et accepte avec enthousiasme de m’inviter (ou de participer à l’invitation quand c’est le CDI ou la bibliothèque qui m’invite).
Les élèves ont acheté mon livre.
Ils préparent des questions portant sur le livre.
Ils posent les questions habituelles seulement si les réponses données dans ce site ne leur conviennent pas.

Petite cérémonie dans le gymnase de Grateloup. Les édiles prononcent des discours. Un conseiller municipal, régional ou quelque chosal déclare:
– Si les enfants commencent avec cette littérature conçue pour eux, ils passeront ensuite à la littérature proprement dite.
Vive la littérature salement dite!

Selon le châtelain, mes champs de tabac sont des champs de tournesol. Ben tout le monde peut se tromper. Je vais écrire une petite fable:

Le rat qui n’aimait pas la campagne.
Un beau jour le rat des villes
Dit: “Je me fais trop de bile,
De soucis et de mouron.
Pour m’aérer les poumons,
Me reposer, me détendre,
Chez Cousin je vais me rendre.
Dans les forêts, dans les prés,
Je pourrai me promener.”
Il part donc à la campagne.
Le rat des champs l’accompagne
Sous les haies, sur les chemins.
Mais bientôt, le citadin:
“Au secours, une araignée!
Qu’est-ce que c’est, l’herbe est mouillée?
J’ai marché, c’est dégoûtant,
Sur un cornichon gluant.”
“Cousin, c’est une limace!
Attends, que je la ramasse.
En rôti, c’est délicieux.”
“Cousin, merci, j’aime mieux
Un hamburger et des frites.
Je repars là où j’habite!”