Les épicées

Elle est la dernière des sept familles olfactives identifiées par les experts pour établir une classification rigoureuse des senteurs.
Il n'existe cependant pas de parfum élaboré à partir de cette seule famille.
En effet, les fragrances de ce genre (généralement masculines) mêlent les épices aux agrumes aux fleurs ou aux notes boisées.

De mémoire de « nez », il n'a jamais existé qu'un seul parfum élaboré à partir des épices seules.
Baptisé Pepe Verde (poivre vert), il fut créé dans la seconde moitié des années quatre-vingt par un parfumeur italien, mais ne rencontra qu'un succès mitigé auprès des hommes et fut rapidement retiré de la vente, ses utilisateurs ne le trouvant pas suffisamment « stimulant ».

On peut donc affirmer que la famille épicée, très en vogue aujourd'hui auprès des parfumeurs (notamment américains), n'existe pas à proprement parler.

Autrement dit, on dénombre aujourd'hui sept familles olfactives mondialement reconnues, auxquelles sont venus s'ajouter plusieurs sous-ensembles, parmi lesquels celui des senteurs épicées.

Ces senteurs sont toujours associées à d'autres arômes, même si elles constituent la base principale d'une formule olfactive.

On trouve ainsi des parfums fleuris-épicés, ambrés-épicés, ou encore aux agrumes et aux épices.
On peut alors se demander pourquoi certains experts ont jugé utile de créer une nouvelle famille (ou sous-famille).

C'est une question de mode, car rien n'est plus tributaire de la mode qu'une senteur.

En effet, les spécialistes ont constaté que, en matière de parfum, les goûts changent environ tous les dix à vingt ans.

Les senteurs très en vogue au début du siècle - eau de lavande pure, concentré de violette, essence de rose, etc. - ne font plus recette sans l'addition d'autres arômes : la lavande est aujourd'hui associée au genêt ou à la fève tonka, tandis que la violette se décline avec la rose et l'iris.

Depuis une trentaine d'années, la mode est aux senteurs épicées, très appréciées par les hommes et par certaines femmes en quête d'une fragrance fraîche et pétillante.

On sait aujourd'hui transformer toutes les épices en huiles essentielles, des plus courantes, bien connues des cuisinières - poivre, marjolaine, noix muscade, clou de girofle, etc. -, aux plus exotiques cardamome, coriandre, curcuma, etc.

Les grands parfums épices masculins sont légion : parmi ceux-ci, citons le fameux Vétiver de Guerlain (1959), Gentleman de Givenchy (1974), Balenciaga pour Homme de Balenciaga (1990) et Fendi Uomo de Fendi (1990).

Une mention spéciale à Pour un Homme, créé en 1934 par Ernest Daltroff pour la maison Caron, non seulement premier parfum épicé masculin de l'histoire mais aussi premier parfum masculin « moderne ».

On sait en effet que, pendant des siècles, les hommes ne se sont pas parfumes à la manière dont nous l'entendons aujourd'hui : seuls les comédiens et les artistes le faisaient, et ils utilisaient alors des senteurs féminines qui leur conféraient un « certain genre ».
En revanche, les gentlemen se contentaient de déposer quelques gouttes d'eau de lavande ou d'eau de Cologne sur un mouchoir, qu'ils glissaient dans leur poche pour dissiper les effluves persistants du tabac.

Daltroff eut alors l'idée d'ajouter à l'arôme classique de la lavande quelques notes de vanille, de fève tonka, de poivre et de cannelle. Le résultat fut très satisfaisant : le premier parfum masculin était né, et il remporta immédiatement un vif succès auprès des connaisseurs. Pour un Homme est une senteur moins appréciée qu'autrefois, mais elle conserve toute son excellence.
Elle est à l'origine des centaines de fragrances masculines créées depuis et directement inspirées de sa formule.

Parmi les parfums épicés masculins susceptibles de plaire aux femmes et les fragrances unisexes à base d'épices, citons Eau sauvage de Christian Dior (1966), Ô de Lancôme (1969) , Eau de Rochas de Rochas (1970), Ho Hong de Balenciaga (1979), Colors de Benetton (1988), Égoïste de Chanel (1990) et New West for Her d'Aramis (1991).