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Après
avoir vu dans les deux premières parties les raisons qui ont
amené à l'annexion ou l'union du Monténégro
à la Serbie, à la fin du premier conflit mondial, j'essayerai
de voir dans quelles conditions s'est effectué ce rattachement
à la Serbie puis au royaume des Serbes, Croates et Slovènes.
En effet, si la Serbie prend comme référence le vote
du 26 novembre 1918, et la réception par le prince-régent
Alexandre de la délégation de la Grande Skoupchtina
le 19 décembre de la même année, pour enregistrer
la réunion des deux pays, il n'en sera pas de même pour
les autres pays Alliés. Le problème de la reconnaissance
de cette union par les puissances s'éternisera pendant les
deux années qui suivirent la fin du conflit. Et même
au-delà, si l'on se place du point de vue de la politique intérieure
yougoslave. Ces deux années qui suivirent la libération
du Monténégro de l'occupation autrichienne furent marquées
par la volonté de la Serbie puis du royaume S.H.S., de légitimer
sur le plan international, l'occupation puis l'annexion de fait, par
ces derniers du territoire monténégrin. En effet si
l'administration serbe avait succédé à l'occupation
Alliée, le sort du Monténégro n'en était
nullement réglé; les puissances reconnaissaient toujours
le roi Nicolas comme souverain du Monténégro. Ce dernier
ainsi que ses partisans mirent à profit cette ambiguïté
diplomatique pour résister à cette annexion, tant sur
le plan diplomatique que sur le plan intérieur en fomentant
un mouvement insurrectionnel au Monténégro, opposant
les Verts et les Blancs. Ces tentatives furent réduites à
néant par la reconnaissance de cette union par les puissances,
au lendemain des élections de la Constituante de Belgrade le
28 novembre 1920. Pourtant le sort du Monténégro, à
travers cette reconnaissance tardive et quelque peu ambiguë (les
élections ne furent qu'un prétexte utile pour se débarrasser
d'un problème encombrant), n'en était pas moins toujours
en suspend sur le plan international, comme le prouveront les multiples
démarches effectuées par les gouvernements monténégrins
en exil auprès notamment de la Société des Nations.
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